Vous êtes né(e) après 1980. Vous « savez » qu’il existe un martiniquais célèbre qui s’appelle Frantz Fanon qui est mort en 1961 à l’âge de 36 ans. Un lycée,un centre culturel, des rues, des avenues portent son nom à la Martinique
Les grands hommes, tels Martin Luther KING, font des rêves, de beaux et grands rêves qui parfois changent le cours de l'Histoire. Le commun des mortels__c'est-à-dire nous autres__est plutôt abonné à ces mauvais rêves que l'on appelle "cauchemars" en français et "vié-rev" en créole. En ces temps de fièvre électorale, ces derniers ont tendance à se multiplier et à devenir si effrayants qu'on en perd le sommeil la nuit. Ou qu'on a envie d'émigrer sans regarder derrière soi. De partir loin, très loin, de cette île, cette Martinique, que son plus éminent poète, sans doute dans un accès de désespoir, avait qualifiée de"version absurdemment ratée du paradis".
Jour après jour, cette campagne des législatives nous apporte son lot de loufoqueries, d'étrangetés et autres déclarations ou positionnements biscornus, au point que les humoristes martiniquais se retrouvent au chômage, contraints d'aller pointer à Pôle Emploi où, là, ça ne rigole pas du tout-du tout. Le Bankoulélé politique actuel fait beaucoup plus recette que le Bankoulélé habituel et il semblerait que personne n'y retrouve ses petits. "Il ne faut pas prendre les canards sauvages pour les enfants du Bon Dieu !" avait coutume de dire, énigmatiquement, le Grand Charles de Colombey-les-deux-églises. On pourrait en dire tout autant s'agissant de l'île aux fleurs fanées en ce temps de fièvre électorale : ne pas confondre les mannikou avec les authentiques défenseurs du pays.
La Droite se sent repousser des ailes depuis quelque temps dans l'île aux fleurs fanées où l'air a, non pas "des odeurs de sucre et de vanille", comme l'écrivait au siècle dernier le poète doudouiste Daniel THALY, mais, hélas, des senteurs de brumes de sable mêlées à des particules fines désastreuses pour les bronches et les poumons. En effet, encore toute excitée (et étonnée) d'être revenue (partiellement) aux affaires suite à un enchaînement de circonstances dont le tout premier fut la gestion désastreuse de l'ex-Conseil régional par le PPM/EPMN, nos bons vieux assimilationnistes, relookées en hommes d'affaire pressés ou en jeunes hommes cravatés, usent de toutes les techniques modernes de com' afin de séduire l'électeur. Cela va des vidéos aux pages Facebook, des messages-Twitter au flux continu Whatsap, toutes choses dont on peut supposer qu'elles fonctionnent dans les circonscriptions du Sud et de Fort-de-France, ultra-connectées, un peu moins dans celle du Centre et très peu, voire pas du tout dans celle du Nord.
Des histoires à dormir debout, on en entend tout-partout en cette période électorale : dans les meetings, sur les radios, à la télé etc...et certains politiciens rivalisent de krik-krak mistikrak ! avec les plus grands de nos vieux conteurs d'antan. L'un de ceux qui est passé maître dans l'art de l'imposture n'est autre que Philippe-Ceregmia M., candidat sur la circonscription du Centre qui n'a pas hésité à déclarer, sur les ondes de RLDM, que :
. il a le soutien d'Alfred MARIE-JEANNE, alias "CHABEN".
. que c'est lui qui reprend "le flambeau" de CHABEN Sur la circonscription du Centre.
L'absentéisme parlementaire est une vieille rengaine de l'Assemblée nationale française au point que cette dernière en est venue à fixer des amendes pour les mauvais élèves, sé tala ki ka matébis la, comme on dit en créole. Mieux chaque année, un classement établi la liste des présents et des absents sur les 577 députés français (et donc ultramarins compris). Il faut préciser qu'un député, quel que soit l'endroit où il habite, ne dépense strictement rien pour aller de sa circonscription au Palais Bourbon. C'est nous, les citoyens ou plus exactement les contribuables, qui assurerons leur transport gratuit en 1è classe de TGV s'ils sont de l'Hexagone et en 1è classe d'avion s'ils sont de l'Outremer. Il n'a donc aucunement l'excuse de la cherté des déplacements.
Dans un journal de la Martinique, on a pu lire récemment l'interview d'un Béké médiatique qui déclarait ceci :
"Il y a un pays qui en la matière me fait rêver : c'est Singapour. Voilà un pays deux fois plus petit que nous, un peu plus de 600km2, dix fois plus peuplé que nous. Aucune décision n'est prise sans que le conseil économique n'ait été préalablement consulté. Le gouvernement va consulter les chefs d'entreprises avant toute décision économiquement définitive. Combien de décisions ont été soumises aux chefs d'entreprise martiniquais ?"
C'est bien connu, les leaders politiques n'aiment pas trop, quel que soit le pays, l'origine ethnique, la langue ou la religion, que leurs partisans leur fassent de l'ombre. Il s'agit là d'un mal universel mais qui, sur un tout petit territoire, peut avoir des conséquences incalculables. Dans les grands pays, lesdits leaders procèdent à des purges, des procès à grand spectacle ou alors leur police se livre à des enlèvements, voire des assassinats afin d'éliminer, non seulement leurs opposants, mais également ceux qui, au sein de leurs propres partisans, commencent à prendre trop d'importance.
Jetez un œil au montage-photo qui illustre le présent article : sur la partie gauche, on voit Donald TRUMP et madame, Yvana donc, en visite officielle au Vatican et prenant la pose aux côtés du Pape FRANCOIS ; sur la partie droite, on voit la même Yvana lors d'une visite officielle de son cher mari en Arabie Saoudite, autrement dit au Vatican de l'Islam (c'est là que se trouve la ville sainte de La Mecque vers laquelle se tournent tous les musulmans de la planète quand ils prient).
Gadé foto-a ki ka ilistré artik-tala ! Nou ka wè met-a-manyok(président) Kolektivité Matinik ka pwan an dousin chouval-bwa. Sé pa primié fwa sa ka rivé'y. Chak lanné, i ka fè'y nan lépok 22 mé ek pèsonn pa ka wè ayen ki mové adan sa. Okontrè, tout moun kontan wè lanmanniè an gran-nonm ki ni pasé 80 lanné anlè tet-li vidjò (vigoureux/vigorous) pis fok ou kouyon kité kouyon ka alé pou konfonn laj léta-sivil épi laj artè an moun. Fout Frantz FANON, MONA, Vincent PLACOLY oben Hugo CHAVEZ té ké enmen ni artè kon Alfred MARIE-JEANNE, yo ki monté nan Galilé(décéder/to die) two bonnè !
Depuis que la Droite martiniquaise, mise à l'écart des responsabilités pendant les deux dernières décennies, est (partiellement) revenue aux affaires à la faveur du pacte de gestion signé en décembre 2015 entre le "GRAN SANBLE" (coalition de partis indépendantistes, autonomistes et écologistes menée par le MIM) et "BA PEYI-A AN CHANS" (rassemblement de divers courants de la Droite), on voit resurgir les vieux discours assimilationnistes d'antan que l'on croyait morts et enterrés. Tel candidat aux prochaines législatives va ainsi s'écrier dans un meeting que tous les pays de la Caraïbe sont pauvres et que d'ailleurs, c'est pour cela que leurs ressortissants viennent se faire soigner en Martinique. Tel blogueur de Droite écrira froidement, pour critiquer un article présentant l'île Maurice, les Seychelles et Barbade comme des modèles possibles pour la Martinique, que "ces pays ne vivent que du tourisme, tourisme que d'ailleurs nos indépendantistes ont toujours rejeté".
Annou gadé sé dé foto-a ki ka ilistré artik-tala ek annou fè an ti siparézon(comparaison/comparison) ! Asou primié foto-a, nou ka wè an étjip foutbal mapipi(champion) ki sé REAL MADRID. Sé jwè-a ka lévé-pòté anlè antrénè-yo, Zinedine ZIDANE, an gran foutbalè fwansé ki genyen Lakoup di Mond épi dé boug kon Lilyan THURAM. Sé jwè REAL MADRID la kontan, yo fiè,davwè(parce que/because) yo fini genyen chanpiona péyi-yo kidonk chanpiona l'Espay. Sa toutafetman nowmal ki yo gloriyé(célébrer/to celebrate) antrénè-yo pis sé li ki, pannan tout lanné-a, akonpayé yo, montré yo ki taktik pou fè douvan tel étjip, ki riba tel jwè konfians an kò'y kisasayésa(etc.).
La Martinique est en train de toucher le fond, comme par hasard à la veille d'élections législatives qui risquent d'être déterminantes pour son avenir politique puisque le dernier de ses grands leaders, Alfred MARIE-JEANNE, ne se représentera pas. C'est en quelque sorte un passage de témoin générationnel qui est en train de se produire sous nos yeux et on aurait espéré qu'à cette occasion, ce seraient les problèmes de fond affectant notre pays qui seraient à l'ordre du jour : chômage massif des jeunes, destruction méthodique du foncier agricole, vieillissement accéléré de la population, empoisonnement au chlordécone, perte de compétitivité des entreprises et faillites en cascade, violence et drogues en tous genres...
Apparemment personne ne se rend compte que commémorer un événement annuellement est une pratique purement occidentale qui s'est imposée dans les pays du Sud (on disait autrefois le "Tiers-monde") les plus fragiles culturellement et c'est le cas de la Martinique. Par contre, en Inde, il est courant que des grands pèlerinages se fassent tous les sept ans et au Japon, certains temples de la religion shintoïste sont entièrement détruits tous les vingt ans pour être reconstruits à l'identique. On peut multiplier les exemples à travers le monde qui montrent qu'hommages, commémorations, pèlerinages et autres célébrations de la mémoire collective ne suivent pas forcément le rythme annuel qui nous paraît si naturel.
Atè Matinik, pli piti ti réinion moun ka fè, toujou ka ni an latilié(profusion) owdinatè sé partisipan-an ka mété déwò. Chak moun-lan asiz dèyè owdinatè powtab li ki gran wouvè ek moun-lan ka pwan an poz grangrek(intellectuel/intellectual), ka kouté sa lézot ka di toupannan i ka pianoté anlè klavié'y. Neg Matinik konpwann davwè(parce que/because) yo séré dèyè aparey-tala, sa ka ba yo tjek pòtalans(importance), yo ka santi kò-yo modèn, alapaj, sipériè pasé lézot. Kifè adan sé réinion-an, sé tala ki ni yenki an fey papié blan épi an pwennbik anba lanmen-yo, ka santi kò-yo kouyon, moudong(arriéré/backward) menm, ek yo pa noz djè wouvè bouch-yo oben dékontwolé(contredire/to kontradict) sa sé tala ki ni owdinatè-a ka di sitelman sé mésié ka fè ganm.
Lè, nan mwa désanm 2015, Jean-Guy TALAMONI vini met-a-manyok(président) Kolektivité Téritorial Kows la, an menm tan ki Alfred MARIE-JEANNE té vini ta Matinik, anlo politisien, jounalis ek grangrek (intellectuel) fwansé té vréyé bon labou davwè i fè déklarasion'y, jou envestiti-a, an lang kows (aloski MARIE-JEANNE fè'y an lang fwansé). Asou sé chenn télé kows la, déklarasion-an té sou-titré an fwansé ! TALAMONI rété i fè lo moun-tala an répons ki nawflaw (impeccable/ ) :
Jòdi-a, 17 mé, sé an jounen toutwonlatè(international) pou sa goumen kont rayisans(haine/hate) ki ka woulé kont moun ki makoumè, ki zanmiyez(lesbienne/lesbian) oben ki mofwazé(changer/to change)nati(sex/sex) yo. Menm si anlo moun ka rifizé rikonnet li, yo ka pwan bon fè adan pres tout péyi asou latè, sof adan yonndé ki, pou laplipa, sé péyi ki oksidantal. Makonmè, zanmiyez ek bokantè-nati(transgenre/transgender) ka sibi méprizasion dépi nanni-nannan, dépi limanité ek lasosiété ka ekzisté, men sé pa sa selman : délè oben adan dé serten péyi, yo ka lenndé yo kou (rouer de/to thrash) ek menm, déparfwa, tjwé yo. Akondi sé moun-tala sé zannimo toubannman ! Pres tout rilijion ka rijété yo, ka kondané yo, davwè(parce que/because) yo ka prétann ki Bondié mété nonm asou latè pou viv épi fanm, pa pou viv épi an lot nonm. Bondié pa lé non pli ki fanm viv épi fanm.
Après avoir soufflé sur le Carbet vendredi 12 mai au soir, lors du meeting de Louis BOUTRIN (MARTINIQUE-ECOLOGIE) et de sa colistière Rosalie ELISABETH (MARTINIQUE-ECOLOGIE) à la Paillote du Carbet, puis le lendemain samedi au Lamentin, lors de la présentation du candidat Fabrice DUNON (La Relève lamentinoise) et sa colistière Marie-Hélène LEOTIN (CNCP), ce fut au tour, ce dimanche 14 mai, de Francis CAROLE (PALIMA) de bénéficier de Lespri Gran Sanblé au siège du COPES, route de Moutte, à Fort-de-France.
Mwa mé sé mwa éti nou ka gloriyé(célébrer/to celebrate) zanset-nou davwè yo pété chenn-yo lè 22 mé 1848 avan dékré labolision ladjoukann(esclavage/slavery) té ni tan rivé atè Matinik. Men ni an bagay fok pa nou janmen bliyé ek ki an bidimmatjè(évrivain/writer), Edouard GLISSANT, espitjé nou, sé ki si sa vré ki Neg-mawon té ka fouté sistenm esklavajis la bon fè, sé Neg-la ki té ka djoubaké(travailler/to work) adan bitasion-an pa té manchot non pli. Anni jété an zié anlè sé archiv ek sé liv an tan lontan-an, nou ka rimatjé an bagay lamenm : sé met bétjé-a pa té ka viv trantjil, yo pa té ka viv alez kon Blez si lafalez kon nou sé pé kwè a. Dabò-pou-yonn, yo té ni lakakarel(peur bleue/scared) ki sé djouk-la té pwézonnen yo, bagay ki té ka woulé alé-pou-viré adan tout bannzil(archipel/archipelago) karayib la. Neg bitasion té ka pwézonnen zannimo, pwézonnen Neg tret, pwézonnen Bétjé ek lè zot wè lajistis té pongné(attraper/to arrest) yo, yo té ka kondané yo a mò. Oben Neg-bitasion té ka fouté difé andan sé pieskann-lan lannuit.
Lecteur non-martiniquais, vous avez bien lu le titre de l'article que vous êtes en train de lire : il ne s'agit pas de 3.000 (trois mille), mais bien de 30.000 (trente-mille). Sur une population de 380.000 personnes et si l'on exclut enfants et mineurs, cela fait quasiment un Martiniquais adulte sur 5 !!! Comment a-t-on pu en arriver à pareille aberration ? Comment tant de gens issus d'une population majoritairement non-blanche a-t-elle pu mettre un bulletin dans l'urne pour une raciste et une xénophobe telle que le leader du Front National ? Pourquoi des personnes qui avaient envahi l'aéroport du Lamentin afin d'empêcher l'avion de Jean-Marie LE PEN d'atterrir, il y a une quinzaine d'années de cela, peuvent-elles aujourd'hui pencher du côté de sa fille ?
