En effet, il y a quelque chose de complètement surréaliste à voir ces jours-ci les Français d'origine asiatique sortir de leur invisibilité protectrice et de leur neutralité industrieuse pour protester contre les remarques racistes dont ils sont l'objet dans la rue, les transports en commun ou les réseaux sociaux à cause du coronavirus. En effet, d'habitude, on ne les entend ni ne les voit jamais quand, par exemple, la police abat un jeune Noir ou un jeune Arabe. Motus et bouche cousue. Pas un mot de soutien, rien !
Or, avec le coronavirus, l'Asiate supposé porteur de virus a remplacé ces jours-ci, dans l'imaginaire du Français moyen, le Rebeu cachant quelque couteau sous sa djellaba ou le Renoi pété à la coke. Et du coup, comme des diables en boite, on voit des Franco-Asiatiques surgir de partout, en particulier sur le Net, pour s'indigner, protester, vitupérer contre l'assimilation abusive entre "Asiatique" et "Coronavirus". C'est que quand une rame de métro s'arrête et que les gens qui s'apprêtent à y monter voient des Asiatiques déjà installés, ils préfèrent rester sur le quai ! Quand ils croisent un Asiatique dans la rue, ils se dépêchent de changer de trottoir et quand ils sont invités au restaurant, ils précisent qu'ils ne veulent pas aller dans un établissement chinois. Et ce ne sont que trois exemples parmi cent...
Bien fait pour leur gueule à ces planqués de la République, pourrait-on se dire !
Mais non, tout au contraire, partageons leur souffrance à ces frères venus de la lointaine Asie ! Grâce ou à cause du coronavirus, ils sont petit à petit en train de comprendre qu'eux aussi, comme les Africains, comme les Antillais, comme les Arabes, comme les Indiens, ne sont rien d'autres que des...Indigènes de la République.
Vaut mieux tard que jamais, comme disait la mère Michel...