Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

Université des Antilles : au-delà de la risible guéguerre de l'alternance à la tête de l'établissement

Université des Antilles : au-delà de la risible guéguerre de l'alternance à la tête de l'établissement

     Il y a de quoi halluciner quand on voit l'échange de courriers aigre-doux entre le président de la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique) et l'administrateur provisoire de l'Université des Antilles s'agissant de l'élection du prochain président de l'établissement, cela quand, depuis bientôt deux ans, les campus de Schoelcher et de Fouillole sont quasiment déserts à cause du covid-19 et que nos étudiants, de condition modeste pour leur grande majorité, sont en plein désarroi. En effet, les rejetons de la bourgeoisie, eux, vont plutôt à Paris, Bordeaux, Marseille ou alors au Québec.

   La querelle qui oppose Serge Letchimy et Eustase Janky est celle dite de "l'alternance".

   Pour le grand public, peu au fait des questions universitaires, cela signifie que les présidents des deux pôles de l'Université des Antilles devraient alternativement provenir du Pôle Martinique et du Pôle Guadeloupe. Un coup pour le premier, le coup suivant pour le second, donc ! Chose qui peut sembler logique de prime abord, mais qui ne tient pas la route quand on examine l'histoire d'un établissement qui s'est très longtemps appelé l'UAG (Université des Antilles et de la Guyane). En effet, cela n'a jamais dérangé personne que pendant près de 3 décennies, le Pôle Martinique et le Pôle Guadeloupe se soient partagés la présidence (en nombre égal de présidents) au détriment du Pôle Guyane. Chose qui est, en grande partie, la raison du départ de cette dernière pour s'en aller créer sa propre université ! Peu avant la scission de l'UAG, il y eut pas moins de 5 candidats du Pôle Guadeloupe, un du Pôle Martinique et un du Pôle Guyane. Conclusion : si les ardents défenseurs actuels de l'alternance étaient sérieux, ils auraient demandé aux candidats des Pôles Guadeloupe et Martinique de retirer, enfin !, leurs candidatures pour permettre l'élection de quelqu'un du Pôle Guyane ! 

   Il est à noter qu'à l'occasion de ladite élection, la candidate du Pôle Martinique avait fait prévaloir la notion de "compétence" sur celle d'"alternance", chose nouvelle au sein de l'établissement, mais qui est tout à fait banale au sein de notre université la plus proche, l'Université des West-Indies. Université, soit-dit en passant, qui figure en bonne position dans les classements des universités mondiales alors que tant l'ex-UAG que les nouvelles Université des Antilles et Université de Guyane y sont parfaitement inconnues, se permettant même le luxe de se retrouver en queue de peloton des universités françaises. Au moment de cette élection donc, la notion de "compétence" avait été tournée en dérision d'autant qu'elle émanait d'une candidate et non, comme d'habitude d'un candidat. Résultat des courses : les 5, puis 4 candidats (l'un finissant par se désister en dernière minute) du Pôle Guadeloupe s'étaient neutralisés et au bout de quatre tours de scrutin, c'est la candidate du Pôle Martinique qui fut élue.

   Pour son malheur puisque trois jours à peine après son élection, elle reçut une lettre d'une institution de la francophonie lui réclamant le remboursement par l'UAG de plusieurs millions d'euros qui avaient été attribués à un groupe de recherches en économie, le CEREGMIA, installé sur les 3 pôles de l'établissement mais ayant sa direction en Martinique. Et dans les mois qui suivirent, ce fut une véritable avalanche de réclamations de remboursements ! Au total : entre 10 et 12 millions d'euros attribués au CEREGMIA. Première remarque : les précédents présidents n'étaient-ils pas au courant ? Cela semble peu probable. Pourquoi se sont-ils tus alors même qu'un premier rapport accablant avait été publié par la Cour des Comptes une bonne dizaine d'années avant l'élection de la candidate du Pôle Martinique ? Du coup, cette dernière se trouva devant une alternative : soit continuer à couvrir le CEREGMIA en risquant d'être traînée devant la justice soit porter plainte en justice. Personne n'étant masochiste, elle choisit la deuxième solution. Ce qui lui valut les terribles avanies que chacun sait ! 

   Il est d'ailleurs à noter que lors de cette élection, le CEREGMIA s'était farouchement opposé à sa candidature au nom de...l'alternance, Serge Lechimy, alors président du Conseil Régional, montant même au créneau dans les médias pour défendre les "grands économistes" de cet ex-groupe de recherches dont les trois chefs furent par la suite radiés de l'université et révoqués de la fonction publique. Petit rappel : ils firent appel de leur condamnation devant le Conseil d'Etat, la plus haute institution juridique française, et furent tout simplement déboutés. Sauf qu'il s'agit là d'une sanction purement administrative et que la sanction pénale, elle, tarde (depuis 5 ans !) à venir. Pire : après de départ de la présidente, issue du Pôle Martinique, un président guadeloupéen fut élu et l'une de ses premières mesures fut de remercier les avocats que celle-ci avait recrutés pour les remplacer par un avocat guadeloupéen spécialiste en...droit maritime. Interdit de rire ! Le nouveau président tenta même de faire revenir les chefs du CEREGMIA à l'université, les recevant au campus de Fouillole, forfaiture qui fut fort heureusement empêchée par une mobilisation d'universitaires, de personnels administratifs et d'étudiants du Pôle Martinique. Pendant ce temps, l'UAG devenue UA remboursa les millions volatilisés à raison d'1 million d'euros par an ! Là encore, cela ne dérangea presque personne alors que cet argent aurait pu servir à améliorer les conditions de vie et de travail des étudiants, acheter des livres par la BU (Bibliothèque Universitaire), réparer et moderniser les salles de cours et les amphis ou encore permettre aux laboratoires de recherche de faire l'acquisition du matériel dont ils ont besoin. "Plus pire" : il semblerait que les requêtes adressées par le Parquet National Financier de Paris réclamant des documents concernant l'ex-CEREGMIA soient restées lettres mortes à ce jour.  

  Tout cela pour dire que l'actuelle guéguerre sur l'alternance, peu compréhensible pour le grand public de nos deux îles qui y voit une sorte de panier de crabes, relève de deux choses : de un, le nationalisme de pacotille qui sévit aux Antilles et qui ne vise aucunement l'Etat français ; de deux, une guerre d'égos hypertrophiés. S'agissant du premier, il faut que le grand public sache que l'Université des Antilles est une université française et qu'à ce titre, il n'existe pas de "candidats martiniquais" ou de "candidats guadeloupéens" come le répètent à l'envie les médias, mais des "candidats du Pôle Guadeloupe" et des "candidats du Pôle Martinique". En effet, sur ces campus, il y a certes une majorité d'enseignants antillais, mais on y trouve également des Hexagonaux, des Africains, des Arabes et autres lesquels dont tout à fait en droit de poser leur candidature.  Car si l'on s'en tient à l'appellation idiote et juridiquement infondée de "candidats guadeloupéens" et de "candidats martiniquais", c'est la Guadeloupe qui sortira gagnante puisque les deux candidats à la prochaine présidence sont des...Guadeloupéens. On mesure à quel point on touche le fond s'agissant de personnes censées délivrer un enseignement..."Supérieur" !

   L'Université des Antilles n'a pas besoin de nationalisme de pacotille ni de guerre des egos. Elle a simplement besoin de compétence. Comme sa prestigieuse soeur, l'Université des West-Indies.

Image: 

Commentaires

GIRIER-DUFOURNI... | 12/02/2022 - 04:30 :
A se demander si la Martinique fait partie de cette république une et indivisible? Si il n'y a pas de malversation ou fraude , pourquoi l'Université rembourse ? Nos élus et dirigeants "locaux " devraient faire leur examen de conscience pour certains? Ce pays, va t-il se pacifier quand on observe ces comportements nauséabonds , discriminatoires exprimés par des élites et ceux chargés de former des étudiants , les éduquer ,leur apporter une once de neutralité et aider à faire rejaillir la vérité ? Que l'on ne vienne pas nous parler de l'autonomie de l'Université quand on sait qu'il existe un ministre de l'éducation, un responsable de l'enseignement supérieur .Il serait bien que ces messieurs et dames s'investissent pour s'informer de ce qui se passe . Et non laisser la place à un petit groupe qui se croit au - dessus des lois et cherche à écrase les autres ?On en parle pas .Mais , ce comportement ne s'apparenterait - il pas à un peu de dictature ?Au moment où les français vont voter pour les élections présidentielles , il serait judicieux qu'un président de la république s'implique .Il n'y a pas de peur à avoir .Il faut que celui-ci , dans ce rôle qui lui est dévolu, d'intervenir pour que la justice fasse avancer le dossier "Céregmia La justice, doit - elle s'occuper sérieusement uniquement que des petits, ceux qui, maladroitement exprime leur colère ? Qui sont les coupables ?Pourquoi certains ont peur que la justice passe ? N'est - ce pas nos élus, dirigeants, gouvernants qui, pour se protéger et défendre leur poste et leur fonctionnement de " selon vent...." qui font que , sans être méchant, on ne peut empêcher cette expression qui se vulgarise et qui dit :"la Martinique est une république bananière "? Puis ... d'autres essaieront d'analyser le taux d'abstention élevé ? Certains disent avoir tiré des enseignements de cette pandémie? Le refus pour d'autres de se faire vacciner et de contester l'autorité des gouvernants; quels messages leur laisse t -on pour d'autres conflits à venir ? Il serait bon aussi que certains dirigeants ne soient pas encouragés quand ils enfreignent les lois et veulent se donner un pouvoir, tous les pouvoirs ?....

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.

Pages