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Au-delà de l'excitation autour du terme "charnier"...

Au-delà de l'excitation autour du terme "charnier"...

   Qu'un homme politique martiniquais emploie à l'encontre de ses adversaires un terme comme "charnier" qui évoque immédiatement les pires massacres qu'a connu l'humanité dénote soit une volonté de choquer soit une ignorance crasse. Si jamais la première hypothèse est avérée, il n'y a pas de quoi pousser des cris d'orfraie puisque de tout temps et dans tous les pays, la scène politique a toujours été un espace où des factions opposées se font la guerre sans utiliser d'armes.

   "La guerre par d'autres moyens", selon l'expression consacrée. Le langage politique est violent parce que les joutes politiques le sont et cela même dans les pays dits "policés" (étrange proximité tout de même avec son exact contraire : "policiers") tels que la Suède ou la Norvège. Mais il est vrai que parfois ou trop souvent, malheureusement, les "combats de langue" peuvent se transformer en vrais combats car "la Révolution n'est pas un dîner de gala" (Mao-Tsé-Toung).

   Si donc ce député martiniquais avait voulu simplement choquer tant il voue ses adversaires aux gémonies, il n'y aurait pas de quoi fouetter un chat. Mais, à bien regarder, il semble plus qu'il ait utilisé "charnier" sans connaître les connotations, notamment historiques, liées à un tel mot. Et quand un autre député publie un communiqué pour se démarquer (légèrement) de lui, on dénote dans ledit communiqué la même absence totale de toute réflexion approfondie sur les implications socio-historiques du terme. NOTRE VRAI PROBLEME EST LA ! Il est dans le niveau des gens à qui les électeurs martiniquais accordent leurs suffrages depuis quelque temps. Nous vivons même une espèce de paradoxe : à l'époque où la scolarisation n'était pas encore totale, où nombreux étaient ceux qui ne savaient pas parler français ou qui le "tchoquaient", où l'on voyageait assez peu à l'étranger, où il n'y avait ni chaînes de télévision à gogo ni réseaux sociaux, les électeurs votaient pour les Victor SEVERE, Aimé CESAIRE, Victor SABLE, Emile MAURICE, Casimir BRANGLIDOR, Georges GRATIANT, Camille DARSIERES ou, plus près de nous, Claude LISE ou Alfred MARIE-JEANNE.

   Or, aujourd'hui où tout le monde est allé à l'école, sait lire et écrire, dispose de moult chaînes de télé et des réseaux sociaux, a déjà quitté la Martinique ne serait-ce qu'une fois etc..., les électeurs plébiscitent les incultes, les médiocres, les démagogues, les jouisseurs et "soutire" bien souvent les corrompus. Quel paradoxe ! Certes, par le passé, nous avons connu des élus-jendjen, des "comiques" au sens créole du terme, mais ils n'occupaient pas les postes les plus importants. Aujourd'hui, plus un candidat aux élections est vide, plus il est porté au nues ! Quant aux candidats qui ont quelque chose dans la tête, ils sont écartés, voire balayés, à l'aide d'une explication simple :

   "C'est un technicien, un homme de dossiers. Il n'a pas de charisme !"

   Les pseudo-jeunes (quinquagénaires et sexagénaires) qui se présentent comme la relève en Martinique et qui ont la faveur des électeurs n'ont aucun projet pour notre pays. Avez-vous déjà lu un texte un tant soit peu consistant émanant d'eux ? Ont-ils jamais présenté de façon détaillée ce qu'ils envisagent pour sortir notre pays du bourbier dans lequel il se trouve ? NON ! Réfléchissent-ils avec ceux qui les ont portés aux commandes sur des notions aussi fondamentales que : la sortie de l'économie de comptoir ; le partage du travail et la fin du gaspillage généralisé ; la surconsommation et l'endettement des ménages ; le développement des nouvelles technologies ;  les voies et moyens de contourner l'empoisonnement au chlordécone ; l'établissement de liens autres que simplement culturels et sportifs avec la Caraïbe ; la politique linguistique vers un vrai bilinguisme etc...

   Où sont leurs groupes de travail ? Où sont leurs publications sur ces différents sujets ?

   Mais bon, ils n'en ont pas besoin puisqu'ils suffit qu'ils braillent dans un micro lors des campagnes électorales pour que le peuple, énamouré, les porte en triomphe. Terminons quand même pas une note d'humour d'un TI SONSON à qui il reste un peu de jugeote :

   "Si ces politiciens-là arrivent au pouvoir en 2021, je demande un passeport à n'importe quel pays étranger. Même à la Libye !"...

Commentaires

Véyative | 30/11/2017 - 20:29 :
A l'époque de Césaire et les autres, le peuple voulait des élus brillants , des élus capables de s'exprimer à leur place face au pouvoir français. Aujourd'hui, c'est le sentiment de revanche qui prime , puisqu'il faut "réussir" . La plupart des votants font partie des travailleurs pauvres , ont besoin de rêver: la réussite de quelqu'un qui les ressemble les comble . Et comme ils sont plus nombreux, on aura encore plus de BNA au pouvoir.

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