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UN JOURNALISTE EN DISGRACE POUR UNE TRIBUNE

Par Prosper MOKABI DAWA
UN JOURNALISTE EN DISGRACE POUR UNE TRIBUNE

Voici les mails envoyé à François SOUDAN de Jeune Afrique, par Prosper MOKABI DAWA dont le texte et les visuels ont été présentés à ce dernier (tirés sur papier) à la direction générale de la surveillance du territoire (DGST) le 11 septembre 2010

De : Prosper Mokabi Dawa

Objet : tribune disparus du beach

À : François Soudan de Jeune Afrique

Date: Lundi 6 septembre 2010, 1h49

Cher François, je soumets à ton appréciation, pour publication, cette tribune sur les disparus du beach accompagnée de visuels d'illustration. Pourrais-tu me faire savoir si elle t'intéresse ?

Bien à toi,

De : Prosper Mokabi Dawa

Objet : Fw : tribune disparus du beach

À : François Soudan de Jeune Afrique

Date : Vendredi 24 septembre 2010, 1h46

Cher François, les documents ci-attachés que je t'avais envoyé pour une éventuelle publication dans Jeune Afrique se sont inexplicablement retrouvés à la DGST à Brazzaville.

Ils m'ont valu le samedi 11 septembre 2010 un interrogatoire musclé de 5 heures suivi d'une détention illégale de 48 heures et une expulsion individuelle sur Kinshasa.

Avant d'envisager une action en réparation du préjudice physique et moral subi, j'aimerais que tu m'expliques comment un mail envoyé au prestigieux directeur de la rédaction de Jeune Afrique a fini sa course dans les mains des services congolais et servi aux tortionnaires d'un journaliste.

Dans l'attente du plaisir de te lire,

{{{Tribune

Congo Brazzaville : Disparus du Beach

Le gouvernement à nouveau sur la sellette…}}}

L’arrivée dans les prochaines semaines à Brazzaville d’une mission d’enquête des Nations-Unies conduite par le groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires pourrait relancer le débat sur l’affaire dite des Disparus du Beach. Une fois de plus, le gouvernement congolais est mis sur la sellette.

Malgré l’organisation, à grands frais, d’un procès public en 2005, l’affaire des disparus du Beach est en train de rebondir. On peut même dire qu’elle revient en force au-devant de la scène. Parallèlement à la procédure judiciaire en cours en France au niveau du tribunal de grandes instances de Paris, une mission d’enquête de l’ONU travaille depuis 2005 sur une liste de 80 personnes censées disparues au Beach transmise par la Fédération Internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) dans le cadre d’une plainte pour génocide et crimes contre l’humanité.

Après plusieurs démarches demeurées infructueuses pour obtenir du gouvernement sa version des faits par rapport aux accusations formulées par la FIDH et l’OCDH à propos de cette liste de 80 personnes, le groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires s’apprête à effectuer à Brazzaville une quatrième et dernière mission d’investigations, avant de rendre son rapport final au Conseil de l’ONU pour les droits de l’homme.

Le retentissement international de ce type de rapport sur l’image d’un pays et de ses dirigeants, les éventuelles conséquences diplomatiques qu’il peut entraîner suffisent largement, en eux-mêmes, à mobiliser les pouvoirs publics. Ces derniers devraient en principe saisir cette opportunité pour faire toute la lumière sur une affaire présentée dans les médias internationaux comme "une épine dans le pied du pouvoir".

Dans la réalité, force est de constater qu’il y a loin de la coupe aux lèvres. Cinq ans après avoir été officiellement saisi par le groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires, le gouvernement joue encore la carte de l’attentisme, pour ne pas dire de l’apathie. L’absence de trace de la liste des 80 disparus et des correspondances officielles adressées depuis Genève s’y conjuguant à l’absence de documentation sérieuse à même d’asseoir une argumentation pertinente et une défense percutante.

Pour reprendre les mots d’un ancien porte-parole du gouvernement, tout se passe ici comme si, à l’instar du dossier de l’ancien chef rebelle du Pool, le ministre Frédéric BINTSAMOU alias pasteur N’tumi, l’affaire des disparus du Beach était appréhendée par les gouvernants eux-mêmes comme "un fonds de commerce" et non comme un dossier d’Etat touchant directement à la sécurité et à la stabilité des institutions républicaines.

Cette attitude qui s’apparente à une "légèreté coupable" n’est pas la moindre difficulté à laquelle font aujourd’hui face les pouvoirs publics dans la gestion d’un dossier dans lequel le chef de l’Etat lui-même, Denis SASSOU NGUESSO et son plus proche entourage sont directement mis en cause. Certains observateurs informés n’hésitent d’ailleurs plus à qualifier l’affaire des disparus du Beach de "complot intérieur" ou de "cancer rongeant à petit feu le régime".

Face à l’évolution du droit international caractérisé par la mise en œuvre de la cour pénale internationale, il est paradoxal que le gouvernement ne soit pas plus regardant sur l’évolution de ce dossier. Depuis plusieurs années, l’Etat congolais verse des honoraires estimés à plusieurs millions d’euros à des avocats en France, alors qu’en même temps le gouvernement est incapable de faire le point sur cette affaire.
La plupart des responsables en charge du dossier et les accusés ignorent le nom du juge qui s’occupe en France de l’instruction de la plainte déposée depuis 2001 par la FIDH, La LDH, l’OCDH, Survie-France, etc., le contenu ainsi que le niveau actuel du dossier d’instruction.

Pendant ce temps, ces ONG fournissent des éléments d’accusation supplémentaires, suivent et maîtrisent les détails du dossier. Elles choisissent le moment et les médias pour faire passer leur message dans l’opinion internationale sur l’affaire, pendant que le gouvernement observe un silence assourdissant.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, devrait-on s’étonner ou s’émouvoir d’apprendre un de ces quatre matins par les médias internationaux l’arrestation en France d’un "présumé coupable" dans cette affaire ?

En 2004, à la surprise totale du gouvernement, le général Jean François NDENGUÉ avait été interpellé par le "petit juge de Meaux", arrêté puis écroué à la prison de la Santé alors qu’il n’avait jamais été visé par aucune procédure dans cette affaire auparavant. Son passeport diplomatique n’avait pas empêché le juge Jean GERVILLIERS de lui mettre le grappin dessus et de lui imposer, comme à un vulgaire quidam, une incarcération de quelques heures dans une cellule où il eut pour voisin l’ancien patron d’ELF, Loïk Le FLOCH PRIGENT.

Les preuves existent pour déjouer "le coup", affirme le gouvernement depuis des années. On se pâme et on se gargarise de l’autorité de la chose jugée issue du procès organisé en 2005 à Brazzaville. Il n’en demeure pas moins que ces preuves, qui existent bel et bien, n’ont jamais été exhibées par le gouvernement. Pour la bonne et simple raison que ces preuves sont le résultat du travail d’investigation abattu durant des années par l’ANADDEM-F, une ONG de défense des droits de l’homme avec laquelle le gouvernement s’est brouillé pour cause d’indélicatesse.

Intimement associé aux investigations de cette ONG dont nous avons eu, au péril de notre propre vie, à faire un large écho dans les médias pour apporter la contradiction à la FIDH et l’OCDH, nous pouvons certifier, ici et maintenant, l’existence des preuves accablantes à même de dégonfler la bulle du Beach et détricoter l’écheveau d’un grossier montage cousu de fil blanc.

Grosso modo ; les preuves détenues par l’ANADDEM-F démontrent – et nous pesons nos mots – les grands et petits arrangements passés entre le HCR et certains réfugiés politiques en RD Congo ; le caractère fantaisiste du chiffre de 353 personnes prétendument disparues au Beach ; les amalgames et la falsification des noms, des dates et des lieux ; l’existence de "vrais disparus vivants" et de "faux rescapés" réfugiés notamment en France.

A titre d’illustration, parmi tant d’autres, il y a le cas de BIMANGOU Prosper et celui de DIAMBOUAKANA Jacques.

La photo de BIMANGOU Prosper ci-contre a été prise par l’ANADDEM-F en décembre 2003 au camp des réfugiés de KIMAZA en RD-Congo. Ce dernier y travaillait sur plusieurs projets avec le HCR. Or selon la FIDH et l’OCDH, il aurait disparu au Beach de Brazzaville en mai 1999, c’est-à-dire plus de quatre ans auparavant.

Informé de ce cas flagrant de manipulation, le HCR n’a jamais levé le petit doigt. Sauf pour proférer des menaces contre les témoins gênants de l’ANADDEM-F obligés, pour des raisons de sécurité, de se réfugier à Brazzaville.

Au cours d’une conférence de presse animée en 2005 au CAPE à Paris par Patrick HELMLINGER, coordonnateur Afrique Centrale de la section France d’Amnesty International, DIAMBOUAKANA Jacques (voir photo) a été présenté à l’assistance par le colonel Marcel TOUANGA et Me Philippe MISSAMOU comme étant un rescapé du Beach qui aurait traversé le même jour que le fils TOUANGA et arrêté avec lui.

Or, contrairement au fils TOUANGA, DIAMBOUAKANA Jacques n’apparaît nulle part dans les déclarations de bonne foi et les listes d’embarquement du HCR au départ de la RD Congo. Bien plus, sa demande d’asile en France daterait, rien moins, de 1998. Cerise sur le gâteau, ce prétendu rescapé soutenu par des ONG internationales est un illustre inconnu dans le dossier du juge d’instruction en France.

Après avoir raté le procès de Brazzaville en 2005 qualifié par la FIDH et l’OCDH de "mascarade" et de "parodie de justice", le gouvernement est plus que jamais mis sur la sellette d’une rectification de tir dans la gestion de l’affaire dite des Disparus du Beach. Puisque les preuves de manipulation et d’instrumentalisation existent, il faudrait enfin les montrer.

Sinon pour des raisons de survie politique d’un régime, du moins par devoir de mémoire pour toute une nation.

Par Prosper MOKABI DAWA

Journaliste d’investigation,

Directeur de Publication du journal LE COQ

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