A l'initiative de l'île de la Dominique, le 28 octobre de chaque année a été choisi comme "Jounen Kréyol toutwon Latè" (Journée Internationale du créole) depuis 1986. Plus qu'une journée, les célébrations durent une semaine (Sainte-Lucie, Dominique, Guyane etc.) ou carrément un mois entier (Guadeloupe, Montréal etc.).
En clair, tous les pays créolophones de la planète, y compris certains comme Cuba où l'implantation des créolophones est relativement récente (début du 19è siècle), récente parce que la langue créole naît au 17è siècle, on célèbre notre langue maternelle pour certains, matricielle pour d'autres. Ce distinguo avait été opéré par Jean BERNABE pour montrer que même chez ceux qui ne parlent pas créole tous les jours, cette langue est profondément enracinée en eux : elle est dès lors "matricielle".
Il existe même des pays où le créole est presque éteint (Louisiane, Trinidad) et où des efforts sont faits pour sauver la langue, l'exemple le plus étonnant étant celui de l'île de Grenade où il a complètement disparu sauf dans les contes, proverbes et chants traditionnels et où l'on essaie de faire revivre la langue. En effet, les Grenadiens n'e peuvent plus de citer des proverbes ou de chanter des chansons dont ils ne comprennent pas un mot.
Qu'en est-il à la Martinique ?
L'île où pourtant, avec Haïti et la Guadeloupe, il y a le plus de linguistes du créole, d'écrivains créolophones et où, à la Faculté des Lettres et Sciences humaines, existe une Licence et un Master de Langues et Cultures Créoles. La Martinique qui, il y a une quinzaine d'années de cela, fut à la pointe du combat pour la création du CAPES de créole et du Professorat des Ecoles-option "Créole".
Des créolistes avaient proposé à la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique), dès 2015, de créer un "OFFICE DE LA LANGUE CREOLE" comme il en existe partout où il y a des langues dominées ou en danger : Corse, Tahiti, Catalogne, Bretagne, La Réunion etc...Il semblerait que cet organisme, pourtant indispensable, à la revitalisation de la langue ne soit plus à l'ordre du jour. D'un autre côté, on constate que la ville de Fort-de-France s'est lancée dans la "Dikté kréyol" depuis deux ans, à l'imitation de celle de Trinité qui existe depuis plus d'une décennie, et que lors de sa Convention de Rivière L'Or, l'an passé, le PPM (Parti Progressiste Martiniquais) avait mis la défense de la langue créole en numéro 2 des 8 actions à entreprendre en urgence pour redresser la Martinique.
En fait, quand nos politiques martiniquais sont dans l'opposition, ils assurent être pro-créole, mais dès qu'ils arrivent au pouvoir, ils oublient le créole. Ils ont sans doute raison : cela rapporte considérablement moins de voix que le Tour des yoles, le Tour Cycliste, la Mercury Beach, ou la Gold Cup.
Cela ne doit pas empêcher les défenseurs martiniquais de continuer à se battre. C'est ce qu'ils ont toujours faits Tout seuls. Depuis 1975 (date de la création du GEREC ou Groupe de Recherches en Espace Créole) de Jean BERNABE à l'ex-université des Antilles et de la Guyane. Sans même évoquer la nuée d'écrivains (es) créolophones qui n'ont eu besoin de l'aide de personne : Gilbert GRATIANT, Marie-Thérèse JULIEN-LUNG-FOU, Georges MAUVOIS, MONCHOACHI, Hughes BARTELERY, Raphaël CONFIANT, Serge RESTOG, Térez LEOTIN, JALA, Georges-Henri LEOTIN, Jean-Marc ROSIER, Roland DAVIDAS, Roger EBION, Judes DURANTY et tant d'autres...
Bel mwa oktob ba tout moun ka palé kréyol asou latè !...
