Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

Ventan dèyé té pri, douvan pa té sav !

Nady Nelzy-Odry
Ventan dèyé  té pri, douvan pa té sav !

On découvre la vérité toujours trop tard

 

 «  poursuivre l’élan de la  lave première »

A.Césaire

Tout comme  les quatre milliards d’individus de la planète, nous des îles, nous sommes  rentrés dans cette réalité  traumatisante de la pandémie la plus aliénante de tous les temps, elle se nomme « Covid 19 ou coronavirus » et comme tout ce qui appartient au pays France, confinés nous le sommes.

Notre relation avec  le reste du monde  existe seulement par le truchement du  Net et du  portable, la télévision nous informe sur, selon elle, nous devons savoir.

Nous, qui en d’autres temps  ne pouvions exister sans  le réflexe de « faire famille », rentrés à pieds joints dans les mœurs de l’autre et de  l’indifférence des pays riches et des zones privilégiées, nous avons appris ce qu’est l’indifférence.  La préoccupation pour nos semblables, ceux de l’Arc caribéen, ne figure pas en tête de liste et, après avoir répondu à la question phare «  Qu’allons-nous manger aujourd’hui » rien d’autres ne semble  nous atteindre.  Nous attendons… nous attendons  quoi  au fait  ???  La fin du monde parbleu ! C’est ce que dirait Aimé.

Face à cette inertie obligatoire du confinement, je lis, je m’instruis, et je m’interdis de me remplir les oreilles des infamies qu’on nous lance à longueur de journées. Les bagarres des mandarins entre eux, les exactions de l’industrie pharmaceutique même les saloperies que l’on tente de faire aux pays d’Afrique, je ne les écoute pas. J’entends  les autres régions de France et leur désarroi. La plus durement touchée, l’Alsace, je l’entends dire  que «  plus jamais ». Plus jamais, aucun gouvernement, qu’il soit  jupitérien ou autres, ne décidera de la fin du monde chez elle.

En Janvier 2020, L’OMS avait annoncé la crise du Covid  en Europe, l’Etat français  et son gouvernement  a ignoré les précautions et les réserves, Il a préféré se taire, quitte à virer de son poste le ministre de la Santé.

Un an avant, les « Gilets Jaunes » avaient battu les pavés de Paris pour obliger les Services Centraux de l’Etat de se bouger, l’Hôpital en France était sous  perfusion. Au lieu de cela, Jupiter décideur, et qui entend décider, est demeuré  sourd aux appels. Députés, Sénateurs, tous ont préféré mettre la nouvelle sous le tapis, l’ex-banquier, devenu président de la République est persuadé que si le fric l’a installé au pouvoir, le fric l’aiderait à sauver la France d’une pandémie.

 En applaudissant les soignants de ce pays, comme ils le feraient pour un spectacle ou un match de foot, les Français font semblant d’ignorer que l’être humain est ce qu’il y a de plus précieux dans ce monde et que sa santé est de plus en plus fragile, compte-tenu de la gabegie de l’environnement et des effets nocifs infligés à  la terre.  

 

Depuis des décennies, l’hôpital public  se voit traiter commue une boutique, sans aucun plan Marshall à l’horizon, pour suppléer aux besoins  d’un « kous kouri »*  une catastrophe

Face aux malades et aux mourants qui n’allaient pas manquer d’arriver, seuls les mensonges et les avanies, des humiliations pour les soignants incapables de faire leur métier parce que sans moyens .       

Et nous ? nous à huit mille kilomètres, séparés de quatre cents bornes de la prochaine île, incapable de nous porter secours, car  les centres de santé ne sont pas mieux que ceux de la région Est de France.

Il  y a forcément dans ce confinement  des interrogations qui ne nous laissent pas de répit.

Que sera demain, pour nous des îles ? Le Maréchal Jupiter, qui n’a jamais connu un jour sous les drapeaux, nous dit que «  La France est en guerre », pour ma part, je n’en sais rien, car  je ne sais pas contre qui.  Je sais cependant que nous, nous sommes en guerre contre nous-mêmes, car de  nos ressources internes, celles qui dépendent seulement  de nous, qu’en savons-nous et que faisons-nous ?

La récession mondiale  provoquée par ce temps d’arrêt  qui a l’air de vouloir durer, n’est pas une petite affaire   elle aura forcément des répercussions.

Air France et Air Caraïbes, tremblent de tous leurs zincs, car elles ont déjà été sommées   de  suspendre  ce cordon ombilical qui nous relie à l’Autre-bord.

Depuis bientôt quatre cents ans que nous sommes arrivés sur ces bouts d’îles, nous de l’Arc caribéen, qu’avons-nous fait par nous-même et, comment dans la logique d’un engagement humaniste et politique, où sommes-nous inscrits ? 

Quelques-uns des nôtres, ont contribué par un travail intellectuel et par  leurs œuvres littéraires  à endiguer différentes formes d’exclusions et d’inhumanité utilisées pour maintenir l’arrachement. Ces autres, ces nous-mêmes, ont tenté par leur écrit de déconstitutionnaliser  la colonisation dans la conscience indigène. Si  ces frères en humanisme d’hier, ont tenté de  sauver certains d’entre-nous du poison de l’esclavage, de mettre à mal l’entreprise de déculturation, ils  ont lutté pour cet idéal d’une magnanimité assumée dans un universel dit-on  réconcilié , mais  ils  ne sont pas tout à fait parvenus à retirer le vers dans l’arbre.

Affronter l’Histoire et son risque, est l’œuvre d’un peuple et non celle de quelques hommes. Et, parce que nous sommes ceux qui ont dit non à l’ombre - c’est Aimé qui l’a dit-  il est grand temps d’envisager un lendemain apaisé.

Cessons là, tous ces atermoiements de l’idéologie coloniale  où le racisme se greffe sur le rapport de dépendance externe. Il faut commencer à en finir, en poursuivant l’élan de la lave, celle des années soixante-dix.   

 

 

 

Nantie de leçons d’humilité et de lucidité, que nous ont laissé, les  Glissant, les  Placoly  les Aliker et bien d’autres, nous avons besoin d’une voix, et des millions de vouloirs pour endiguer le manque.

Bannissant l’horrible « nèg kont nèg » se peut-il qu’il n’existe pas parmi nous, nous de la Caraibe, une voix pour l’Histoire ? Allons nous disparaître dans ce cloaque mondialiste ? Alors que nous savons, depuis que nous sommes dispersés, au milieu des flots, sur cette bande d’îles, au-delà de nos différences, ensemble nous pouvons résister. La modernité ne nous a pas appauvris, car  nous le sommes par nature, Si nous nous défaisons de nos chaînes, la modernité  nous sera très  utile,  pour affermir d’autres  liens et projeter qui sait, un avenir.      

Commentaires

Véyative | 21/04/2020 - 08:17 :
Je partage cette analyse car cela fait un moment que je tends l'oreille pour chercher qui sera notre voix pour l'histoire. Ayen! Avec le covid19 , je me suis dit , là c'est bon, ça va émerger! Rien! Pire, avec la question de l'eau, j'ai vu nos élus martiniquais , convoqués par le Préfet, écoliers attentifs autour de la table. Là je me suis dit c'est mort.....

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.

Pages