Pour la première fois, une étude historique arrive à la conclusion que les dérapages des militaires néerlandais en Indonésie étaient structurels. C’est une rupture importante avec la version officielle de l’Etat néerlandais, qui affirme que les violences étaient rares.
Les exactions commises par l’armée néerlandaise contre la population indonésienne entre 1945 et 1950 étaient “structurelles” et non pas “exceptionnelles”, comme le voulait la version officielle de l’Histoire. Voilà la conclusion d’un historien néerlandais-suisse, Rémy Limpach, rapporte NRC Handelsblad. “C’est la première fois que l’on analyse non seulement les archives d’Etat, mais aussi des témoignages personnels comme des journaux intimes et des correspondances pour connaître l’ampleur et la fréquence des violences” des militaires néerlandais en Indonésie pour écraser l’insurrection des Indonésiens, explique le quotidien.
Il s’agit de l’époque de la révolution nationale indonésienne, une période violente qui couvre la déclaration d’indépendance de l’Indonésie vis-à-vis du pays colonisateur, les Pays-Bas, jusqu’à la reconnaissance de cette indépendance par les Pays-Bas. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Néerlandais avaient essayé de récupérer leur ancienne colonie, à laquelle ils avaient dû renoncer en 1942, quand les Japonais avaient envahi le pays.
Exécutions, viols, pillages
Limpach est aussi “le premier historien à décrire de façon détaillée des cas inconnus de violences extrêmes, dont le nombre est estimé à des milliers”, note le journal. “Il s’agit d’exécutions de masse, de viols et de pillage” – parfois des vengeances pour des actes de terreur perpétrés par les Indonésiens contre le colonisateur –, qui étaient “systématiquement étouffés par l’armée néerlandaise”.
Le travail de cet historien, qui “remplit un vide énorme”, est salué par le journal, car l’Etat néerlandais lui-même n’a jamais mené d’enquête approfondie sur les violences commises. “Reste à voir si nos connaissances, qui grâce à cet historien se sont accrues, mènent à une reconnaissance officielle des crimes commis”, conclut NRC.