Nous avions osé croire que lorsque nous serions venus montrer notre mécontentement à madame la Ministre de la Justice, nous aurions quelques chances d'être entendus, alors nous avons osé manifester.
Nous avions osė penser qu'en nous postant gentiment avec les cercueils symbolisant la mort de notre justice, la mort idéologique autant que la mort physique à petits feux des Martiniquais par molécule Chlordécone interposée, celle de nos morts du crash, la déportation des néo-titulaires, celle du docteur Burger non élucidée, ainsi que l'enterrement programmé du dossier du CEREGMIA, nous ne passerions pas inaperçus. Alors nous avons mobilisé nos troupes, celles qui n'étant pas retenues par les obligations de vacances bien méritées, pourraient mener une action devant l'Hôtel de Région. Nous comptions sur l'impact. Madame la Ministre et sa délégation nous ont vus. Ils se sont dirigés vers nous et la Ministre est venue entendre nos doléances. Nous avions plein de cercueils, et de panneaux et nous disions : justice égalité, jistiss égalité.
Son conseiller a reçu une délégation de quatre personnes, peut-être pour nous entendre.
Nous n'avons bloqué aucune rue, aucun boulevard, nous avons fait une action pacifique. Est-ce que l'on nous le reproche ? Car nous n'avons eu droit qu'à un ridicule entrefilet dans France-Antilles. ATV derrière sa caméra, certainement un peu trop sélective, ne nous a jamais vus, donc elle ne pouvait pas nous capter, c'est le cas de le dire. N'allez-pas ici vous imaginer que nous pensons que cette TV serait acquise à la cause des voyous du CEREGMIA, loin de nous cette pensée. Elle serait trop négative, et on nous taxerait tout de suite d'acharnement toujours. Ils ne nous ont pas vus. Point.
Martinique Télé a fait un reportage éclair (au chocolat) qui avait très peu de kako dou dedans.
Force reste à la loi, n'est-ce-pas ? Nous ne voulons pas croire, non plus que la presse serait acquise à la loi du plus fort.
Heureusement pour nous qu'il y avait une Dame, habituée des décolletés éloquents qui, elle, nous a vus. Nous semblons la gêner, et contrairement à madame la Ministre qui n'a pas arrêté de caresser trop familièrement la tête d'un enfant qui accompagnait sa grand-mère, elle au moins, son visage montrait sa désapprobation. Elle ne sait pas pratiquer le même genre d'hypocrisie que certains de ses confrères. Elle paraissait ne partager ni cette trop grande proximité de la part d'un ministre, oui, ni surtout cette rencontre inopinée, et elle était gonflée de rage comme un poisson armé, autrement dit en créole un "tjouf-tjouf". Elle laissait entendre avec son visage vraiment trop éloquent que ce n'était surtout pas le moment de perdre son temps en conciliabules inutiles et qu'il y avait des choses autrement plus sérieuses et urgentes, à discuter dans le salon, là haut entre gens de bonne compagnie, autour d'un champagne peut-être.
"Présentez-moi cette dame ! " pourrait s'écrier Dominique STRAUSS-Kann, tandis que LÉVI-STRAUSS dirait "TRISTES TROPIQUES".
Aurions-nous les politiciens que l'on mérite ?
Térèz Léotin