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LE DÉBAT SUR LES EXCUSES AUX ABORIGÈNES SE RAVIVE EN AUSTRALIE

LE DÉBAT SUR LES EXCUSES AUX ABORIGÈNES SE RAVIVE EN AUSTRALIE

L'arrivée des travaillistes au pouvoir à Canberra est en train de ranimer le débat sur le sort des autochtones en Australie. Le gouvernement du nouveau premier ministre Kevin Rudd, vainqueur des élections législatives du 24 novembre, devrait présenter prochainement ses excuses aux Aborigènes pour les torts infligés à leur communauté, et plus précisément pour la "génération volée", ces enfants autochtones enlevés de force à leurs parents et confiés à des institutions ou à des familles blanches.

En 1997, le rapport "Bringing them home" ("Les ramener à la maison") avait dévoilé l'ampleur de cette politique qui avait concerné entre 20 000 et 100 000 enfants, selon les estimations, jusque dans les années 1970. Avec ces excuses nationales, dix ans après la publication du rapport, le pays franchirait une étape essentielle dans le processus dit de "réconciliation".

Pour mettre au point la déclaration finale, prévue pour 2008, Jenny Macklin, ministre des affaires indigènes, a ouvert il y a quelques jours des consultations auprès des représentants de la communauté aborigène. Elle devra prêter une attention particulière aux termes utilisés. Car les autochtones escomptent que le gouvernement emploie le terme "sorry", qu'il s'excuse donc bel et bien.

John Howard, l'ex-premier ministre libéral au pouvoir entre 1996 et novembre 2007, s'était en effet contenté de "regretter" la politique des enfants volés. L'expression avait été interprétée comme un déni par beaucoup d'Aborigènes. "Il regrettait, mais n'acceptait pas la responsabilité des Australiens dans les actes commis", analyse Robert Manne, professeur de sciences politiques à l'université La Trobe de Melbourne, et spécialiste de la "génération volée".

Kevin Rudd n'a pas précisé quels mots seront utilisés. Mais les associations aborigènes sont optimistes. "Les excuses officielles vont établir un lien de confiance entre le gouvernement et les Aborigènes", assure Gary Highland, dirigeant de l'Antar, une association militante pour la réconciliation et les droits autochtones.

Alors que la population aborigène, qui compte 455 000 personnes - 2 % de la population nationale -, est la plus pauvre du pays, et souffre de conditions de vie parfois désastreuses, ses relations avec le gouvernement précédent ont souvent été conflictuelles. Obtenir enfin des excuses sera donc un apaisement pour beaucoup. "Cette reconnaissance va permettre aux enfants volés de guérir", affirme Michael Mansell, une des porte-flambeaux de la cause aborigène.

Cette perspective irrite toute une frange de la population. Sur les forums Internet ou lors d'interventions sur les radios, des Australiens estiment qu'ils n'ont pas à s'excuser d'actes qu'ils n'ont pas eux-mêmes commis. Quant au Parti libéral, désormais dans l'opposition, il s'inquiète que ce pardon n'ouvre la voie à des demandes de compensations financières.

Cependant, le gouvernement travailliste a d'ores et déjà précisé que ces excuses ne seraient pas accompagnées d'indemnisations, et dit souhaiter, à la place, améliorer la situation des Aborigènes. "Ces excuses auront plus de poids grâce à l'engagement qu'a pris le gouvernement australien de réduire la différence d'espérance de vie entre les autochtones et les non-autochtones", a déclaré Mme Macklin.

Il y a urgence : actuellement, un Aborigène vit en moyenne dix-sept ans de moins qu'un Australien non indigène. Tandis qu'une nouvelle affaire d'abus sexuel dans une communauté indigène, restée impunie par la justice, attise les passions, la question du sort des autochtones s'impose comme une priorité pour le nouveau gouvernement.

Marie-Morgane Le Moël

source : LE MONDE | 15.12.07 |

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