Le vert est la couleur de l’herbe, des feuilles, des végétaux en général. Moitié supérieure du drapeau, il représente la forêt amazonienne qui recouvre LAGWIYAN de l’océan Atlantique aux monts Tumuk-Humak et du fleuve Maroni au fleuve Oyapock en passant par mangroves, savanes, criques, GRAN DANBWA. Les fruits et les légumes font partie intégrale de cette moitié du drapeau car malgré leurs couleurs variées ils restent des végétaux tout comme les fleurs. Les animaux sont inclus dans ce « grand vert » car ils participent à la dissémination des graines des arbres dans la forêt, à la pollinisation des fleurs dans les jardins jusqu’au sommet de la canopée. Lézards, oiseaux, insectes, araignées, poissons, singes, rongeurs, félins, canidés amphibiens, tous se fondent dans la géante Amazonie au-delà des frontières fluviales et montagneuses.

Le jaune est la couleur du soleil, lui qui règne en Amérique du Sud, sur l’équateur, mais aussi de l’or présent dans cette terre, dans ces cours d’eau, sous ces arbres et aux pattes de ces animaux. Et toutes les formes de richesses matérielles engendrées comme le bois précieux, les essences, les pierres, les minerais, le sable, la terre. À part égale avec le vert sur le drapeau, le jaune est donc en duel avec le vert. Ils vont de pair. On tire des arbres le bois et les huiles essentielles. Ces arbres que la terre nourrit en minéraux et en eau. À l’inverse on puise dans la terre de l’or et de l’aluminium qui sans les arbres protecteurs seraient néants.

La vie y est magnifique. Dorée de rayons solaires et nourrie de fruits vertueux. Abreuvée d’eau claire ou saumâtre, foulant la latérite rouge orangée ou la glaise ou le sable ou la vase ou la roche.

[La vie humaine est à la fois dans le vert et dans le jaune car elle dépend tel un animal des ressources végétales et minéralières et aquatiques qui arborent le continent. L’Homme exploite le vert et le jaune ce qui n’est pas sans risque ni sans souffrances. Depuis la découverte du « Nouveau Monde » l’Homme européen (occidental) ravage la nature qui était préservée, respectée par les maitres locaux, les peuples de la forêt baptisés « Amérindiens » ou « indiens d’Amérique » par Cristobal Colón.]

Le rouge sous forme d’étoile centrale pourrait bien refléter la couleur de la terre mais j’en ai décidé autrement. Il s’agit du sang, de l’histoire, du passé tragique de la colonisation qui continue sous un voile de démocratie, de département, de région. Le sang a beaucoup coulé sur ce continent, cette terre est rouge à force de boire le liquide précieux à la vie humaine. Epoque précoloniale ou déjà les différentes tribus se faisaient la guerre peut-être pour des histoires de dieux ou de femmes ou de terres. Certaines têtes étaient coupées et des coeurs arrachés en offrande aux dieux et le sang coulait déjà quand les navires espagnols, puis anglais, puis français, puis hollandais sans oublier portugais ont accostés. Tout ce qu’ils firent a été d’attaquer, envahir voire exterminer les populations locales en passant par l’asservissement à la tache agricole qui fut un échec. D’où la raison de la colonisation et de la traite négrière, de l’esclavage des africains (peuple qui travaille la terre cf Aimé Césaire in Discours sur le colonialisme) qui sont plus résistants aux coups de fouets et au soleil féroce. Cette étoile signifie l’avenir qui puise dans le passé périlleux pour avancer à grandes enjambées vers l’autosuffisance, la résistance, la conscience commune et l’indépendance. Il faudra encore du sang pour alimenter cette étoile qui brillera un jour au milieu des autres drapeaux mondiaux.

Guillaume Carpentier