En ce mois de mai où les Martiniquais se remémorent le geste de leurs ancêtres se débarrassant, le 22 mai 1848, de leurs chaînes bien avant l'arrivée du décret d'abolition, il y a pourtant une question que l'on ne se posera jamais. Surtout ceux qui "dirigent" le pays, ceux à qui la France a délégué une mini-parcelle de pouvoir (les dépenses de l'ex-Région/actuelle CTM ne dépassent pas...4% du PIB de la Martinique). De quelque bord politique qu'ils soient, ils ne la poseront jamais.
Alors, allons-y, posons-la à leur place :
Est-il bien normal que des descendants d'esclaves arrachés à l'Afrique, transportés à fond de cale dans des bateaux négriers, jetés dans l'enfer des plantations de canne à sucre, les fers aux pieds, où ils se sont esquintés à travailler gratuitement durant 3 siècles pour les Békés, est-il bien normal qu'aujourd'hui, en ce début du 21è siècle, ces descendants d'esclaves risquent encore leur vie, voire la perdent pour la "Mère-Patrie" ?
Qu'on ne viennent pas nous parler des deux guerres mondiales au cours desquelles des milliers d'Antillais ont perdu la vie car cela n'a rien à voir. Il s'agissait de guerres et dans ce cas, nos grand-pères, pères, oncles etc..., ont fait leur devoir. Si Hitler n'avait pas été vaincu, par exemple, il aurait réservé un sort encore plus terrible aux Noirs que celui qu'il a réservé aux Juifs.
Nous voulons parler du temps de paix. Nous voulons simplement dire que nos filles et nos fils, dont les ancêtres ont subi les atrocités de l'esclavage, ne devraient pas se trouver aujourd'hui en position d'exposer leur vie sur le bitume parisien, lyonnais ou marseillais. Nous voulons dire que nos politiciens devraient avoir comme première exigence d'offrir des conditions d'existence dignes de ce nom à notre jeunesse qui n'aurait plus à émigrer en masse alors même que le BUMIDOM n'existe plus depuis des lustres.
Nous avons déjà ASSEZ payé comme ça ! Notre jeunesse ne doit pas servir de victimes sacrificielles à qui que ce soit !...