Aujourd’hui en Haïti, quels sont donc les liens entre droits linguistiques, droits citoyens, politique linguistique d’État, aménagement linguistique et élaboration de dictionnaires et lexiques selon les normes de la lexicographie professionnelle ? Le présent article apporte des éléments de réponse à ces questions en examinant une production lexicographique récente élaborée principalement au MIT.
"Outre ses défauts fonctionnels, l’écriture inclusive pose des problèmes à ceux qui ont des difficultés d’apprentissage et, en réalité, à tous les francophones soudain privés de règles et livrés à un arbitraire moral." Bien que favorables à la féminisation de la langue, plusieurs linguistes estiment l'écriture inclusive profondément problématique.
L’écrivain Mme de Staël, fille du richissime banquier Necker et farouchement hostile à la Révolution française à partir de 1792, écrit à propos de Robespierre : « ses traits étaient ignobles, ses veines d’une couleur verdâtre ». Ce portrait correspond à l’image que l’on se fait généralement de Robespierre : celle d’un pâle sanguinaire, d’un guillotineur cadavérique. Mme de Staël ajoute une précision intéressante : « Sur l’inégalité des fortunes et des rangs, Robespierre professait les idées les plus absurdes ». Quelles étaient ces idées ?
Depuis quelques années, un regain d’intérêt pour la linguistique Saussurienne est apparu dans les milieux de la linguistique. La raison n'est plus le CLG (Cours de linguistique générale), mais les nouveaux Cahiers retrouvés en 1996 et édités en 2002. Ce nouveau corpus composé de manuscrits et de cahiers d’étudiants allait permettre non seulement de nouvelles lectures, mais essentiellement de rétablir une vérité sur l'impasse faite aux développements épistémologiques qui débutaient le deuxième cours de Saussure (1857-1913). L’intérêt de ces Cahiers retrouvés réside dans le fait qu’ils mettent la lumière sur les vrais apports des études de Saussure à la linguistique de la parole offrant cette fois-ci une image plus juste de ce que fut son projet linguistique
C’est seulement depuis les années soixante-dix que l’on se soucie vraiment et partout dans les mondes créoles de doter les parlers créoles de systèmes graphiques cohérents. Alors que chez les linguistes, préoccupés de plus en plus de la description des langues créoles, on prônait un peu partout le passage de représentations très francisées à une transcription phonétique, avant d’élaborer davantage les systèmes graphiques proposés, on constate un énorme décalage avec les pratiques et les points de vue affichés dans la population. Combien de fois des locuteurs qui ne parviennent pas à imaginer leur créole autrement que comme dérivé du français, comme une sorte de “patois français” - situation qui les confronte à une grande insécurité linguistique -, ne s’offusquent-ils pas des représentations graphiques qui sont proposées ? On parle par exemple, selon les zones et selon les personnes, de “créole américain”, ou de “créole K-W” pour ces notations dont la cohérence même est jugée provocante.
En France, les principales catégories de patronymes furent formées au Moyen Age à partir des éléments suivants : noms de métiers, provenance géographique, surnoms plus ou moins désobligeants, noms de baptêmes.
La (Dé)colonialité est avant tout un concept originaire du tiers monde. Elle apparut au moment même où la division tripartite du monde se démantelait et où se célébraient la fin de l’histoire et l’instauration d’un nouvel ordre mondial. Son apparition eut un impact semblable à celui de la « biopolitique » d’origine européenne
Kelly a perdu sa femme et sa fille dans un accident de voiture. Il revient à Baltimore, où il accepte un poste de manager dans une station de radio locale. Là-bas, sur le parking d’un supermarché asiatique, il croise un homme noir. Un étrange sentiment de familiarité le prend au corps. Cet homme-là, il le connaît, c’est certain. Mais impossible de dire qui il est précisément... «Kelly. Je parie que tu te demandes comment je connais ton nom. Kelly, c’est Martin.» L’homme s’approche, et alors le passé, soudain, ressurgit. Ce visage inconnu se superpose avec une figure ancienne. Celle d’un gringalet pâlichon, en Doc Martens et baggy noir, bassiste dans son groupe au lycée. Mais Martin était blanc. Il n’avait pas le même nez. Ni les mêmes cheveux. Ni l’air d’un Afro-Américain comme l’homme qui se tient en face de lui. «Chirurgie de réassignation raciale», lui répond Martin.
Ces deux grands intellectuels martiniquais, au parcours si différents, sont aujourd'hui monté en Galilée comme on dit en créole, c'est-à-dire décédés. Le premier, Edouard GLISSANT, le 03 février 2011, à Paris, à l'âge de 84 ans ; le second, Jean BERNABE, le 12 avril 2017, à Schoelcher (Martinique), à l'âge de 75 ans. Ils étaient tous deux originaires du Nord-Atlantique de la Martinique, région prétendument délaissée si l'on écoute ses divers élus, mais en réalité, poumon agricole, réservoir écologique et château d'eau de l'île.
Le mot "race" était présent dans la Constitution pour marquer, après l’épisode nazi, l’incompatibilité du racisme avec la conception républicaine de la loi.
“Prophet Muhammad’s grandsons Hasan and Husain noticed that an aged person didn’t correctly perform his ablution. Instead of telling him that his method was incorrect, they asked, ‘Uncle could you judge which of the two of us does ablution properly?’ The old man watched both the brothers perform their ablutions as they had seen their father Ali and grandfather do. When they had finished, the old man remarked, ‘Both of you did better than I did.’ It is apt to call the art of critique by Hasan and Husain tanqid (criticism) by tamsil (exemplification, perhaps even embodiment).” —Irfan Ahmad, Religion as Critique
“Beauty, poetry, spirituality—this is what is most cruelly lacking from our modern, dry, societies.” —Houria Bouteldja, Whites, Jews, and Us
Quels sont les effets politiques de l’affaire Tariq Ramadan ? Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des Indigènes de la République, répond à cette question et fait l’état des lieux des féminismes.
De nombreux activistes ou membres d’ONG connaissaient de longue date l’existence d’un trafic d’esclaves subsahariens dans la Libye actuelle. Ce qui a changé avec la diffusion d’un reportage par CNN le 13 novembre 2017, c’est que personne n’a plus la possibilité de faire semblant de l’ignorer. L’éthique commande de prendre en compte cette situation et de tenter d’en comprendre les ressorts, en évitant les facilités de l’antiracisme moral. Pour ce faire, il importe de prêter attention à deux niveaux. Premièrement, rappeler que ce qui répond aujourd’hui au nom de « Libye » n’est plus un État. Depuis l’intervention impérialiste que l’on sait, elle a perdu toute souveraineté ; elle est devenu un pays fantomatique ou zombie, incapable d’assurer le monopole de la violence légitime sur son propre territoire. Pire, elle s’est muée en un vulgaire prestataire de service pour l’Union Européenne. En février 2017, à la faveur du Plan d’action de la Valette, 200 millions d’euros sont débloqués en vue de financer le contrôle de ses frontières. En juillet s’y ajoutent 43 millions de plus. Aux yeux des institutions européennes, peu importe que la Libye soit un État, une nation. Elle doit être une frontière, et la plus infranchissable possible. Que leur importe si, au-delà, règnent l’esclavage, le meurtre, le viol, la destruction et l’abaissement de tout ce qui fonde l’humain. L’histoire récente du continent Africain et du Moyen-Orient nous le rappellent inlassablement : la dissolution des États laisse souvent le champ libre à la résurgence de formes débridées et sidérantes de violence sociale ou politique. L’esclavagisme en est une des déclinaisons.
It’s not often that you get to create a new university from scratch: space, staff – and curriculum. But that’s exactly what we’re doing in Mauritius, at one of Africa’s newest higher education institutions. And decoloniality is central to our work.
Cet article est une introduction à la pensée critique latino-américaine, de la philosophie de la libération au tournant décolonial proposé par le groupe de recherche pluridisciplinaire Modernité/Colonialité. Dans un premier temps sont présentées les principales contributions de la philosophie de la libération en tant que pensée critique latino-américaine. Est abordée ensuite la question de la pertinence actuelle des motivations et des inquiétudes initiales de la philosophie de la libération, ainsi que la pertinence de ses thèses et de ses principales catégories. Puis sont présentées les principales critiques adressées à ce courant de pensée en quarante ans d’existence. Enfin est introduit le tournant décolonial du groupe Modernité/Colonialité. L’accent est mis sur la notion de pluriversalité que proposent les penseurs critiques latino-américains présentés dans cet article.
Resumen: Las lenguas criollas han sido tradicionalmente consideradas como variedades de las lenguas colonizadoras, dominantes, con las que comparten una relación diglósica y por tanto una consideración y reconocimiento institucional relativo, y que cuentan con diversas aportaciones de otros sistemas lingüísticos. De esta forma, se han categorizado como lenguas “mixtas” o lenguas “planeadas”, olvidando no solo el carácter múltiple de su composición sino también las diferencias del contexto en que se desarrollan. En estas páginas, veremos brevemente las influencias que reciben así como algunos conceptos que nos ayudarán a comprender su situación actual. Palabras clave: criollo, pidgin, creolización, colonización, Antillas
Une langue admirable, en dépit d’une émotion à grand-peine contenue, émanant d’un grand homme, droit au nom des siens en l’église Saint-Sulpice à Paris, au pied de la dépouille du professeur Jean Meyriat, fondateur en France de la discipline universitaire des sciences de l’information et de la communication : c’est ainsi que s’opère ma rencontre avec cet universitaire martiniquais de pure souche, doyen de la faculté Schœlcher pendant plus de dix ans.
Dans un pamphlet assumé, “Le Danger sociologique”, Gérald Bronner et Etienne Géhin attaquent de front la tradition déterministe des sciences sociales : à savoir les fondements mêmes de la sociologie. Un essai controversé qui rallume une vieille guerre de tranchées entre des courants de plus en plus irréconciliables.