Au journal télévisé de Guadeloupe la première du mardi 20 février 2018, j’ai écouté l’interview de l’avocat de notre Université des Antilles, dans l’affaire du CEREGMIA.
Son plaidoyer pour le concept « d’apaisement » m’a littéralement sidéré.
Parler d’apaisement à l’égard de ceux contre qui on plaide relèverait quasiment de la faute professionnelle. Sauf à considérer qu’il s’agit d’une commande du client qui doit pour ce faire douter sérieusement de la responsabilité des personnes incriminées.
Sur le fondement de l’apaisement :
- Les termes « adoucir, amadouer, calmer, rassurer, rasséréner, radoucir, tranquilliser » sont, au sens du dictionnaire Larousse, des synonymes « d’apaiser ».
- Ceux qui connaissent un tant soit peu l’acteur principal du film, savent que chacun de ces termes, contraste profondément avec son personnage. Ne serait-il pas plutôt enclin à « agresser, insulter, invectiver, menacer, provoquer » toute personne en désaccord avec lui professionnellement et ce quel que soit son niveau hiérarchique ?
- Cette volonté d’apaiser, serait-elle alors le fruit d’un engagement de « bonne conduite » qu’auraient pris les personnes concernées ? Comment ne pas en douter ?
- Auraient-ils reconnu leurs torts et adressé leurs excuses à toute la communauté universitaire en s’inscrivant pour l’avenir dans un processus respectueux des règles et de la déontologie universitaires ?
Tels seraient, à mon sens citoyen, les minimums requis pour envisager une éventualité d’apaisement.
Mais un doute très fort persiste et je m’interroge :
- S’agit-il de « donner des apaisements » c’est-à-dire (je cite le Larousse) « promettre quelque chose à quelqu’un pour le rassurer» ?
- L’apaisement est-il compatible avec la récidive ? A-t-on oublié que le conseil de discipline de l’université des Antilles et de la Guyane dans sa séance du 08 novembre 2007 à sanctionné l’acteur principal pour les mêmes types de faits, suite au rapport de la Cour des Comptes et à la communication du 20 mars 2007 du procureur général près de la cour au président de l’université ? Peut-on oublier que 6 ans après, soit en 2013, un nouveau rapport de la Cour des Comptes dénonçait des faits encore plus graves ? Comment l’apaisement pourrait-il être compatible avec la récidive ?
- Pourra-t-on alors parler d’apaisement ou de mansuétude, voire d’amnésie ?
- S’agit-il d’effacer d’un coup d’éponge ou de baguette magique, le tableau noirci des multiples faits concordants relevés par la Cour des Comptes, largement étoffés depuis, sur une gestion non conforme de fonds européens ?
- Oublie-t-on que les faits sont têtus et qu’ils ont une mémoire ?
- Quelle image donnerait l’université à son territoire et à sa communauté, quand ce jour, le maire de la commune de Terre de Haut en Guadeloupe vient d’être lourdement sanctionné, pour des faits comparables ?
J.N