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ERNEST RENAN 1823-1892 : LE RACISME FAIT AUTORITÉ.....

ERNEST RENAN 1823-1892 : LE RACISME FAIT AUTORITÉ.....

Ecrivain et historien français du 19ème siècle, Ernest Renan est connu pour son influence sur les idées de la IIIème république, et pour le concept de nation qu’il immortalisa en ces termes : Un plébiscite de tous les jours. Pourtant, en ce 19ème siècle qui escalade la barbarie esclavagiste négrière pour enfourcher celle de la colonisation, il n’est pas trivial de connaître la position de Renan dans les ouvrages de vulgarisation. Ce n’est d’ailleurs pas que pour Renan que cet oubli construit veut nier ou au moins dissimuler la contribution des élites françaises et européennes à l’impérialisme occidental. Peut-être n’y a-t-il pas une renonciation convaincue aux bénéfices multiples de l’oppression raciale…

Propagandiste de la colonisation, Renan fut très versé dans les questions de suprématie raciale et de sang avec une prétention scientifique évidente. Le 26 juin 1856, il répond à Arthur de Gobineau auteur de l’emblématique Essai sur l’inégalité des races humaines [1853] qui a été le livre de chevet du racisme scientifique depuis le 19ème siècle. Son argumentation souscrit clairement à l’anthropologie physique, la hiérarchie de sang étant responsable des aptitudes des peuples à prospérer : …Mais c’est qu’en réalité, une très petite quantité de sang noble mise dans la circulation d’un peuple suffit pour l’ennoblir, au moins quant aux effets historiques…

Pour ce qui est de l’échelle des races humaines pour celles qui ont l’heur de mériter le qualificatif d’humain, l’écrivain, historien et penseur est péremptoire : …En mettant à part les races tout à fait inférieures dont l’immixtion aux grandes races ne ferait qu’empoisonner l’espèce humaine…

Renan apparaît comme un défenseur de la raciologie, de la hiérarchie entre les peuples basée sur les critères physiques, de noblesse de sang, de supériorité de la race blanche, race de conquérants. Racisme et apartheid sont les résultantes sociale et idéologique d’une telle posture intellectuelle.

Ce qui est caractéristique du racisme français, européen plus généralement qui reproduit sa structure invisible, c’est le travail quotidien réalisé par toute une armée de négationnistes plus ou moins conscients. Comment faire pour expurger des textes les plus connus des auteurs faisant autorité leur contenu raciste, colonialiste, négrier ? Est-ce par hasard si les passages ambigus, corrompus par l’idéologie raciste disparaissent quasi-systématiquement des extraits de journaux, de textes considérés comme majeurs, des citations historiques.

Ce travail là dépasse largement les auteurs incriminés disparus pour la plupart, il incombe aux générations actuelles, élites et aspirants qui effacent les traces de leurs aînés laissées sur les chemins de la discrimination raciale. Se faisant, ces nouvelles figures de proue se rendent complices des crimes intellectuels antérieurs et se lient avec des idéologies qu’elles ne partagent pas nécessairement mais dont elles se solidarisent au point d’en être les abris et sécurités inespérés.

On comprend qu’il soit difficile d’aborder la question raciale en France notamment quand pour les auteurs anciens, autorités encore respectées sinon vénérées, aucun travail de deuil n’a été envisagé pour consacrer réellement la fin des idéologies raciales et de leur clandestine survivance voire prégnance quotidiennes.

Ainsi se reproduisent des attitudes et habitudes de discrimination, d’exclusion raciales restées suspendues dans la société qui se ferme les yeux, réfugiée dans un silence qui autorise la chasse à la race sans la voir -la reconnaître- et donc incapable de la dénoncer. Cela est vrai de l’odeur et du bruit d’un Chirac, de l’expression Colombey-les-deux-Mosquées d’un de Gaulle, ou du génocide sans importance d’un Mitterand parlant du Rwanda à propos duquel son mandat fut pour le moins assombri…

Lire Jaques Morel, Calendrier des crimes de la France outre-mer, L’esprit frappeur, 2001

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