La physique quantique est basée sur des phénomènes aléatoires et sur de nombreuses indéterminations. L’une d’elles est connue sous le nom de l’indétermination de Heisenberg.
Par « indétermination » on signifie ici que, quoi qu’on fasse, la mesure ne peut pas être plus précise que nous l’autorise la physique. L’indétermination de Heisenberg porte ainsi sur la vitesse (l’impulsion, en fait, qu’on approcherait classiquement par la vitesse) et la position d’une particule dans l’espace. Les deux ne sont pas mesurables ou connaissables de façon simultanée.
Pour faire simple, si on connaît la position d’une particule, alors sa vitesse sera indéterminée (et indéterminable). À l’inverse, on peut connaître la vitesse de la particule, mais alors ce sera sa position qui sera indéterminée.
Mathématiquement, tout cela revient à dire que l’incertitude sur la position (Δx) et l’incertitude sur la vitesse (sur l’impulsion, Δp) ne peuvent être infiniment petites à la fois :
Δx × Δp ≠ 0
En réalité, l’inégalité de Heisenberg est :
Δx × Δp ⩾ h/2π
Où h/2π étant une valeur constante.
On voit alors que si l’incertitude sur la position Δx diminue beaucoup, alors l’incertitude sur la vitesse Δp augmente de façon importante afin de satisfaire à l’inégalité. Même chose dans l’autre sens.
On peut se demander d’où tout ceci peut venir : après-tout, en mécanique classique, si on sait où se trouve notre voiture, on peut très bien en connaître la vitesse aussi…
Déjà, on l’a déjà dit mais c’est très important : le monde de la physique des particules ne réagit pas, ou n’est pas descriptible par les mêmes lois que la physique classique. La physique des particules est sujette à des comportements totalement contre-intuitifs.
Revenons à l’indétermination de Heisenberg : comment expliquer le fait qu’on ne puisse pas savoir simultanément où se trouve une particule et comment elle se déplace ? On peut expliquer ça avec la dualité onde-corpuscule de la lumière.
Au 17ème siècle, Newton pensait déjà que la lumière était une particule (comme des petites billes). Pratiquement à la même époque, Huygens pensait au contraire que la lumière était une onde. Sa renommée était telle que ce fut l’explication de Newton qui fut retenue durant plus d’un siècle.
Il a fallu attendre que Young et d’autres arrivent à faire interférer deux rayons de lumière et former des figures d’interférences, comme on peut faire interférer des vagues (des ondes également) à la surface de l’eau, pour contrer la théorie de Newton. Il n’était alors plus question de lumière sous forme de particules, mais uniquement sous la forme d’ondes.
C’est finalement grâce à Einstein, au début du XXe siècle, que la théorie corpusculaire de la lumière fut de nouveau remise sur la table : Einstein avait montré que la lumière pouvait interagir avec la matière, par exemple lors de l’effet photoélectrique (les panneaux solaires). Ces phénomènes montrent que la lumière heurte les électrons comme des particules normales.
D’un côté, les expériences de Young étaient la preuve que la lumière était une onde et de l’autre côté, les travaux d’Einstein montraient que la lumière était faite de particules : les photons.
C’est De Broglie en 1924 qui arrivera à concilier les deux idées : il montra durant sa thèse que la lumière était quelque chose qui pouvait être soit une onde, soit une particule, selon l’expérience ; et qu’en réalité le photon était quelque chose d’autre qu’il nommera « paquet d’onde ». Plus tard, il montrera que la même chose est vraie pour les électrons, les atomes et même des molécules entières !
Vous vous souvenez de l’indétermination ? Elle dit qu’une particule ne peut à la fois livrer sa position et sa vitesse. Autrement dit, même avec toute la bonne volonté du monde, il vous serait impossible de calculer à la fois la vitesse et la position d’une particule.
Selon De Broglie, une particule peut être soit une onde :
Soit un paquet d’onde (un paquet d’onde représente une particule de manière ondulatoire) :
Posez-vous deux questions :
Et maintenant :
C’est donc simple : l’onde possède une vitesse parfaitement définie mais elle est partout, et le paquet d’onde a une localisation très précise mais a une vitesse vaguement définie (sans mauvais jeu de mot).
Dans la réalité, c’est ce qui se passe c’est qu’on observe des paquets d’ondes. En observant un seul paquet d’onde, on observe comme une particule d’énergie (photon) et en observant un flux continu d’énergie (plusieurs paquets d’ondes à la suite, donc collés, donc formant comme une onde « entière ») on observe une onde.
L’indétermination de Heisenberg est liée au phénomène de dualité onde-particule de la lumière et le fait qu’il n’est en fait ni l’un ni l’autre mais plutôt un « paquet d’onde ».
Que ce soit la lumière, l’électron ou même un atome entier, soit il est localisé sans avoir de vitesse précise, soit on ne sait pas trop où il est mais on peut mesurer sa vitesse (avec sa longueur d’onde) avec une grande précision.
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