Le terrible drame qui vient de se produire dans le golfe de Paria séparant l'immense Venezuela de la toute petite Trinidad, au-delà de l'horreur, doit nous donner à réfléchir.
En effet, 19 "boat-people" vénézuéliens qui souhaitaient rejoindre clandestinement Port-of-Spain s'y sont noyés corps et bien et ce n'est pas la première fois que pareil drame se produit malheureusement. Même si cette migration tragique n'a pas l'ampleur de celle qui se déroule depuis quelques années en Méditerranée, elle nous interpelle.
En comparaison de sa voisine du sud, Trinidad est en fait minuscule : 5.131km2 soit 5 fois la superficie de la Martinique que Césaire qualifiait, avec une tendre ironie, de "petit rien ellipsoïdal". Le Venezuela, par contre, fait 916.445km2, ce qui signifie qu'il est beaucoup plus vaste que la France et que son ancien colonisateur l'Espagne, ces deux dernières ayant chacune à peu près la même superficie d'un peu plus de 500.000km2. Question population : Trinidad n'a que 1,4 millions d'habitants alors que le Venezuela en a 29 millions.
Tous deux, Trinidad comme le Venezuela, possèdent la plus grande richesse naturelle de l'ère moderne à savoir le pétrole.
Nous ne nous intéressons pas de savoir pourquoi les Vénézuéliens cherchent à émigrer au péril de leur vie à Trinidad. C'est un autre débat ! La question qui nous occupe dans le présent article concerne la taille d'un pays et le refrain qu'on nous assène depuis des lustres : "La Martinique est trop petite pour devenir indépendante". On l'entend de la bouche tant de la Droite assimilationniste que de la Gauche autonomiste. A ce refrain s'ajoute généralement un deuxième : "La Martinique n'a pas de ressources minières". Commençons par ce dernier pour constater que ni le Japon ni la Corée du Sud ni l'île Maurice ni les Seychelles ni Barbade n'en possèdent non plus et pourtant ils sont indépendants et, pour ne prendre que cet exemple, on ne connait pas de boat-people mauriciens qui s'échouent sur les plages de la Réunion, île "française" pourtant voisine.
Si posséder du pétrole, du gaz naturel, de l'uranium, du manganèse ou du cuivre étaient la condition sine qua non pour qu'un pays se développe, cela se saurait !
Venons-en au premier refrain, celui de la taille du pays ! En fait, ce qui se passe en ce moment entre le Venezuela et Trinidad s'était déjà passé, il y a fort longtemps, entre la minuscule Barbade (431 km2) et la vaste Guyana (ou Guyane ex-britannique), cette dernière n'étant pas, avec ses 214.969 km2, tellement plus petite que son ex-colonisateur, l'Angleterre (242.495 km2). En effet, comment comprendre qu'il y ait 20.000 (vingt-mille) immigrés guyaniens à Barbade laquelle est trois plus petite que la Martinique ? Comment est-ce possible ?
La réponse à toutes ces interrogations est simple : ce n'est ni la taille d'un pays ni la possession de richesses minières qui assurent la viabilité de son indépendance.
Ce sont deux choses fort simples : 1) la bonne gouvernance ; 2) l'absence de corruption. Les deux étant intimement liées ! Evidemment, le paradis terrestre n'existant pas, on trouve aussi de mauvais gouvernants et des corrompus au Japon, en Corée du Sud, aux Seychelles, à l'île Maurice ou à Barbade, mais ils sont assez rapidement mis hors d'état de nuire.
Conclusion : les refrains "La Martinique est trop petite pour être indépendante" et "La Martinique n'a pas de richesses minières" sont de pures sottises...
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