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Autonomie : pourquoi la Corse et pas la Martinique ou la Guadeloupe ?

Autonomie : pourquoi la Corse et pas la Martinique ou la Guadeloupe ?

   Parce que les Corses sont plus combatifs que les Antillais ? Aucunement ! Sans remonter aux révoltes d'esclaves, à la lutte d'Ignace et Delgrès contre l'armée napoléonienne en Guadeloupe ou à l'Insurrection du Sud de 1870 en Martinique, notre histoire a été marquée par des grèves sanglantes et des révoltes vite réprimées par l'Etat (français (décembre 59 en Martinique, mai 67 en Guadeloupe).

 

   La Martinique et la Guadeloupe n'ont jamais été ces îles "paradisiaques" que décrivent les brochures touristiques. 

   Parce que les Corses ont une tradition d'armes, une combativité quasi-militaire et que le FNLC a tenu tête durant des décennies aux forces de répression françaises ? S'il est vrai que les Corses sont un peuple millénaire et que les Antillais un peuple tricentenaire, s'il est vrai que la chasse (et donc l'habitude des armes) est pratiquée dans l'île de Beauté depuis toujours, s'il est vrai que la Corse a été (brièvement indépendante) sous Pascal Paoli etc..., il n'en demeure pas moins que tout jeune qu'il soit, tout fracassé qu'il ait été par l'esclavage, tout contraint qu'il ait été de créer ("créole" vient du latin "creare") de toutes pièces une nouvelle langue et une nouvelle culture, le peuple antillais a toujours su résister et se battre.

   Dans les années 80 du siècle dernier, est apparu l'ARC (Alliance Révolutionnaire Caraïbe) qui a ébranlé l'Etat français avec une quarantaine de bombes en Guadeloupe et une trentaine en Martinique. Rien que dans cette dernière ont sauté : la Chase Manhattan Bank à Fort-de-France, la Sous-préfecture de Trinité, le Golf des Trois-Ilets, la gendarmerie de Rivière-Salée, l'Antenne de télévision du Morne-Rouge etc...Non, les Antillais n'ont jamais été des pleutres, des trouillards. Du moins les plus conscients et déterminés d'entre eux...Mais ils ont été rattrapés par la réalité : nos îles, contrairement à la Corse, sont trop petites pour y mener une lutte armée durable. Le sentiment national y est trop récent et trop fragile, contrairement à la Corse, pour que les résistants puissent espérer s'appuyer durablement sur la population. Le désastre économique qu'est l'économie de comptoir fait aussi que la majorité de la population se retrouve pieds et poings lié soit aux Békés (secteur privé) soit à l'Etat français (secteur public). Employés ou fonctionnaires avec des professions dites libérales qui vivent sur les 40% des fonctionnaires (un architecte, un expert-comptable ou un avocat saint-lucien, par exemple, ne demanderont jamais à leurs clients les mêmes émoluments que leurs alter ego martiniquais ou guadeloupéen). Bref, tout le monde est, aux Antilles, prisonnier du système Béké/Etat français. 

   Ne reste donc que l'autonomie comme première porte de sortie !

   Or, il y a un parti, le PPM (Parti Progressiste Martiniquais), fondé par Aimé Césaire, dont le mot d'ordre est, depuis...trois-quarts de siècle, celui...d'"Autonomie pour la Nation Martiniquaise", parti qui détient la capitale de la Martinique, Fort-de-France, depuis aussi longtemps. Trois-quarts de siècle, ça fait beaucoup ! C'est long, très long. De plus, le PPM a eu des députés et des sénateurs, a présidé le Conseil Régional à diverses reprises et préside aujourd'hui la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique). D'ailleurs, en ce moment, sur 34 maires que compte l'île, plus d'une vingtaine sont soit PPM soit proches du PPM. 

   Qu'a donc fait le PPM pour faire avancer l'idée d'autonomie ?

   RIEN ! Pendant trois-quarts de siècle, cela a été un slogan creux, vide même, jamais explicité de manière concrète et surtout chiffrée. Dans leurs discours électoraux, les leaders du PPM se contentaient d'évoquer rituellement "les länder allemands et les provinces italiennes" mais sans plus. Certes, l'assimilationnisme de droite a longtemps été puissant et a joué sur la peur du largage, bridant ainsi toute velléité populaire de faire un petit pas vers la responsabilité locale et donc toute forme d'autogestion ou d'autonomie. Certes ! Mais le "Moratoire" décrété en 1981 par Aimé Césaire, la critique virulente par le PPM de l'alliance Marie-Jeanne (Martinique)/Micheaux-Chevry (Guadeloupe)/ Karam (Guyane), tous trois présidents de Région, pour tenter de faire avancer les choses vers plus de responsabilités locales, le mot d'ordre anbafey​ du "NON" lors du vote sur l'Article 74 en 2010 etc..., tout cela a contribué à décrédibiliser l'idée d'autonomie aux yeux du plus grand nombre.

   Car si les promoteurs de l'autonomie n'en voulaient pas et n'en veulent toujours pas, pourquoi s'attendre à ce que le peuple la réclame ?

   Mais le summum de l'indignité et de la lâcheté a été atteint lorsqu'en 2021, le ministre des Outremer a déclaré, en pleine crise du covid, qu'après une discussion avec des élus guadeloupéens, la notion d'autonomie avait émergé et que l'Etat était prêt à en discuter. En Guadeloupe, le corps politique a toussé, s'est regardé les uns les autres, a haussé les sourcils avant d'enterrer la proposition ministérielle. En Martinique, plus lâches encore, les politiciens ont adopté la posture suivante : "C'est les Guadeloupéens qui ont réclamé ça, pas nous !". Evidemment, les choses n'ont pas été dites aussi franchement, la franchise n'étant pas une vertu cardinale chez les élus martiniquais, mais ça revenait à cela. Dans les deux îles en tout cas : Nou pa (v)lé lotonomi !

   CONCLUSION : si la cause de l'autonomie n'a jamais avancé aux Antilles, si chaque fois qu'il y a une possibilité de faire un pas en sa direction, on bat en retraite, c'est parce que les autonomistes déclarés sont hostiles à.…l'Autonomie. Hostiles à toute forme d'autonomie !

 

Commentaires

Tokyo 2021 | 19/03/2022 - 18:09 :
Conclusion: les Mquais (départementalistes ,autonomiste ,et mmes "indépendantistes " ) NE VEULENT PAS d'une rupture avec la Fce.....Encore une fois ,trop facile et même lâche d''accuser les seuls Békés :LA CLASSE MOYENNE ,ivre de surconsommation imbécile ,STRUCTURELLEMENT LIEE AUX BEKES permet à ces derniers de s'enrichir toujours plus en leur achetant terres agricoles déclassées pour y construire ses sales villas ,grosses cylindrées voyantes ,électroménager prétentieux dernier cri ,ameublements et matériaux de construction divers ,voyages et croisières etc
Tokyo 2021 | 19/03/2022 - 14:51 :
.
Jean-Philippe S... | 21/03/2022 - 09:28 :
Quand on y repense, la perche a été tendue à la Guadeloupe en Novembre, suite aux événements sociaux que l'île a connu.
yvleo | 22/03/2022 - 06:19 :
Les autonomistes et les indépendantistes martiniquais sont d'abord des adeptes de la continuité territoriale et de l'octroi de mer.

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