L’un des défis auxquels sont confrontés aujourd’hui les territoires de la Caraïbe est à la fois identitaire et politique. Seule en effet une réappropriation de la mémoire et de l’identité pourrait permettre une re-connaissance régionale qui renverserait les « frontières impériales » imposées par les puissances coloniales au fil des siècles, et qui font qu’aujourd’hui un Martiniquais se sent plus proche de la France que d’Haïti, pour ne pas parler de l’Amérique Centrale. Or, cette réflexion identitaire a été menée, et continue de l’être, de façon dynamique, aux Antilles françaises.
Après trois siècles d’aliénation et de silence sous le joug colonial, la seconde moitié du XXème siècle a été marquée, à la Martinique et à la Guadeloupe, par une succession de manifestes poétiques engagés dans une dénonciation de la domination coloniale, fondée sur le système esclavagiste et ses avatars modernes, dans une reconquête de la mémoire historique et, surtout, dans une quête de l’identité antillaise.
Cet ensemble de textes, portant tout à la fois sur des questions d’esthétique, de littérature, mais aussi de mise en perspective culturelle, identitaire et politique, a fécondé un corpus romanesque et poétique très riche de ces interrogations vitales sur l’identité et le devenir antillais. De Césaire à Confiant, la question s’est donc posée du rapport entre le poétique et le politique.
Au-delà des polémiques, parfois virulentes, que ces débats ont suscitées, c’est d’un modeste bilan de la mise en perspective des étapes et éléments constitutifs de ce phénomène littéraire que je souhaiterais tirer quelques pistes de réflexion dans cette contribution, pour tenter d’évaluer l’impact de ce processus, fondé sur un exceptionnel enchaînement d’œuvres littéraires prenant position, dénonçant les formes de la domination coloniale et les aliénations identitaires qu’elle engendre.
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