Plakatak !
Le cavalier marque le pas
Plakatak !
Plakatak !
Avertissez les demoiselles.
Plakatak n’ira plus au bal .
Silence… là-dedans ! Seigneur … ça se bouscule dans mes tripes … C’est bien la dernière fois que je fais ce métier .
Arrêtes donc de galoper comme un cheval fou dans tout mon corps , oh… oh… Fais gaffe à ma chair ! J’ôte mes chaussures et je ne pense plus à rien ni à personne…
Moi, le rescapé, d’un temps où je fuyais le temps, voilà que j’existe, pied gauche , pied droit, arrimés à une musique que je suis seul à entendre . Tout près de moi, des visages, des jupes , des boutons de corsages , l’éclat d’une montre dont je décompte le tic-tac … C’est qu’il est l’heure … peut-être … ! L’heure de quoi tonnerre… ! D’ouvrir la bouche… ? De dire quelque chose ? De bouger ? … De s’asseoir ? Je ne sais plus au juste … ! Et eux là … autour de moi… qu’ont-ils de si important à me dire … ? Et d’abord … que disent-ils ? . Tu dois savoir que plus les autres se pressent autour de toi , plus tu dois garder la tête froide. Même s’ils arrivent de loin …
E, Portia-ti bra’y saw fè !
Ah ! Ah…
On ne parle plus !
On ne bouge plus !
Gadé mwen byen !
E lè ou gadé mwen !
Gadé tout cow
Mwen baw tou sa ki fo,powu pé sa senti Kow byen
Tout bagay la klè, frè-a … Lè-a rivé
Man Doudou pati épi bonm siro la
Epi ki sa mwen ka dousi kafé la
Sé larivIyè Blanche nou ka monté, mé sé lespwi savann ki épi nou
Sé vansé, nou pou vansé
An nou fè an tonbé lévé, mété nou tout adan
Pou an sèl blo limiyè
Vansé kon on bel shouval douvan jou !
Et sa danse de lumière jaillie du délit commis, et lui , de l’intérieur nous ressemble . Pour se sentir beau ! Une fois, une seule fois . Pour se sentir libre. Tout là-haut. Cette fois, cette traversée sera douce, car elle te mène au Morne des Anges
(Extraits de « Corps en scène » d’Annick Justin Joseph)
Nady Nelzy-Odry
Samedi 19 Octobre 2019