On voit désormais circuler dans les rues des bibliothèques mobiles, portant aux enfants des régions rurales de l’Inde de précieux ouvrages. Si dans les premiers temps, l’organisme Dulkal Libraries se concentrait sur l’apport d’ouvrages en établissements scolaires, la pandémie a rebattu les cartes. Désormais, leur bibliothèque se déplace, de village en village. Les cinq professionnels à l’origine du projet comptent également sur le soutien de dizaines de bénévoles pour les aider.
Ils s’appellent Karthikeyan Panchanathan, Leela Karthiga, Mini N, Amirtha et Marian Britto, viennent d’horizons professionnels très divers — informatique, éducation, ingénierie. C’est en faisant du bénévolat pour des ONG qu’ils se sont rencontrés, et ont décidé ensemble de monter le projet Dulkal Libraries. Un catalogue composé de livres en anglais et en tamoul, qui s’alimente au fil des jours par des dons d’ouvrages et des campagnes de crowdfunding.
Leur credo reste simple : la lecture ouvre une fenêtre sur le monde. Et ceux qui n’ont pas accès à cette fenêtre ne peuvent pas profiter de la richesse qu’elle apporte. Le nom choisi découle de celui de l’ancien président de l’Inde Avul Pakir Jainulabdeen Abdul Kalam — AbduKal.
Certes, c’est à lui que l’Inde doit de s’être dotée de la bombe nucléaire, mais probablement n’est-ce pas là la raison de l’hommage. En réalité, c’est la vision portée par le politicien, pour les enfants, qui est ici saluée.
Les bibliothèques Dulkal ont été imitées voilà un an et demi, « pour les élèves d’écoles publiques », précisent-ils à The Indu. Et désormais, « nous comptons 150 à 200 bénévoles », ainsi que plusieurs enseignants d’écoles publiques qui collaborent avec eux.
Ces dernières ont vu le jour avec les premières inquiétudes qu’ont manifestées des enseignants : ils redoutaient que les enfants ne retournent plus à l’école après la pandémie, pris par des obligations familiales. « Nous envoyions à ces professeurs d’écoles publiques des livres, qu’ils faisaient lire aux enfants et nous renvoyaient. Dans certains villages, les bibliothèques mobiles ont été animées par les habitants, d’autres les faisaient circuler avec des poussettes », explique Panchanathan.
En lien avec les autorités locales, les cinq créateurs sont parvenus à instaurer six bibliothèques de rues à Pirattiyur : installées à l’extérieur de maisons, elles fonctionnent de manière classique, et en toute confiance. Elles ont vu le jour durant la pandémie, pour répondre à la nécessité de maintenir un lien pour les jeunes avec la lecture et l’apprentissage.
Maintenant, la collecte se poursuit, et l’initiative, grandissante, continue de voir les livres affluer. Mais sans l’aide de tout un chacun et les dons opérés à travers les campagnes de financement participatif, AbduKal Libraries n’aurait pu voir le jour. Et ne pourra pas poursuivre cette mission.
La solidarité peut aussi avoir un petit prix...