Depuis environ deux ans, un vent de jeunisme souffle sur la scène politique martiniquaise : de jeunes (quinquagénaires pour la plupart tout de même) politiciens cherchent à pousser à la retraite de vieux politiciens septuagénaires, voire quasi-octogénaires pour certains. Cela n’a a priori rien de bizarre ou d’anormal. Les générations passent, le monde évolue et pour paraphraser Frantz Fanon, chaque génération doit assumer son destin.
Bien !
Sauf qu’on est obligé de se poser certaines questions au vu de certains discours tenus par lesdits jeunes et se demander en particulier si la jeunesse de leurs artères correspond bien à la jeunesse de leurs idées. Et qui dit idées dit projet pour la Martinique, projet novateur, audacieux. Bref, quelque chose qui puisse emballer, mobiliser notre jeunesse en déshérence.
On est ainsi effaré d’entendre l’un de ces jeunes politiciens se réclamer solennellement et nommément du député socialiste Joseph Lagrosillière et de son « bout de chemin avec l’usine ». Oui, effaré car ce pacte a été conclu en…1919. C’est-à-dire il y a 96 ans !!! A quoi bon mettre en avant sa « jeunesse » si c’est pour aller réveiller des morts ? Pire, les morts en question avaient scellé une alliance scélérate sur le dos des travailleurs martiniquais dont la quasi-totalité étaient, en ce début du XXe siècle, des coupeurs de canne vivant dans des conditions de misère atroce telles que Joseph Zobel les a décrites dans son fameux roman « La Rue Cases-Nègres ».
Est-ce cela la nouveauté que nous proposent nos « jeunes » politiciens si empressés de pousser nos vieux politiciens vers la sortie ? Est-ce que leur philosophie politique se fonde sur un pacte datant de près d’un siècle et qui n’a rien rapporté de bon au peuple martiniquais, sinon une mainmise accrue de la caste békée sur la Martinique ?
Bravo, les gars !
Et que dire de ces autres « jeunes » politiciens membres de partis qui prônent à longueur de journée l’éradication des Békés (et le remboursement par la France de milliards d’euros de « réparations » à cause de l’esclavage) et qui pourtant participent en grande pompe à ces cérémonies où sont tenus des discours lagrosilliéristes ? Cela apparemment ne les gêne pas le moins du monde !
Ce ne sont ni de jeunes ni de vieux dont a urgemment besoin la Martinique. Cette dernière a besoin de personnes qui refusent toute compromission avec le système en place, tout pacte avec les puissances d’argent, qui combattent sans merci les quatre principales plaies de la Martinique à savoir la corruption, le népotisme, le clientélisme et le macoutisme.
Le lagrosilliérisme, même pas revu et corrigé d’ailleurs, est un leurre, une impasse, une insulte même envers cette majorité de Martiniquais qui survit avec à peine 600 euros par mois.
Pli ta, pli tris !...
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