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La Garde rapprochée de "Toti" porte les Îles Marquises au "Patrimoine mondial" UNESCO

La Garde rapprochée de "Toti" porte les Îles Marquises au "Patrimoine mondial" UNESCO

Porté à l'origine par trois instituteurs visionnaires Marquisiens d'envergure culturelle considérable, cofondateurs en 1978 de la fédération d'associations MOTU HAKA, Georges TEIKIHUUPOKO (dit Toti), Étienne HOKAUPOKO et Benjamin TEIKITUTOUA, le projet d'inscription des îles Marquises au "Patrimoine mondial de l'Humanité" Unesco ne désarme pas. (À Ėtienne, et à Lucien RO'O TEIKIKEUHINA KIMITETE).

Ces trois notables itinérants, aujourd'hui retraités de l'Éducation Nationale, qui enseignaient le Français dans les écoles primaires de l'archipel étaient autorisés, (par la loi de 1984, via l'Assemblée de Polynésie à Papeete (Tahiti), qui rend également obligatoire l'enseignement, 2h40 par semaine, des langues vernaculaires polynésiennes telles le PAUMOTU dans l'archipel des TUAMOTU, le TUHAAPAE dans les Îles Australes et le EO ENANA aux Îles Marquises ), à dispenser le savoir marquisien en rencontrant notamment les parents d'élèves et en prenant le temps de discuter avec eux de toutes sortes de sujets dans leur langue maternelle pour consolider le renouveau culturel ou plutôt "le Réveil marquisien" entre compatriotes sur l'habitat des eaux.

Georges TEIKIHUUPOKO (Toti) est le Président de la fédération d'associations culturelles et environnementales marquisiennes MOTU HAKA depuis sa création. Une organisation qui représente la communauté marquisienne dans son ensemble : les associations, les artistes, les artisans et les acteurs économiques ; autant dire qu'il incarne, à ce titre et à mes yeux, la Présidence des îles Marquises tant par la force et l'ampleur du symbolisme des responsabilités multiples qu'il assume depuis quarante ans !!! sur les plans culturel, mémoriel et identitaire, en un mot ENCYCLOPÉDIQUE, que par la modestie et l'ambitieuse sagesse de sa personnalité résolument animée par une conscience aiguë des prodigalités que promet le Développement durable et équitable.

Toti, avec MOTU HAKA, va créer le MATAVAA O TE FENUA ENATA, le Festival des arts des Îles Marquises de sa première Édition en 1987 sur l'île de UA POU dont le succès fût suffisamment franc pour avoir gagné par la suite une perennité institutionnelle renouvelée d'abord tous les deux ans (en 1989 à NUKU HIVA, en 1991 à HIVA OA) jusqu'à notre jour. Il se déroule désormais tous les quatre ans alternativement organisé sur les trois îles les plus peuplées de l'archipel que sont HIVA OA, UA POU et NUKU HIVA. 

Le 10ème MATAVAA en date remonte au mois de décembre dernier. Étendu sur quatre jours riches de programmations ininterrompues du 16 au 19 décembre, le MOTU HAKA l'organisa sur l'île d´HIVA OA en présence des délégations invitées de RAPA NUI (l'Île de Pâques) et de RIKITEA (village de MANGAREVA, le chef-lieu des Îles Gambier, autres posséssions françaises de Polynésie) qui ne ratent jamais le solennel Rendez-Vous. Toti est aussi le directeur de l'Académie Marquisienne, conseiller municipal de l'île de UA POU depuis 2002, Premier adjoint depuis 2014 et délégué communautaire de la Communauté de commune marquisienne (CODIM) pour son île depuis 2010. L'archipel devenant le premier de la Polynésie française à se constituer une légitimité juridico-administrative (en créant la CODIM) qui sera notamment fondée à viser le label d'excellence de l'Unesco. 

Enfin, Toti est aussi à l'origine, via le MOTU HAKA, des projets de création d'Aires Marines Protégées (AMP) lancé en 2014, et d´Aires Marine Éducatives (AME) tournées vers la jeunesse : "En fait, c'est parti de notre projet d’inscription à l’UNESCO. J’avais suggéré aux maires des six îles qu’ensemble il y avait une possibilité de protéger notre océan, mais ça n’avait pas touché outre mesure (...) et il aura fallu attendre la venue de deux représentants de l’UNESCO en 2012 pour que ça bouge." "On ne peut pas dissocier les traditions de la richesse de la mer, car elles forment un tout !"  "Il arrive que l’on me pose la question : qu’est-ce que ça va vous apporter le fait d’être inscrit à l’UNESCO ?"

"Je leur réponds simplement : allez demander à l’Australie, à l’Italie, aux américains ou aux français ce qu’ils en pensent. Eh bien, en étant inscrit à l’UNESCO, les touristes affluent pour visiter les monuments. Alors, pourquoi pas les îles marquises ? Mais pour ça, il faut se positionner avec le volet marin et culturel ! " affirmait-il en octobre 2014 lors d'un entretien sur le site d'information générale en ligne Tahiti-Infos. Lien ici : 

Etienne HOKAUPOKO est hélas désapparu de notre côté de l'horizon le 29 septembre 2012.

Benjamin TEIKITUTOUA : est "Né en 1951 sur l’île de Ua Pou, il a consacré une grande partie de sa vie à la transmission de son savoir. Professeur des écoles puis directeur d’école à Ua Pou, il a enseigné en « Eo Enana » toujours avec la même passion, jusqu’à sa retraite en 2006. Il s’est en parallèle toujours investi dans les activités culturelles et sportives de l’île. Il continue d’ailleurs, avec son épouse, à enseigner aux plus jeunes la culture immatérielle. Membre fondateur de l’association culturelle Motu Haka, il a mené la délégation de Ua Pou à tous les festivals des îles Marquises. Il a été élevé au rang de chevalier dans l’ordre de Tahiti Nui" : le lien vers Tahiti-Infos ici : 

Le rôle véritablement emblématique de leader, que tiendra Lucien RO'O TEIKIKEUHINA KIMITETE (disparu le 23 mai 2002 dans un mystérieux accident d'avion) , du fait de son hypercharismatique présence naturelle, en transposant l'enjeu pressant qu'il y avait à défendre collectivement autant le patrimoine immatériel que la survie culturelle et mémorielle des Marquisiens sur la scène politique locale, régionale, nationale et internationale, n'interviendra que plus tard, significativement augmenté à partir du moment où il aura gagné la mairie de Taï O-Hae en 1991 et obtenu  un siège de Conseiller à l'Assemblée territoriale de la Polynésie. L'homme, à son aise dans toutes les dimensions politiques du grand travail de communicant qu'il accomplissait avec ses frères instituteurs à raviver "La flamme identitaire marquisienne", prenait à merveille la lumière et les feux médiatiques. Il avait le don peu commun de fasciner ses auditoires en créant l'événement par la vivacité d'un geste et la portée, souriante à l'avenir, d'une parole simple et souventefois imagée.

Toutefois, le courrier officiel de la demande d'inscription de l'archipel des Îles Marquises sur la fameuse liste indicative de l'Unesco via l'État-parti (en l'occurrence ici la France) ne fut rédigé qu'en 1994 par l'administrateur de l'État, (le KOMANA) le sous-Haut Commissaire de la République Dominique Cadilhac depuis sa résidence de haut fonctionnaire sise à Tai O-Hae le chef-lieu de l'archipel situé sur l'île de NUKU HIVA, prenant ainsi les devants sur le MOTU HAKA. 

Puis la lettre du KOMANA dont personne n'avait apprit l'existence, tomba dans l'oubli une douzaine d'années pour ne réapparaitre qu'en 2006 lorsque la direction de l'Unesco, (qui remet à jour tous les dix ans la liste indicative des sites labellisables au "Patrimoine mondial"), écrivait à NUKU HIVA pour connaitre la suite que les marquisiens entendaient donner à la demande qu'avait formulé l'administrateur de l'État français, créant ainsi un certain émoi mobilisateur et dynamisant au sein du MOTU HAKA qui en fît l'inattendue découverte.

(Source : P. Erhel-HATUUKU (voir aussi son profil sur Facebook), directeur de MOTU HAKA, chef de projet Marquises - Unesco. Un Marquisien originaire de UA POU, ancien conseiller technique au ministëre de l'environnement du Gouvernement de la Polynésie, élu par le Comité d'experts et nommé à la tête du projet par le Comité de pilotage en 2012. Il est Membre du Comité d'organisation de la première grande exposition, jamais présentée en Europe, du Musée du Quai Branly à Paris ; "MATAHOATA, Arts et société aux îles Marquises" consacrée à l'archipel jusqu'au 24 juillet.)

Pascal Erhel-HATUUKU a du reste tenu le 19 mai une conférence importante sur ces sujets brûlants d'actualité à la Délégation de la Polynésie à Paris voir sur le lien ici : + le lien vers l'entretien du 02. 11. 2015 qu'il donne à Tahiti - Infos sur l'avancée du dossier "Marquises - Unesco" ici :

Parallèlement à l'inscription de la demande "marquisienne" de 1994, l'Unesco enregistra en 1996 celle de la Polynésie en faveur du site du Marae de TAPUTAPUATEA . C'est ce dernier qui a obtenu le prestigieux label si l'on en croit la communication présidentielle du palais de l'Elysée ci-dessous : 

Extraits du Discours du Président de la République Française François Hollande au marae à Taputapuatea (Raïatea, dans les Îles Sous - le - Vent dans l'archipel des îles de la Société) le 22/02 dernier + voir le lien vers le billet de blog : "Le tour du monde de la  France métaphysique en Polynésie par François Hollande (extraits des discours officiels du site elysee.fr)." ici :

(...) Il sera, [le site historique du Marae de Taputapuatea]  je l'espère, en tout cas c'est le sens de ma visite aujourd'hui - le premier site culturel des outre-mers labellisé au patrimoine mondial de l'humanité, c'est à dire au patrimoine mondial de l'Unesco (...) en juillet 2017.

(...) L'État vous fournira donc un appui technique pour la présentation par la Polynésie de ce dossier sur le plan culturel. Une convention sera signée entre la République Française et le pays pour aboutir à cette présentation (...) et également au projet de classement, plus tard, des Îles Marquises aussi au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Entre-dire :

On me pardonnera sûrement d'avoir trouvé le moyen de rapporter le dossier des Îles Marquises, passé sous les fourches caudines des logiques propres à la sourcilleuse et pointilleuse labellisation que délivre parcimonieusement l'Unesco, à l'expérience d'Édouard Glissant au sein de la même honorable Institution. 

Enfin que voulez-vous, c'est aussi l'affaire d'une vie entre poètes liés par les deux versants de l'horizon, d'Archipels en Continents n'est-ce pas !..

Édouard Glissant nous rapporte en effet, dans une note, qui suit, que j'ai extrait de son essai "Poétique de la Relation" Poétique III , 1990 Gallimard en page 232, les logiques exclusivement européocentrées qui prėvalaient à l'Unesco (à la fin des années 1980) au détriment des cultures dites "Autres", les privant ainsi de l'attribution des moyens dėvolus à la mise en valeur de leur patrimoine (tel que la Labellisation au Patrimoine de l'Humanité par exemple), alors même qu'il fût le Directeur-Éditorialiste de la "Newsletter" mensuelle de l´Organisation internationale : le Courrier de l'Unesco huit années durant.

LE RELATIF ET LE CHAOS in Poétique de la Relation (1990 Gallimard), p 147.

 "Il y a une correspondance significative entre les philosophies sécrétées par les sciences en Occident et les conceptions qu'on s'y fait généralement, ou qu'on s'y impose, des cultures et de leurs relations. À l'ère du positivisme triomphant, la conception de la culture (et non pas encore des cultures) est monolithique : il y a culture partout où le raffinement civilisationnel a mené à l'humanisme*.

 [*Le positivisme et l'humanisme ont ceci de commun qu'ils finissent par imposer comme réalité un "objet idéal" qu'ils ont d'abord défini comme valeur.]

 "Ainsi conçue, la culture se présente comme le pur abstract, l'essence de ce mouvement vers un idéal. Ceux qui y accèdent sont les pilotes et les garants du mouvement. Ils enseignent au reste du monde. Oublié, passé à la trappe, étouffé pour plus de trois siècles, le relativisme de Montaigne. Il faudra que l'idée du relatif s'illustre dans la théorie scientifique de la Relativité pour que le sentiment prévale, du relativisme des cultures" (1).

 Puis vient La fameuse note de Glissant :

 (1) "C'est à l'UNESCO que j'ai pu vérifier la méprise constante sur ces deux sens du mot culture (parmi tant d'autres). Quelques fonctionnaires occidentaux de cette Organisation, en place depuis longtemps, s'étaient offusqués de l'arrivée des ressortissants des pays du Sud, y voyant comme une trahison de l'idéal  de "culture" qui avait présidé selon eux à sa fondation. Allant plus loin, ils assimilaient les cultures de ces pays, si manifestement éloignées de ce qu'ils pensaient être un accomplissement humaniste, aux divers régimes de gouvernement qui y faisaient autorité. C'était donc la barbarie qui pénétrait l'Institution, et on y entendait d'honorables personnes bougonner à part soi : "Bientôt, nous travaillerons sous les cocotiers." Cette méprise était à double portée : on confondait la "culture" avec le raffinement humaniste, et les cultures des peuples avec les gouvernements qui les régissaient . Bien entendu — et sans compter que les dictatures sous-développées n'ont rien à envier dans leur domaine à bien des régimes politiques beaucoup plus policės d'apparence —, la méprise n'était pas innocente.

 Car si l'on avait accepté de considérer qu'une culture est une totalité, un écho-monde participant, on eût consenti du même coup à renoncer au privilège exclusif de la "culture" et de sa gestion. Et si on accréditait l'idée que culture et gouvernement s'équivalent, on avait toutes les chances ou les raisons, au nom d'un bon "gouvernement des choses de ce monde", de prétendre à maintenir ce privilège où il était.

 De telles dispositions rencontraient l'assentiment de la plupart des représentants des nations riches, lesquelles n'admettaient de soutenir une aide culturelle aux nations pauvres que sur le mode ponctuel, qu'elles estimaient le seul efficace, et préférablement dans un cadre bilatéral, qui permet toujours de fructueuses négociations.

 Aussi bien, toute analyse globale de la situation — ce que l'Unesco a, pour un temps, résumé sous le titre ingrat de "problématique mondiale" — était-elle immédiatement soumise au pilori par ses représentants, déclarée inutile ou dangereuse. Temps perdu, argent gaspillé. C'eût été pourtant une grande oeuvre, de la part d'une Institution de cette sorte, que de tramer l'esquisse de cette Relation globale.

 Malheureusement, la convention de langage qui sévit dans un tel contexte (en particulier, les précautions vétilleuses qu'il faut prendre pour ne choquer aucune des parties en cause), ainsi que les réticences multipliées réduisirent de beaucoup la tentative, là même où il eût fallu alerter toutes les richesses de l'imaginaire et du poétique. — Le poétique, dans une Organisation internationale !

L'obstination, qu'on peut estimer héroïque, de M Amadou-Mahtar M'Bow, le Directeur Général d'alors, tenait pour beaucoup à sa conviction qu'il y allait de l'intérêt de tous, pays développés et pays en voie de développement (comme on dit), d'essayer de définir la solidarité globale des problèmes et par conséquent la nécessité multilatérale des solutions qui eussent découlé de leur analyse. Cet intérêt indivis, les nantis ne l'admettent pas. Ils veulent bien distribuer leur générosités, mais à l'aune des mains tendues."

Et de reprendre l'article prenant pour exemple la patiente et laborieuse labellisation marquisienne par l'Unesco aujourd'hui :

Visant à protéger ses richesses inestimables de toute déprédations ou dégradations, sous des auspices internationaux, par l'inventaire, la valorisation, et en s'appuyant sur des personnes - ressources porteuses de savoirs afin de mettre en avant son patrimoine naturel, historique et culturel d'une valeur exceptionnelle ; expression d'un engagement politique collectif fermement ancré dans l'objectif de sa Repossession effective ; le projet désormais communément appelé Marquises - Unesco (toujours encours de réalisation) inattendument engagé en 1994 dans les conditions que l'on sait, sera toutefois porté dans un contexte de relations à l'époque politiquement antagonistes ou pour le moins opposées du fait de l'actualité de la forte revendication autonomiste marquisienne vis à vis des autorités de tutelle tant régionale, par l'Assemblée Territoriale de la Polynésie Française tenue sous le Régime centralisateur de Gaston Flosse (Flosse refusant à trois reprises, jusqu'en 1999, de faire suivre vers la France les courriers de requête du MOTU HAKA), que nationale, par la "Métropole" qui apprécie peu la mise en cause du pacte d'indivisibilté coloniale que dénoncent les Marquisiens en vertu du principe acquis d'une émancipation politique pourtant prévue dans le bloc de la constitutionnalité de la Vème République.

[Souvenons-nous tout de même, dans le climat de conflit d'intérêts tripartite qui se jouait alors, de la désormais célèbre citation du général de Gaulle au moment où les peuples de "l'Outre-mer" français revendiquaient quelque ébauche d'émancipation politique : 

"L'indépendance, on verra ! L'autonomie, Jamais !" 

L'establishment politique républicain au global de l'Union Française demeurant à ce jour, comme inspiré d'une dogmatique continuité de l'esprit gaulliste, encore fort crispé sur les prérogatives qu'il exerce sur ses possessions par ses fondamentalismes conservateurs world-class. Les Marquisiens souffrent, en notre jour, de la non application et du non respect de leur accès à la pleine Autonomie pourtant garanti par la loi de décentralisation de 1984 via l'Assemblée de la Polynésie Française.

En effet il s'agit là pour "l'élite" intellectuelle marquisienne, encouragée par l'Évêque d'alors, Mgr Le Cléac'h, de se réaproprier soi-même, consciente de l'importance des enjeux qu'il y a à défendre la flamme identitaire auxquels la communauté est particulièrement attachée ; de se reconstruire sur l'abîme bi-colonial (français et tahitien) des dépossessions en tous domaines et à large spectre qu'on lui a rėservé à la marge de sa propre histoire. 

Ce n'est qu'en 2004 que le premier Président independantiste de la Polynésie française OSCAR TEMARU fait un geste d'ouverture en accèdant à la demande marquisienne dans le tumulte et les valses des présidences qui se succédent dans la crise institutionnelle. C'est à la faveur du Président autonomiste Gaston TONG SANG qui nommera en 2008 un Marquisien, Joseph KAIHA, (maire de la commune de OUA POU depuis 2002 et membre de l'Académie Marquisienne) Ministre de la Culture, que le dossier Marquises - UNESCO trouvera un souffle et un dynamisme nouveaux. 

"Cet ancien proche de Lucien KIMITETE (Joseph KAIHA ) dont Toti est le délégué communal depuis son accession à la mairie est le personnage clé de la reprise du processus de labellisation" dixit F. Tessier dans son Mémoire d'Anthropologie : "Les logiques du processus d'inscription au Patrimoine mondial de l'humanité : L'exemple de La labellisation marquisienne." [Un Mémoire qui selon les vœux de son auteur, vise à accompagner le processus, mais qui se révèle, en fait, peu amène vis à vis des Polynésiens en général et des Marquisiens en particulier, et plutôt condescendant dans la vision néocolonialiste que l'auteur nous fait des dépendances économiques et des progrès sanitaires ou de santė publique dont "profiteraient" ces peuples sous autorité française. "L'horrible sans horreur du colonialisme français" écrivait Édouard Glissant dans le Discours Antillais en 1981. Entre les dates, les patronymes et les fonctions erronées qu'il y a accumulé, l'auteur déplore le "caractère autocratique" (sic) qu'aurait prit le MOTU HAKA entre autres appréciations douteuses liées aux responsabilités ou à l'irresponsabilité des Marquisiens. (ndlr)] 

En octobre de la même année 2008, le Secrétaire d'État aux "DOM-TOM", Jean-Yves Jégot, rend officiel le processus de la labellisation marquisienne dans un discours qu'il prononce à HIVA OA à l'occasion du trentenaire de la disparition de Jacques BreL

L'Unesco de l'époque et les autres acteurs décisifs dans le processus de labellisation, comme la société civile (outre la société civile marquisienne évidemment tout acquise à la démarche), les organismes gestionnaires, la communauté scientifique, les décideurs politiques et par dessus tout l'État, ont créé un conjoncture défavorable qui a fini par enfouir le dossier marquisien durant 15 ans au motif inavoué de la "turbulence" politique et culturelle de ses trop politiquement autonomistes et emblématiques porteurs ; la méprise n'aurait pas été innocente.

Or, pour obtenir le prestigieux label de l'Institution, le processus ne peut aboutir que dans le cadre stricte et normatif qu'elle a fixé et doit répondre à une certaine sérénité de collaboration entre l'État qui accueille puis présente le dossier marquisien et la sociėtė civile qui lui confie son patrimoine à concurrence d'autres dossiers en provenance du monde entier qui lui sont soumis en bonne et due forme et dans les règles de l'art.

Il eût donc peut-être alors fallu que les Marquisiens fussent en capacité de montrer "patte blanche" diplomatique dans la République intra-muros, autrement dit, il leur aurait été plus bénėfique de se montrer dociles avec leurs tuteurs dans l'harmonie de la "relation" de surcroît doublement surdéterminée ; comme nous le rappelait Lucien KIMITETE dans sa désormais cėlèbre réplique à un journaliste  "Nous avons deux cordes aux pieds [une française et une tahitienne] et il faudra bien qu'il y en ait une qui cède" ; pour que leur patrimoine fût protégé dans l'écrin des élus à la postérité unesquienne.

Fort heureusement, l'Unesco d'aujourd'hui a résolument changé sa poiltique de sélection. Ayant opéré une mutation profonde en appliquant la stratégie de son programme "Patrimoine mondial Pacifique" au début des années 2000, dont le but était de rééquilibrer ses arbitrages relatifs à la répartition géographique de son précieux label jusqu'alors majoritairement rendus en faveur des patrimoines cuturels des pays occidentaux ou riches à quelques exceptions océaniennes près (à l'époque les possésions étasuniennes d'Hawaï et chilienne de RAPA NUI, l'Île de Pâques), l'Organisation de l'ONU en a facilité l'accès en modifiant notamment la forme des dossiers de candidature. 

À ce jour, bien que le patrimoine de la Polynésie française ne figure toujours pas sur la liste "Patrimoine mondial" Unesco, on peut toutefois noter qu'une bonne dizaine de sites de la région ont obtenu le label depuis 2008. 

Si après plus de vingt ans d'âpre détermination collective, le mérite initial de la démarche de candidature des Îles Marquises auprès du Comité du Patrimoine mondial de l'Unesco revient indiscutablement à la conscience visionnaire de ses trois originels porteurs, celle-ci ne pouvait sans doute pas aboutir (compte tenu des réticences de l'État et de l'animosité que vouait Gaston Flosse à RO'O) du subversif vivant du Hakaïki de Tai O-Hae, Lucien RO'O TEIKIKEHUHINA KIMITETE. Mais nos instituteurs sont toujours bien présents dans la mémoire de l´océanique soleil pour nous annoncer le parfum et l'avènement de la victoire, et puis il y eut Ro'o qui porta la douleur et l'éclatante lumière du Combat.

C'est bien la Garde renouvelée de Toti, qui est en passe, via le MOTU HAKA, d'accomplir le Sacre de la Mission Labellisation de l'Archipel pour n'avoir pas désarmé devant la complexité multiscalaire des relations décisives qu'il faut savoir entretenir avec l'ensemble des autorités dans ce dossier, ni jamais avoir cédé au découragement ou à l'abandon de l'Autonomie qui est encore interdite au peuple marquisien, alors qu'on l'avait précipité dans les affres d´un vertigineux oubli que le MOTU HAKA a su vaincre pour dėfendre l'héritage de sa jeunesse en faisant face à l'avenir des générations futures. 

Guyanaisement, océaniquement et transversalement solidaire de mes frères et sœurs de luttes Marquisien(ne)s,

D'Archipel en Continent,

A Pae !

Soley' !

Pièr.

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