Le Congrès de la Martinique, c’est-à-dire la réunion exceptionnelle des deux assemblées locales (Conseil régional et Conseil général) et des parlementaires (députés et sénateurs) a donc adopté hier une décision capitale pour l’évolution institutionnelle de la Martinique : placer celle-ci dans le cadre de l’article 74 de la constitution française. Notons, au passage, que c’est cet article qui régit la Polynésie française, entre autres.
Cette décision a été obtenue à la suite d’un vote (74 % votants) qui s’est révélé un véritable plébiscite pour les présidents des deux collectivités à savoir Alfred Marie-Jeanne (Région) et Claude Lise (Conseil général), cela aux termes de pas moins de onze heures de débats quasi non-stop et intégralement retransmis par RFO-Télé.
Certes, la Droite, archiminoritaire, il est vrai, et surtout le PPM (Parti Progressiste Martiniquais, fondé par Aimé Césaire en 1958), mené par son leader, Serge Letchimy, député-maire de Fort-de-France a tenté de gagner du temps, d’allonger les débats, de faire diversion, etc., mais ces manœuvres ont finalement échoué, le président Marie-Jeanne menant son affaire avec la maestria qu’on lui connaît.
La presse commentera cette journée historique en long et en large, n’en doutons pas ! Journalistes politiques, politologues et sociologues à la petite et à la grande semaine s’en donneront à cœur joie afin de nous décortiquer par le menu ce qui s’est passé. Chacun, d’ici quelques jours, pourra donc se faire une opinion définitive sur la question.
Ce qui, par contre, aura retenu notre attention au cours de cette longue journée de débats, c’est la revendication par le PPM de ce qu’il a appelé « un article 74-Martinique », slogan dûment affiché sur une pancarte brandie dans l’hémicycle de l’Hôtel de Région. Plusieurs hypothèses sont possibles :
-- s’il s’était agi d’une manœuvre d’obstruction, disons que ce serait de bonne guerre;
-- si par contre, le PPM et ses dirigeants s’imaginent une seule seconde que l’Assemblée Nationale française et le Sénat français se réuniront en congrès à Versailles dans l’unique but de voter un « Article 74-Martinique », alors là, ils sont carrément tombés sur la tête !
Si l’on comprend bien, un sénateur du fin fond de l’Aveyron ou un député des confins de la Gascogne se déplacera jusqu’à Paris pour débattre d’un seul petit article de la constitution concernant la seule petite Martinique et ses même pas tout à fait 400.000 habitants !!!
Mais, bon, en Martinique, le ridicule n’a jamais tué personne…