La nouvelle de l'incarcération de l'écrivain-universitaire Raphaël Confiant a fait le buzz en Martinique et même au-delà. Un méga-buzz ! Une profonde émotion doublée d'une véritable jubilation : enfin, ce mafieux dort désormais en prison malgré ses puissantes protections maçonniques. Des centaines de mails, des milliers de textos ont circulé pour annoncer la bonne nouvelle car le bon peuple commençait à douter de la justice et à désespérer. Sa mise en examen pour "détournements de fonds publics en bande organisée" par le Procureur de la République à Fort-de-France date, en effet, de bientôt deux ans et on ne voyait rien d'autre venir. On redoutait qu'il réussisse à passer à travers les mailles du filet. C'était sans compter sur l'opiniâtreté de trois honnêtes citoyens, Fred Célimène, Camille Chauvet et Romain Cruse qui n'ont eu de cesse de dénoncer jour après jour les tortueuses malversations financières de l'écrivain-universitaire. Il dort en prison à Ducos certes mais reste à retrouver les 10 millions d'euros qu'il a sournoisement dérobés dans les caisses de l'Université des Antilles. Nous poursuivons, par magnanimité, la publication de son "Journal de prison"...
Le maton qui nous a à l'œil dans le couloir où se trouve ma cellule est furax : il est obligé depuis trois jours de me porter une tonne de courriers alors qu'il traîne la patte, séquelle, je suppose, du chikungunya qui a ravagé notre île l'an passé. Ben oui, quoi ! Mon incarcération, quoique préventive, a soulevé une vive émotion non seulement parmi mes pairs de Ravine Touza, mais aussi et surtout dans toute la population. Moi qui ai toujours pratiqué le vivons heureux, vivons cachés (le"trafiquons cachés..." plutôt pour être pour une fois honnête), qui ne montre jamais ma tronche à la télé ni ne parle à la radio, qui ne signe aucun article dans la presse, qui signe rarement moi-même les documents concernant mon labo de recherches, le MIACEREG, me voici livré en pleine lumière à l'attention du plus grand nombre ! Hé merde ! Tout ça à cause d'une bande d'incompétents, menés par une Résidente, qui jalousent les cons pétants de mon équipe parce qu'on est et qu'on a toujours été les meilleurs en matière de pompage du fric européen.
Bon, ça me fait plaisir tout de même de recevoir toutes ces cartes postales. Maître Féfé du Morne-Vert se dit prêt à me fournir en "yanm-chacha", Man Ilmanise du Vauclin (tiens, mon lieu natal !) en langoustes non-chlordéconées, sinon y'a des tas de femmes en quête du petit job de visiteuse de prison qui espèrent qu'au lendemain de ma libération je les aiderai à trouver ce point G qu'elles cherchent en vain depuis des lustres. Et surtout à partager les 10 millions d'euros (je suis tout de même pas né de la dernière inondation !). Chacun sait, en effet, que je ne suis pas misogyne et que j'ai toujours montré le plus grand respect envers la gent féminine. Sauf que là, dans cette prison de merde, y'a de l'abus !
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