Alors qu'une vraie catastrophe économique s'annonce suite à l'épidémie de Covid-19 dont on nous dit qu'elle ne s'arrêtera pas vraiment et qu'il faudra vivre avec, tout ce que nos médias officiels comme privés, nos réseaux sociaux et autres whatsapperies ont trouvé d'intéressant à commenter, à longueur de temps ou de colonnes, c'est la démission de la "sénateuse" du PM (ou maintenant "ex-PPM"). Car, des entreprises vont fermer, des gens seront licenciés et personne ne sait comment la Martinique s'en relèvera. Une chose est déjà quasi-sûre : les commerces du centre-ville de Fort-de-France, déjà bien mal point avant la crise, risquent carrément de de trépasser. Bref, de l'agitation sociale en perspective à côté de laquelle celle de Février 2009 ressemblera à un conte pour enfant.
A côté de ce qui se profile, la démission de ladite "sénateuse" et tout le tam-tam qui est fait autour est indécent. Il démontre surtout l'étendue de l'ignorance de beaucoup d'entre celles et ceux qui prétendent nous informer ou en tout cas sont payés pour le faire. En effet, des démissions fracassantes (et sans conséquence) ont toujours scandé la vie politique martiniquaise : Emile MAURICE fut l'un des fondateurs du PPM avant de devenir chef de la Droite assimilationniste ; Michel RENARD fut membre du Parti Communiste avant, lui, aussi, de jouer le même rôle que MAURICE ; Pierre SAMOT fut membre du Parti Communiste avant de s'en aller créer Bâtir le Pays Martinique ; Edouard DELEPINE passa du Parti Communiste au GRS et du GRS au PPM ; Claude LISE fut PPM avant de s'en aller créer le RDM ; Garcin MALSA était au MIM avant de s'en aller créer le MODEMAS ; quant à la "sénateuse", elle, est passée du PPM à BATIR puis est revenue au PPM avant d'en partir aujourd'hui.
Inutile de multiplier les exemples ! Cela n'a rien de nouveau ni d'exceptionnel.
La vraie question est de savoir si ces démissions ont permis de "faire avancer le Pays-Martinique", pour reprendre l'expression langue de bois qui sévit depuis deux décennies dans notre vocabulaire politique local, ou si elles ont permis aux démissionnaires de faire avancer leur...propre carrière. La réponse n'est pas difficile à trouver : la quasi-totalité des démissionnaires ont non seulement pu se refaire une santé politique, mais ont progressé dans leur nouveau parti (quand ils ou elles n'ont pas carrément créé ce dernier puisqu'on n'est mieux jamais servi que par soi-même, n'est-ce pas ?). Et la Martinique dans tout ça ? Eh bien, au mieux, elle a fait du sur place ; au pire, elle a régressé.
Il y a donc de quoi sourire quand, sous la plume des uns et des autres, on lit que la "sénateuse" est une "battante", une "grosse travailleuse", quelqu'un qui "sait défendre ses dossiers" et autres souverains poncifs. Car enfin, madame est ou plutôt était membre d'un parti dont l'autonomie, l'Autonomie avec un grand "A" plus exactement, est la ligne directrice, la colonne vertébrale idéologique, le poto-mitan. Question : en quoi faire venir des médecins cubains relève-t-il de l'Autonomie ? Autre question : la vraie Autonomie n'aurait-elle pas consisté à se battre pour contraindre l'Etat français à créer une Faculté de Médecine complète aux Antilles au lieu des 3 premières années dont nous disposons ? Années au terme desquelles nos futurs docteurs martiniquais et guadeloupéens sont contraints de partir dans l'Hexagone pour continuer leur formation, Hexagone dont beaucoup ne reviendront pas. Heureusement que des médecins roumains, africains et maghrébins viennent chez nous !
La démission de la "sénateuse" est un non-événement pour la Martinique. Mais sans doute pour elle, pour la poursuite de sa petite carrière personnelle, là oui, c'est important ! Peut-être que madame se voit déjà en MICHEAUX-CHEVRY de la Martinique. Ouais, bof ! Ca changera quoi pour nos chefs de petites et moyennes entreprises obligés de mettre la clef sous la porte très bientôt, pour les personnes qui seront licenciées, pour les chômeurs dont l'espoir de trouver un emploi s'éloignera définitivement, pour celles et ceux qui seront obligés d'émigrer etc...?
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