Nous n'irons point jusqu'à exiger du tonton du neveu du cousin indélicat, qu'il fournisse des preuves ADN attestant de leur non filiation. L'on irait trop vite nous blâmer d'acharnement contre lui, et l'on userait tout de suite de ce terme devenu à la mode, en Martinique, surtout à chaque fois que l'on parle de CEREGMIA.
Nous ne parlerons donc ni de neveu, ni de cousin, ni de fils, car celui dont nous parlerons sa famille n'a pas dit, ou pas encore "ce n'est pas mon fils". Nous ne parlerons pas de famille car un proverbe bien de chez ne vient-il pas nous rappeler fort prudemment du reste que : Lè bab kanmarad ou pri difé ou ka wouzé ta'w" (si ton ami a la barbe en feu préserve la tienne) ? Nous préférerons parler de famille politique. Celle-là on la choisit.
En toute bonne foi, nous ne voulons surtout pas penser que l'individu cité plus bas ait pu être à bonne école au CEREGMIA. Non. On nous accuserait d'acharnement.
Voyez-vous, il nous arrive de lire sur nos compatriotes des choses pas toujours agréables et cela nous ennuie tout simplement. Ainsi lorsque le journal Marianne n° 950 du 2 au 9 juillet 2015, que vous pourrez consulter sur http://www.supinfox-arnaques.com/informations/marianne-n-950-2-au-9-juillet-2015-1169 nous informe qu'il était une fois, un martiniquais au train de vie mirobolant, avec à l'appui sa photo, celle de ses voitures et de son château, nous nous apprêtons à être fières, mais lorsque la suite de notre lecture nous révèle que ce monsieur qui avait grimpé l'échelle sociale à la vitesse du son, avait oublié en passant si vite, de gagner sa fortune à la sueur de son front, quelle ne sera alors notre consternation.
L'individu tout comme l'autre, que nous ne citerons pas pour ne pas nous acharner sur son cas, aurait-il voulu prendre lui aussi sa revanche sur ses origines ancestrales, en gagnant son train de vie à la sueur du front des autres ? Nous ne dirons pas cela. Non. On nous accuserait d'acharnement.
Que l'on se rassure l'homme aura toutes les chances d'être innocenté grâce à la famille politique à laquelle son nom nous renvoie. Ah, ce parti qui veut "balisier" partout, comme il les protège, et comme l'ombre de son grand timonier (attention nous blasphémons presque) qui se reflète dans toutes ses sauces, se trouve plutôt givrée.
Pourvu que l'avocat mûr de son expérience, et qui sait si bien se dévouer à ces causes, s'occupe de l'affaire, il saura trouver à notre "Richard" des circonstances atténuantes. Il saura montrer que ce ne sont que des châteaux en Espagne, et que nos yeux acharnés s'entêtent à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Pourvu aussi que, sur son barreau perché, l'autre ténor se penche, telle une bonne fée sur l'affaire, et tout sera résolu, vite et bien. Tout cela n'aura été qu'un conte, un conte par Marianne inventé, vous verrez.
Comme bien d'autres martiniquais, nous n'avons, ni château, ni Lamborghini, ni montre personnalisée. Nous n'avons pas de Porsche, nous n'avons en poche que notre honnêteté. C'est notre seule et grande richesse, et nous ne changerons cette bourse contre aucune autre.
Notre père qui fut géreur d'habitation puis professeur de collège et communiste, ce qui à l'époque n'arrangeait pas les choses, nous a appris la droiture et la ténacité. Il aurait pu être fossoyeur d'hommes, il n'y a pas de sots métiers, mais jamais fossoyeur d'âmes. En nous apprenant à nous contenter de ce que nous avons, et de ce que nous sommes, il nous a appris, comme beaucoup de nos compatriotes l'ont aussi appris, à ne pas être envieux. Contentez-vous d'être honnête, répétait-il : pa jalou pèsonn, pa jalou bagay pèsonn. Si ou ni, ou ni.
Térèz Léotin, écrivain