Les murs du somptueux palais de l’Alhambra, à Grenade, en frémissent encore de plaisir, après avoir résonné d’un appel à la prière qui ne les avait plus fait vibrer depuis près de cinq siècles…
C’est à Mouaz Al Nass, un musicien saoudien d’origine syrienne, qu’ils doivent cet intermède mélodieux qui a rompu un long silence, sous les yeux médusés des nombreux touristes qui se pressaient aux portes de l’un des monuments majeurs de l’architecture islamique en Espagne.
Né à Jeddah, ce fin connaisseur de la musique islamique, titulaire d’un diplôme en management des systèmes d’information obtenu au sein d’une université syrienne, sans doute inspiré par l’histoire et la beauté des lieux, n’a pu résister à la tentation de faire retentir l’Adhan dans une enceinte construite au XIVème siècle par la dynastie arabe des Nasrides, qui régnait alors sur l’Andalousie.
Filmé en train d’appeler à la prière dans ce prestigieux ensemble fortifié qui témoigne de la présence musulmane du VIIIème au XVème siècle, Mouaz Al Nass a fait un énorme buzz sur la Toile. Mais il ne fallait pas être grand clerc pour prévoir que sa prestation vocale serait diversement appréciée par les internautes, scindés en deux camps irréconciliables : les pour et les contre, en d’autres termes, ceux qui ont applaudi des deux mains et ceux qui ont eu la dent dure…
Si les premiers ont été sensibles à la démarche spontanée, courageuse et à la musicalité de ce muezzin d’un jour, comprenant parfaitement ce qu’il a ressenti au fond de lui, à savoir « que l’appel d’Allah avait manqué aux murs du palais », les seconds sont au contraire restés sourds à son talent vocal et à son explication, aussi sincère soit-elle, désapprouvant ce qu’ils estiment être une provocation dans le sillage des récents attentats de Barcelone.
Toujours est-il que la vidéo de Mouaz Al Nass continue d’enregistrer une audience record, totalisant plus de 1 million de vues et plus de 31 000 partages depuis le 7 septembre.