Marc PERELMAN (Universitaire, professeur en esthétique) est avec Jean-Marie BROHM (Universitaire, professeur de sociologie) le tenant de La Théorie critique du sport. Dans le titre de leur ouvrage consacré au football, l’expression « une peste émotionnelle», est empruntée à une notion développée par Wilhelm Reich, qui voyait dans le développement de la société « une distorsion grave des valeurs essentielles de la vie». Pour les auteurs « le football en tant que tel est le responsable des violences qui l’agitent » et ils s’attachent à démontrer, de manière générale, « la barbarie des stades ».
Le récit se déroule, dans une première partie, à la Jamaïque, pays de Joseph Rodney, de sa femme Amy et de leurs enfants. Alex Wheatle convie le lecteur à vivre avec cette famille au quotidien, le faisant témoin de ses contrariétés, de ses joies, de ses conflits et de ses secrets. L’auteur nous transporte, à sa suite, de la campagne de Claremont à la ville de Kingston puis à Londres où elle va émigrer. Rodney n’a jamais dit d’où il venait mais le lecteur sait qu’il a quitté sa mère à l’âge de 15 ans (il y a trente ans), qu’il ne l’a jamais revue et qu’il en éprouve force culpabilité. Rodney a un fils David qui rêve de courir le monde mais le récit s’articule autour de la destinée de ses filles Hortense (celle qu’il préfère) et Jenny, qui convoiteront le même homme.
« Le pont suspendu » de Ramabai ESPINET est un beau roman des origines. La narratrice Mona Singh, la quarantaine, vit au Canada où elle exerce la profession de documentaliste pour le cinéma. Au début du roman, elle travaille à une recherche concernant les femmes haïtiennes vivant à Montréal. Son existence bascule, le jour où elle apprend que Kello, son frère atteint du sida, entre dans un service de soins palliatifs. Elle va l’accompagner dans sa fin de vie puis répondre à sa demande d’aller dans leur pays d’origine Trinidad pour racheter la terre ayant appartenu à leur famille. C’est le début d’une plongée dans les souvenirs liés aux Antilles. Il s’agit de reconstituer un passé d’émigrés jamais certains d’avoir définitivement jeté l’ancre.
Rapport du XIIIe Congrès national de l’AGEG, en 1978
Mardi, 10 Juillet, 2018 - 17:16
Les Antillais, une réserve de main d’œuvre pour la France
La première partie de ce rapport établi par une association d’étudiants guadeloupéens indépendantistes (AGEG), en 1978, traite de «la réalité de l’émigration » dans les années 60 et 70. Ses causes officielles sont la démographie galopante et une économie en crise allant de paire avec le chômage. L’AGEG réfute les deux arguments. La population guadeloupéenne, au début des années 70, se stabilise comme le démontre le géographe Guy Lasserre qui va même jusqu’à envisager une baisse. Quant au manque de travail, les capitalistes sont jugés responsables de la mécanisation à outrance dans l’agriculture, de la prolétarisation forcée de nombreux colons éliminés par la Réforme Foncière (1961) et de la fermeture des usines. Par ailleurs, le gouvernement français est dénoncé comme l’initiateur d’une manœuvre de « substitution de population ». Un appel à la perspicacité est lancé : « La France vise à développer chez nous la mentalité de mendiants, pour faire de notre peuple un peuple d’assistés » alors que dans le même temps se propagent dans le pays des « schèmes de consommation de l’occident bourgeois ».
Anansi, personnage de conte, est une célébrité dans les Antilles anglophones, à Curaçao, au Surinam, chez les Boni de Guyane. Il n’est pas connu en Guadeloupe et en Martinique où sévit à sa manière Compère Lapin. Dans une anthologie de référence parue aux éditions Caret en 2006, Armelle Détang et Jacqueline Picard nous permettent de faire connaissance avec ce héros masculin qui a traversé l’Atlantique à bord du bateau négrier.
Au Congrès de Vienne, en1815, les grandes puissances européennes décident de mettre fin à la Traite, qui se poursuivra pourtant en dépit des interdictions. On note même un accroissement des expéditions, les négriers bénéficiant de la complicité des autorités de répression. La traversée transatlantique, compte tenu de son illégalité, gagne encore en inhumanité. Les Africains sont entassés dans des bateaux plus petits pour faire diversion et la route empruntée est différente, plus longue.
Au XVIIIe siècle, l'Empire ottoman continue d'alimenter le monde arabo-musulman en esclaves européens et africains. C'est ainsi qu'en 1703, Hanibal est arraché à son pays, le nord de l'actuel Cameroun ; il a 7 ans. Il n'est pas musulman, ce qui a autorisé sa capture et sa vente à un sultan de Constantinople. Au terme d'un long périple, l'enfant devient, en Russie, l'esclave de l’empereur Pierre le Grand, qui en fait également son filleul. En 1717, il accompagne le tsar à Paris. Il est confié au duc du Maine, fils naturel de Louis XIV. Hanibal fait dans la patrie de Vauban des études de mathématiques, de fortifications et d'artillerie et devient un brillant ingénieur militaire.
Anaïs Ségalas (1814-1893) situe l’intrigue de son roman à la Guadeloupe, sur l’habitation de Charly de Tercel, le père de Rosélis une fillette de trois ans. L’esclavage a été aboli et dés la première page l’auteur donne le ton qui va être celui de l’ouvrage. « Les esclaves, dit-elle, ne sont plus que des travailleurs qui malheureusement ne travaillent guère » et elle ajoute qu’ils gâtent « la pensée juste et généreuse de l’abolition ». Autrement dit l’abolition était un cadeau octroyé à des paresseux qui ne le méritaient pas.
La quatrième de couverture l’annonce : le premier roman de Kamel Daoud est un « hommage en forme de contrepoint rendu à L’Etranger. » Rappelons donc le sujet du roman d’Albert Camus publié en 1942. L'intrigue se déroule en Algérie avant l'indépendance. Le narrateur Meursault est un Français indifférent à tout. Au début du roman on le voit, impassible, enterrer sa mère. Sur une plage, il tue sans raison un Algérien.
Anna Morgan est une jeune orpheline blanche, originaire d’une petite île des Antilles. Contrainte à l’exil par un revers de fortune, elle tente de survivre en Angleterre. Déracinée, sans le sou, dépourvue d’esprit combatif, notre héroïne vit d’expédients. C’est ainsi qu’elle est amenée à évoluer dans un milieu interlope et à se faire entretenir par des hommes dans la compagnie desquels elle cherche, vainement, la preuve de la réalité de sa propre existence. Anna se meut dans la vie comme un zombi. Même les miroirs, sur lesquels elle se penche souvent, lui renvoient invariablement une image inquiétante d’elle-même, un reflet déconcertant, comme si elle regardait « quelqu’un d’autre ».
A pou zòte mo fait Atipa. A pas francé non, a criole. »
C’est la dédicace qu’Alfred Parépou adresse aux Guyanais, quatre décennies après l’abolition de l’esclavage. Pour la première fois un créolophone prend sa plume pour écrire un texte long de plus de deux cents pages dans sa langue. Il s’agit d’une gageure. L’auteur prévient son lecteur : « Limprimerie France yé la, pas savé écrit criole/…/ yé trompé toujou oune tas côté. Ca pou ca fait engnin ; mo savé zòte wa comprendne li toute meinme. »
Melvin Hutchinson est un Afro-américain au parcours exemplaire. Ses parents l’ont élevé dans la conscience de sa valeur. A la veille de son départ pour l’université, sa mère, institutrice, le met en garde contre les noirs qui essayeront de le détruire plutôt que de voir un des leurs réussir, et elle accompagne ce conseil d’une interdiction, celle de ne jamais lui « ramener une blanche ». Melvin emprunte le chemin ainsi tracé.
Depuis 1948, grâce à une initiative du maire de Saint-Claude, Rémy Nainsouta (1883-1969), une stèle érigée sur le morne Savon, à Matouba, rappelle la mort de Delgrès et de ses hommes, le 28 mai 1802. Mais l’emplacement exact de l’habitation d’Anglemont, dans laquelle ils se sont suicidés au cri de « Vivre libre ou mourir », n’était pas connu de façon précise avant des fouilles archéologiques entreprises en 2005. Gérard Richard, alors Conservateur du Patrimoine au Conseil Régional, a publié dans le bulletin de la Société d’Histoire de la Guadeloupe (SHG, n°160) un article dans lequel il donne la description de l’habitation d’Anglemont avant sa destruction. Il indique également le résultat des fouilles menées par le service de l’inventaire et de l’archéologie, qu’il dirigeait à l’époque, pour en mettre à jour les restes.
Ancien combattant du FLN, le commissaire Brahim Llob est en poste à Alger dans les années qui précédent la guerre civile. Un de ses lieutenants étant accusé d’avoir voulu abattre un notable, Llob se lance dans une enquête destinée à le disculper. Cette enquête, riche en rebondissements, s’inscrit dans l’histoire contemporaine de l’Algérie, dont elle se nourrit.
Ella Habiba SHOHAT est Israélienne née de parents juifs irakiens. Elle vit et enseigne aux Etats-Unis. Ella Habiba SHOHAT se sent et se revendique autant arabe que juive et prend la défense des identités multiples. Elle a consacré un essai aux juifs orientaux ou « misrahim», qu’elle appelle aussi, juifs arabes : «Le sionisme du point de vue de ses victimes juives» (La Fabrique, 2006). Ella Habiba SHOHAT est aussi une spécialiste de l’œuvre de Frantz FANON