Jeudi 28 mai dernier, la Bibliothèque Schoelcher de Fort-de-France recevait Louis Boutrin à l’occasion de la sortie de son premier roman, « LA COULEE DE LA RIVIERE BLANCHE » publié aux éditions Ediprint. L’auteur avait choisi comme premiers lecteurs le sociologue Louis-Félix Ozier-Lafontaine et l’écrivain et universitaire Raphaël Confiant. Tous deux s’employèrent à expliciter, devant une soixantaine de personnes, la question centrale que pose ce livre à savoir la question raciale aux Antilles et en particulier celle des relations entre gens de couleur et Békés à la Martinique.
L-F. Ozier-Lafontaine développa une analyse passionnante qui remit certaines pendules à l’heure quant à un certain nombre d’idées circulant sur les relations raciales à la Martinique, déconstruisant au passage un discours qui réifie ces dernières sans prendre en compte la dynamique à l’œuvre au sein de celles-ci. R. Confiant, pour sa part, après avoir présenté l’auteur, évoqua l’ouvrage et sa toile de fond à savoir l’éruption de la montagne Pelée en 1902 sur fond de rivalités politico-raciales entre Békés, Mulâtres et Nègres. En fait, « LA COULEE DE LA RIVIERE BLANCHE » s’appuie sur le centenaire de l’éruption (en 2002) et sur les commémorations grandioses auxquelles elles donnèrent lieu pour mettre en scène un couple improbable : l’épouse d’origine békée, mais ayant toujours vécu en France, d’un célèbre vulcanologue venu donner une conférence, et un guide de moyenne montagne nègre, sont contraints de passer la nuit en haut de la montagne à la suite d’une excursion qui a failli mal tourner. Dans le gite, situé non loin de la fameuse Caldeira, ils donneront libre cours à leurs sens.
Mais le roman de Boutrin ne saurait se résumer à cela, c’est aussi un traité de botanique et de volcanologie, traités de manière littéraire et donc fort agréable. C’est un chant d’amour pour la côte Nord-Caraïbe de la Martinique, en particulier la région Carbet-Saint-Pierre, dont l’auteur nous décrit avec talent mornes, rivières, savanes et arbres mystérieux. C’est enfin un hymne à la renaissance de Saint-Pierre, l’ex-Petit Paris des Antilles.
Un débat animé s’en est suivi avec des interventions fortes comme celles du plasticien Alexandre Cadet-Petit ou du sénateur et président du Conseil Général, Claude Lise. Louis Boutrin répondit sans fard à toutes les questions qui lui furent posées, donnant, comme le déclara l’un des participants, l’envie de lire son livre.