L’Outre-mer français terme générique pour désigner l’ensemble des territoires ultramarins de la France est constitué d’un ensemble de territoire d’une grande diversité et se trouve confronté à des choix de développement dont l’impact sur leur écosystème est loin d’être négligeable.
Trois exemples pour illustrer l’urgence qu’il y a de prendre en compte la dimension écologique dans les politiques publiques de développement misent en place dans territoires ultramarins de la république.
Premier exemple, les Antilles françaises, elles sont chaque année, menacées quant elles ne sont touchées par des cyclones( David, Hugo, Dean…) dont les météorologues prédisent qu’elles vont être de plus en plus puissants. Comment alors dans une perspective de développement durable ne pas s’interroger sur la pertinence du maintient d’une économie de plantation héritée du colbertisme et de l’époque coloniale ?
En effet ne faut-il pas réorienter l’agriculture de ces îles vers la satisfaction des besoins alimentaires de leur marché intérieur qui à l’horizon 2010 comptera près d’un million d’individus ? Ne faudrait-il pas mieux favoriser une agriculture biologique respectueuse de ces écosystèmes si fragiles ? Où alors faut-il maintenir à grands coûts de subventions la banane antillaise qui ne subsiste que grâce à l’Union Européenne face à la banane africaine et la banane dollars des compagnies fruitières américaines ?
Déjà, les conséquences écologiques sont catastrophiques quant à l’utilisation des pesticides dans les bananeraies. Le scandale du chloredécone, un organochloré utilisé pour combattre le charançon, un vers qui attaque les bananiers, n’en est qu’à ses débuts. Les conséquences sanitaires sont loin d’avoir été mesurées.
Une brève parue dans le journal Libération permet de prendre la mesure de la nature de l’enjeu : “ Le Chlordécone est-il dangereux pour la santé ? Dès 1991, la Commission européenne l’a affublé d’une tête de mort dans une liste de produits agricoles à réglementer, mais elle a mis douze ans avant de le proscrire formellement. En France, les experts se sont longuement penchés sur son cas : il est incontestablement cancérigène chez le rat, mais la transposition à l’homme n’est pas établie. Martiniquais et Guadeloupéens battent le record du monde du cancer de la prostate ? On ergote encore sur les impacts respectifs du Chlordécone et de la génétique ” Libération le 30 août 2007.
Deuxième exemple la Guyane, ce vaste département français situé en Amérique du sud abrite une partie de la forêt amazonienne que tout le monde s’accorde pour dire qu’elle est un patrimoine de l’humanité qu’il faut à tout prix protéger. Cette protection passe-t-elle par la création d’un par naturel national ou l’activité aurifère est bannis où doit-on permettre aux compagnies minières d’opérer au cœur même de la forêt ?
Là, encore le choix du mode développement doit être débattu et porter sur la place publique. Il s’agit de concilier préservation de la nature et le nécessaire développement de département dont le retard de développement est criant.
L’Etat français et les institutions locales doivent régler aussi la situation quant à la propriété foncière des amérindiens, de même que la situation des populations du fleuve Maroni doit trouver son épilogue. Peux-t-on parler de politique de développement durable quand rien n’est mis en place pour préserver le mode de vie des populations autochtones ?
De même, peut-il y avoir mise en place d’une politique de développement durable si le problème de l’immigration illégale n’est pas régler ? La solution passe-t-elle uniquement par mise en place de reconduite systématique à la frontière ?
Ne serait-il pas plus judicieux de mettre en place une politique de coopération avec les pays qui entoure la Guyane française qui lui permette d’accueillir la main-d’œuvre dont elle aurait besoin pour contribuer à son développement sans rompre l’équilibre sociologique de ce territoire ?
Troisième exemple, La problématique de la continuité territoriale, elle doit être confrontée avec la logique de développement durable. Suite à la politique menée par le bureau de migration de département d’outre mer (BUMIDOM) jusqu’au années 80, aujourd’hui plus d’un million de français d’originaire de l’outre-mer vivent en France et pour eux se pose avec acuité la question du lien avec le territoire dont ils sont issus. En effet le prix du pétrole est en constante augmentation et cela se répercute sur le prix du billet d’avion d’où un coût de plus en plus insupportable pour les budgets de ces familles. Le pétrole, est nous le savons une denrée fossile et les besoins des pays émergeants absorbant une part de plus en plus importante de la production mondiale, le prix du baril va aller en augmentant jusqu’au pic de Hubert correspondant au moment où la demande dépassera l’offre. Il ne fait donc plus aucun doute que le billet du billet d’avion va dans un avenir pas si lointain devenir impossible à acquitter pour le grand public et donc pour les familles originaires d’outre-mer.
Faut-il que la solidarité nationale paie afin que subsiste la continuité nationale ? Comment ? Selon quelles modalités ? C’est un débat qu’il faut dès aujourd’hui ouvrir.
La problématique de la continuité territoriale ainsi posée, renvoie à la question du développement de l’emploi outre-mer afin d’y maintenir les générations futures souhaitant y vivre. C’est cela aussi le concept de développement durable.
Le gouvernement français va organiser le “ Grenelle de l’environnement ” et sans aucun doute compte-t-il y inclure quelques associations d’outre-mer. Mais devant l’ampleur de la tâche Outre-mer et les spécificités de ces territoires se sont des véritables états généraux de l’environnement et du développement outre-mer qu’il faut organiser. Il faut l’organiser dans les territoires concernés avec les associations locales qui comme l’Association de Sauvegarde du Patrimoine Martiniquais (ASSAUPAMAR) œuvrent pour la défense des écosystèmes locaux. Il faut que ces états généraux soient l’occasion de débattre des choix de développement opérés outre-mer. C’est pour cela que cela ne doit pas être un contre sommet des “ grenelle de l’environnement ” mais doit venir la compléter. Ces états généraux de l’outre-mer doivent être organisés par les ultramarins, (associations, intellectuels, personnalités politiques, socioprofessionnels et collectivités locales) qui veulent participer à la mise en place d’une véritable politique de développement durale pour tourner la page des multitudes loi et programmes pour l’Outre-mer qui jamais répondu aux espoirs qu’ils suscitaient.
Par Jean-Jacob BICEP, Géographe membre du Collectifdom
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