"Nous tenons énormément à notre autonomie, nous n’avons pas quitté la tutelle de l’État pour celle des collectivités", note Jean-Loup Salzmann, président de la CPU, lors des assises des collectivités pour l’enseignement supérieur et la recherche, mercredi 8 avril 2015 à Paris (1). Catherine Vautrin, présidente de l’Avuf, lui répond que "personne ne veut remettre en cause cette indépendance. Il y a une forte volonté de toutes les collectivités pour travailler ensemble sur un même territoire". Isabelle Pellerin, vice-présidente de Rennes Métropole, présente son schéma de développement universitaire, tandis que Simone Bonnafous, Dgesip, note une amélioration du patrimoine universitaire même si ce n’est "pas suffisant". Khaled Bouabdallah, président de l’université de Lyon, rappelle que dans sa région, les collectivités font confiance à la Comue pour piloter le CPER.
"Les relations avec les collectivités vont en s’intensifiant", estime Jean-Loup Salzmann, président de la CPU, lors des assises des collectivités pour l’enseignement supérieur et la recherche, mercredi 8 avril 2015 à Paris. "Les groupements d’universités ont permis de créer des acteurs de référence des régions, poursuit-il. Ils sont les interlocuteurs centraux d’un territoire, facilitent les discussions avec les collectivités. Mais nous tenons énormément à notre autonomie, nous n’avons pas quitté la tutelle de l’État pour tomber sous celle des collectivités." Catherine Vautrin, présidente de l’Avuf, réagit : "Personne ne veut remettre en cause cette indépendance. Il y a une forte volonté de toutes les collectivités pour travailler ensemble sur un même territoire, dans un souci de complémentarité."
"Complémentarité oui, mais aussi synergie, pour apporter de la dynamique", abonde Isabelle Pellerin, vice-présidente de Rennes Métropole. "La difficulté, c’est de trouver les moyens de cette synergie. Nous, nous avons créé une conférence métropolitaine pour réfléchir tous ensemble à ces questions, avec les régions, l’État, les écoles, les universités et les organismes de recherche. Nous avons aussi mis en place un schéma de développement universitaire (lire sur AEF), inspiré par ce qui s’est fait à Lyon. L’un de ses objectifs était de préparer le CPER, cela nous a permis de faire des choix, de prioriser les projets. On a travaillé collectivement dans le cadre de ce schéma, mais au service des stratégies d’enseignement supérieur et de recherche, pour renforcer la visibilité des établissements."
ON NE PEUT PAS DIRE QUE RIEN N’A ÉTÉ FAIT SUR L’IMMOBILIER" (S. BONNAFOUS)
Un autre objectif concerne les campus, qui échappent aujourd’hui aux logiques urbaines, ajoute Isabelle Pellerin. Or ils sont rattrapés par la ville et la couture a du mal à se faire, donc il faut les intégrer. Nous avons tous les documents pour mettre en place une méthode, une programmation de transformation des campus pour les hisser aux standards internationaux. Il n’y a pas de raison que l’on n’y arrive pas." Isabelle This Saint-Jean, vice-présidente en charge de l’ESR au conseil régional d’Île-de-France, confirme qu’il y a eu "une prise de conscience collective de 'faire campus pour la réussite étudiante". "Cela pose deux questions, estime-t-elle : celle du développement durable, et de la nécessité de construire différemment."
En ce qui concerne les comparaisons avec l’étranger, Simone Bonnafous, Dgesip, note qu’il y a une amélioration du patrimoine universitaire grâce à l’État et aux collectivités. "Mais ce n’est pas suffisant, surtout dans un contexte international. Néanmoins, on ne peut pas dire que rien n’a été fait sur l’immobilier, je tiens à le dire car on finit par porter une image… Il faut être mesuré. Il y a une vétusté importante des bâtiments, mais de moins en moins de refus des commissions de sécurité."
LA REGION A UNE ‘’POSITION DE SURPLOMB’’
"Il y a aujourd’hui une grosse diversité des acteurs, diagnostique Isabelle This Saint-Jean. État, région, métropole, ville, département, communauté d’agglomération… Il aut coordonner tout cela et dans cette optique, la région est essentielle. Elle occupe une place fondamentale car elle est à la fois la moins éloignée de l’État, et la moins en défense des intérêts locaux, ce qui lui permet d’avoir une position du surplomb." Khaled Bouabdallah, président de l’université de Lyon, rappelle que dans sa région, "le CPER a bénéficié d’un gros travail en amont, de l’expérience du travail en commun entre les acteurs. Cela a rendu les choses fluides, pour un résultat consensuel".
Khaled Bouabdallah ajoute que "les collectivités font entièrement confiance à la Comue pour piloter le CPER et le Plan campus. Et la Comue doit avoir les moyens de ces responsabilités, elle doit s’outiller, recruter, avoir un service compétent, etc. Mais c’est à la Comue de s’en charger, pas aux établissements".
Guillaume Houzel, directeur du Cnous, note pour sa part que "les Crous n’ont pas de stratégie propre, ils sont simplement des acteurs embarqués dans la stratégie de développement local. Ils apportent plus de 100 millions d’euros par an, c’est une contribution parfois précieuse".