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« Voyage dans les ténèbres » de Jean RHYS

Marie-Noëlle Recoque Desfontaines
« Voyage dans les ténèbres » de Jean RHYS

   Anna Morgan est une jeune orpheline blanche, originaire d’une petite île des Antilles. Contrainte à l’exil par un revers de fortune, elle tente de survivre en Angleterre. Déracinée, sans le sou, dépourvue d’esprit combatif, notre héroïne vit d’expédients. C’est ainsi qu’elle est amenée à évoluer dans un milieu interlope et à se faire entretenir par des hommes dans la compagnie desquels elle cherche, vainement, la preuve de la réalité de sa propre existence. Anna se meut dans la vie comme un zombi. Même les miroirs, sur lesquels elle se penche souvent,  lui renvoient invariablement une image inquiétante d’elle-même, un reflet déconcertant, comme si elle regardait « quelqu’un d’autre ».  

   Au regard de la biographie de l’auteur, force est de constater que Jean Rhys et Anna Morgan ont bien des points communs. En effet Jean Rhys est née d’une mère blanche créole à la Dominique. Elle a quitté son île à l’âge de seize ans et comme l’héroïne en perdition de son roman, elle n’est guère parvenue à s’adapter à l’Europe. Ce qui retient l’attention dans le roman, c’est l’évocation fouillée et précise du pays natal de l’auteur qui revient comme un leitmotiv en contrepoint des tribulations vécues par son personnage en Angleterre. La nostalgie et le souvenir obsédant de l’île natale sont d’une grande authenticité. L’origine d’Anna Morgan lui colle à la peau. Les Anglais l’appellent « l’Hottentote » quand on ne lui reproche pas son extrême frilosité ou son accent chantant « tout à fait celui d’une négresse ». A un Anglais indifférent, incapable de comprendre l’extrême complexité de sa personnalité, due en grande partie à ses origines, Anna Morgan dira qu’enfant, elle répétait sans cesse qu’elle était « une vraie Antillaise». Jean Rhys, quant à elle, disait : « J’ai peut-être du sang noir. Mon arrière-grand-mère, la Cubaine /…/ je crois bien qu’elle avait du sang noir. »

   Le 14 mai 1979, au terme d’une vie d’errance et de solitude qu’elle qualifia elle-même de « turbulente » et d’ « ennuyeuse », mourait l’écrivaine Jean RHYS, blanche créole née en 1890, à la DOMINIQUE, où elle vécut jusqu’à l’âge de 16 ans, Jean RHYS  connut en Europe les affres du déracinement et souffrit toute son existence d’un terrible sentiment d’exclusion. De 1928 à 1939, elle écrivit cinq romans en grande partie autobiographiques, avant de disparaître purement et simplement de la scène littéraire. Ses ouvrages jugés « sordides et déprimants » s’épuisèrent ; ils ne furent pas réédités. C’est en 1966, alors qu’on la croyait morte, que Jean Rhys publia « La Prisonnière des Sargasses ». Dans ce roman Jean Rhys brosse le portrait d'un personnage à peine esquissé dans le "Jane Eyre" de Charlotte Bronté: l'épouse créole aliénée de Rochester, cachée, prisonnière dans une pièce du château. Elle imagine son enfance sur une plantation aux Antilles à une époque où le système esclavagiste s'effondre. Ce roman, qui lui  coûta huit années de labeur, lui valut un succès tardif.  

                                  Marie-Noëlle RECOQUE DESFONTAINES

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