Depuis quelques jours, la Toile martiniquaise se gausse du mauvais anglais d'une élue qui représentait la CTM au Salon International du Tourisme, à Berlin, en Allemagne. Un site-web a même poussé la mesquinerie jusqu'à juxtaposer la vidéo de ladite élue et celle de la responsable du tourisme dans l'ex-Conseil régional pour montrer à quel point cette dernière maîtrisait bien l'anglais, sans avoir l'honnêteté de préciser qu'elle travaille au sein d'une agence de voyages. Anglais d'ailleurs même pas parfait et comportant diverses fautes de prononciation telles que "focus" qui ne se prononce pas "foqusse", mais "foqueusse".
Bref, il semblerait que la Martinique soit atteinte d'une sorte de purisme linguistique qui confine au délire : "La Martinique va souffert", "Mon cœur bat vite, il va péter !", sans compter le désormais célèbre "Aller in the come-back two hundred dollars" d'un chauffeur de taxi à l'attention d'un groupe de touristes qui, sur le quai d'appontement des navires de croisière, demandait des renseignements sur une excursion. Du "français-banane" à l'anglais-banane", tout le monde se tient les côtes.
Dans un premier temps, tout cela est effectivement amusant et il n'est pas très logique que quelqu'un qui ne maîtrise pas l'anglais s'occupe de tourisme, mais en faire sans cesse des gorges chaudes interpelle. En effet, nous massacrons tous les jours notre propre langue, le créole, en toute impunité et cela sans que cela choque personne. Passe encore que ça soit dans les conversations quotidiennes, mais que dire de ces politiciens, syndicalistes, journalistes, intellos ou responsables de sites-web qui à la radio, à la télé et sur les sites, massacrent notre "zépon natirel" quasiment à la tronçonneuse ? Qui le transforment en un charabia insupportable pour mieux faire passer leurs discours démagogiques. Sans compter tout ceux qui se vantent de ne pas savoir écrire le créole alors même que des étrangers viennent parfois de très loin pour l'apprendre...
Donc, si l'on comprend bien, cela ne pose aucun problème de "dépotjolé" nuit et jour sa propre langue ou du moins celle que nos ancêtres nous ont léguée, mais à la moindre petite faute dans la langue du Blanc (français, anglais etc.), tout le monde monte au créneau, s'insurge, ricane, dénigre, en bons petits Négros qui n'ont de respect que pour ce qui appartient à leur maître ou qui en émane. Le "créole-banane" ne les choque pas ! Le "français-banane" et "l'anglais-banane", oui...
Tjip ! comme disait mon grand-père au fin fond de sa campagne du Lorrain. Ay fè dé gwo lous pété an nen-zot ! Comme je suis moins poli que lui, je renchéris : Ay koké marenn-zot !...
Commentaires