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Il y a plus de mots arabes que gaulois dans la langue française

France-Inter
Il y a plus de mots arabes que gaulois dans la langue française

À l'occasion de la journée mondiale de la langue arabe, le lexicologue Jean Pruvost, nous raconte comment cette langue s'est inscrite dans l'Histoire et la langue française, et nous explique que chaque jour nous utilisons de nombreux mots arabes.

L’UNESCO fête la langue arabe ce 18 décembre, l'occasion de nous interroger sur les mots. Ce matin au petit déjeuner, vous avez peut-être commandé une tasse (mot arabe) de café (mot arabe), avec ou sans sucre (mot arabe) et un jus d’orange (mot arabe). Vous avez donc, sans le savoir, parlé arabe (ou plutôt français).

Notre langue est parsemée de mots arabes, comme l’explique Jean Pruvost, lexicologue, professeur émérite, auteur de « Nos ancêtres les Arabes, ce que notre langue leur doit » aux éditions JC Lattès.

Quelle est la place de la langue arabe dans la langue françaises ?

Jean Pruvost : La langue arabe est extrêmement présente dans la langue française. L'arabe est la troisième langue d’emprunt, puisque la première c’est l’anglais, ensuite l’italien. L’arabe n'a cessé d'enrichir notre langue entre le IXe siècle et aujourd'hui. Au départ, c'est principalement Al Andalus, l'Espagne musulmane qui a donné de nombreux mots courants et mots savants au XIIIe siècle en français. Plus tard, la colonisation et la décolonisation ont apporté une nouvelle vague de mots, avec notamment un volet important dans le domaine de la gastronomie.

Pouvez-vous donner des exemples des mots courants qui nous viennent de la langue arabe ?

J. P. : Si vous faites votre marché et que vous achetez des épinards, de l'estragon, du potiron, des artichauts... Tous ces mots sont arabes. Même le mot "artichaut" qui ne vient pas de Bretagne ! Avec l'arrivée des rapatriés d'Algérie en 1962, après la décolonisation, les mots merguez, méchouis, sont entrés dans le langage courant.

On retrouve aussi beaucoup de mots dans l’habillement. Si vous allez dans un magasin (mot arabe), acheter une jupe (mot arabe) de coton (mot arabe), un gilet et un caban (mots arabes), vous utilisez des mots arabes.

Et plus récemment, de nouveaux mots arabes sont apparus avec l'immigration récente ?

J. P. : Le mot "bled" a été tellement installé dans la langue que beaucoup ignorent que c'est un mot arabe. Les plus jeunes s'en sont à nouveau emparé avec le mot "blédard", qui désignait celui qui débarquait de la campagne algérienne ou marocaine et qui s'installait dans la région parisienne. 

Avoir le "seum", c'est-à-dire le cafard en arabe, ("cafard", qui est aussi un mot arabe) a été repris en 2012 par une campagne de la sécurité routière.

Les mot "chouf" ou "kiffer" sont utilisés depuis longtemps, comme dans l'expression kiff-kiff bouricot. Au début, le kiff c'était la drogue et aujourd'hui, cela désigne le fait de prendre du plaisir.

Le mot toubib vient du mot toubab (qui désigne le blanc) et veut dire médecin. Ce mot est passé dans la langue familière et beaucoup de gens ne savent pas qu'il est issu de la langue arabe.

En fait les Français parlent arabe ?

J. P. : Oui, ils parlent arabe beaucoup plus que gaulois... Le gaulois, c'est à peine un centaine de mots. Pour l'arabe, on est à 500 mots et même davantage si l'on compte les mots savants du côté de la faune et la flore. Un enfant qui part faire de l'algèbre et de la chimie dans son collège est dans le monde arabe.

Commentaires

Michel P. | 21/12/2020 - 11:57 :
1) Le domaine d'utilisation actuel du français en Europe (France, Belgique, Suisse) correspond à peu près au domaine des dialectes gaulois, dont il reste 4% de mots. Le gaulois ne s'écrivait pas, il fut abandonné en trois générations face au romain, ou plutôt face au bas-romain parlé par les soldats romains. Les Gaulois sont devenus gallo-romains, dont les mots comptent pour 11% du vocabulaire actuel. L'invasion des Francs, qui parlaient une langue germanique, a modifié la grammaire et laissé 13% de mots. A la Renaissance, les emprunts aux langues italiennes furent nombreux (au total, 16% de mots italiens dans le français actuel). C'est à ce moment que ce qu'on appelle le français (en référence aux Francs) est clairement identifié. 2) Au gré des circonstances, la langue a emprunté à l'anglais (25% de mots), à l'arabe (5%), à l'espagnol (4%), au néerlandais (4%), à l'allemand (4%), au persan (3%), aux langues amérindiennes (2%), etc. 3) Le livre du monsieur s'intéresse à deux langues, le gaulois et l'arabe, dont les apports sont réels mais modestes : 4 et 5%. Du moins, comparés à l'anglais (25%) et l'italien (16%). 4) Le titre "Nos ancêtres des Arabes" renvoie au célèbre "Nos ancêtres les Gaulois". Il laisse à penser que les "ancêtres" se caractériseraient par leur empreinte dans le vocabulaire et comme l'empreinte de l'arabe (5%) est supérieure à celle du gaulois (4%), les ancêtres seraient arabes. CQFD. Mais c'est oublier que selon cette théorie, les ancêtres seraient anglo-germaniques haut la main. 5) Une remarque : que veut dire "les Français parlent arabe" ou "ils parlent arabe beaucoup plus que gaulois" ? Ce n'est pas parce que j'utilise un mot d'origine arabe, ou gauloise, que je parle arabe ou gaulois. En plus, il ne faut pas confondre langue et nationalité. Quand un Français parle dans une langue, ça peut être le français, auquel cas il parle français, non pas une autre langue. Mais s'il est arabophone, il peut parler en arabe, auquel cas il ne parle pas en français. Peu importe qu'il y ait des mots arabes dans le français et vice-versa.
Firmin G. | 21/12/2020 - 13:05 :
Il me semble qu'il n'est pas utile de faire preuve de pédantisme wikipédiesque pour commenter cet article. Ce dernier vise tout simplement à combattre l'arabophobie d'un trop grand nombre de Français en leur faisant comprendre que les Arabes qu'ils détestent leur ont fourni : "coton", "magasin", "caïd", "chimie", "algèbre", "amiral", "girafe", "canon", "sucre" etc...etc...Dommage qu'ils ne leur aient pas fourni "conard" !
Michel P. | 21/12/2020 - 13:30 :
1) Eh bien, si c'est ça, je vous invite à considérer que les Français, que vous détestez, ont fourni au créole martiniquais nombre de mots. Quand vous l'aurez compris, je suppose que vous ne les détesterez plus. 2) Tiens, en Martinique, un type va se retrouver devant le tribunal pour avoir publiquement déclaré que les Martiniquais sont des porcs. Vous, vous dîtes que les Français sont des connards. Je ne sais pas s'il est utile de faire preuve d'un pédantisme ordurier dans les relations humaines, mais on atteint des sommets.
Firmin G. | 21/12/2020 - 14:45 :
"Les Français que vous détestez" ???!!! Le "conard" ne leur était évidemment pas adressé vu qu'il est au singulier. Sinon le français n'a pas "fourni nombre de mots au créole comme vous l'écrivez car selon tous les créolistes sérieux (Jean Bernabé etc.), il n'existait pas au moment de la formation du créole. Ce sont les dialectes d'oïl (normand, poitevin, picard, vendéen etc.) qui ont nourri lexicalement le créole.
Firmin G. | 21/12/2020 - 14:51 :
"Les Français que vous détestez" ???!!! Le "conard" ne leur était évidemment pas adressé vu qu'il est au singulier. Sinon le français n'a pas "fourni nombre de mots au créole comme vous l'écrivez car selon tous les créolistes sérieux (Jean Bernabé etc.), il n'existait pas au moment de la formation du créole. Ce sont les dialectes d'oïl (normand, poitevin, picard, vendéen etc.) qui ont nourri lexicalement le créole.

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