Un colloque international pour étudier la musique de Kassav’, c’est ce qui vient de se dérouler en Martinique cette semaine, les 19 et 20 juin 2019. Sur le thème : ‘’Le Zouk : trajectoires, imaginaires et perspectives’’. Plusieurs chercheurs du monde entier se sont retrouvés pour plancher sur le travail qui a permis à ce groupe d’impacter le monde et d’aller de succès en succès depuis 40 ans. Des tournées dans plus de 70 pays dans le monde, des disques d’or, de nombreuses récompenses. « Kassav’ est un ciment intergénérationnel », disait Corinne Mencé-Caster, agrégée d’espagnol, docteur en sciences du langage et professeure des universités à Paris IV-Sorbonne et qui a intervenu en tant que linguiste au cours du colloque. En attendant les résultats de cette étude, retour sur la vie de ce groupe légendaire.
Créer ou inventer un genre musical n’est pas chose évidente. Et même une fois créé, le plus dur reste de le faire émerger et le faire durer. A la fin des années 70, la biguine, le kompa étaient en perte de vitesse. En dépit du travail remarquable des musiciens comme Ralph Thamar, Coupé Cloué, les rythmes des Antilles ne ratissaient pas (très) large au niveau international. Heureusement, la rencontre entre trois hommes, en 1979, va changer la donne : Pierre-Edouard Decimus, Jacob Desvarieux et Freddy Marshall décident de créer un groupe qui s’appellera finalement Kassav’ (Galette à base de manioc).
Ils expérimentent un genre musical nouveau qui puise dans plusieurs musiques traditionnelles : biguine, kompa, kadans, merengue latine, jazz, rock, funk, salsa, calypso. Les débuts sont d’abord timides, et la musique très influencée funk, jazz, rock. A l’image de leurs premières chansons dont ‘’Lagué moin’’, ‘’Love and ka dance’’ (1980). Mais ensuite, Kassav’ améliore ce cocktail de musiques. Il se renforce avec l’arrivée de Jean-Claude Naimro (Claviers), Jean-Philippe Marthély (Chant), Patrick Saint-Eloi (Chant). Le groupe constitue son ossature légendaire dès 1983.