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Une université de la Martinique ? La pire des sottises !

Une université de la Martinique ? La pire des sottises !

  Indifférents ou en tout cas muets pendant près de quatre décennies sur le sort de l'ex-Université des Antilles-Guyane, puis de l'Université des Antilles, voici donc que les politiciens martiniquais se réveillent. 

 Se réveillent subitement (contrairement à leurs homologues guadeloupéens et guyanais qui ont toujours défendu leur pôle bec et ongles) et profitent de l'actuelle crise au sein de l'établissement pour, démagogiquement, avancer l'idée d'une "Université de la Martinique". Or, ce n'est pas parce qu'une institution est en crise à un moment ou un autre qu'il faut jeter le bébé avec l'eau du bain ! Pendant ces quatre décennies, l'UAG, puis l'UA, ont formé des générations d'étudiants à la satisfaction générale et d'ailleurs, certains politiciens martiniquais scissionnistes ou sécessionnistes en sont issus. Cela a été possible parce qu'on avait affaire à un corps enseignant responsable, qualifié et surtout soucieux de préserver l'autonomie de l'établissement par rapport aux pouvoir politiques. Possible aussi parce qu'il a toujours su garder en tête l'étymologie du mot "université" à savoir "univers", "ouvert sur le monde" c'est-à-dire l'exact contraire de ce que l'on pourrait nommer une "nombrilité". 
  Aujourd'hui, à travers le monde, toutes les grandes universités fusionnent pour former des entités capables de tenir leur rang sur le marché mondial du savoir. Un exemple : les six universités de Marseille et d'Aix-en-Provence se sont rassembler pour former ce qui est devenu la plus grosse université francophone du monde : 74.000 étudiants. Plus près de nous, 12 pays anglophones de la Caraïbe ont su, depuis plus d'un demi-siècle, garder ce joyau qu'est l'Université des West-Indies. Disons-le tout net : une université de Martinique et une université de Guadeloupe seraient de simples collèges universitaires sans envergure et sans attractivité. Ce serait la pire des sottises à faire ! Mais, hélas, dans nos pays, nous n'en sommes pas à une sottise près.
 Pendant quatre décennies l'ex-Université des Antilles et de la Guyane a, répétons-le, fonctionné à la satisfaction générale. Et puis est venu le moment où chacun a voulu tirer la couverture à soi et à force de tirer, le drap s'est déchiré en deux donnant naissance à l'Université de Guyane et à l'Université des Antilles et voici qu'aujourd'hui, cette dernière est menacée d'être à son tour divisée en deux. C'est tout simplement grotesque ! Or, il faut se garder de confondre une institution et les hommes et femmes qui la dirigent. La meilleure institution de monde peut imploser si ses dirigeants ne font pas montre d'intelligence, de modération, d'anticipation et surtout, dans notre cas précis, d'exacte appréhension de ce que nous sommes. L'ex-UAG était déjà une petite université à l'échelle caribéenne et mondiale. L'Université des Antilles est une toute petite université. Les Universités de la Martinique et de la Guadeloupe seront des pois chiches. Comme le cerveau de celles et ceux qui sont en train de les faire advenir ! 
  Car enfin, les mêmes qui nous bassinent à longueur de journée avec "le monde noir", "les afro-descendants", "l'Afrique-mère" et bla-bla-bla, sont prêts à diviser une institution composée de...Noirs. Or, ils nous racontent que "tous les Noirs sont frères" ! Faudrait savoir ! Leur volonté de partitionner l'Université des Antilles est en parfaite contradiction avec leur discours noiriste, ce qui apparemment ne semble pas les gêner aux entournures. Or, si ces politiciens martiniquais étaient un tant soit peu attentifs à ce qui se passe actuellement au sein de l'Université des Antilles, ils verraient que la contestation de l'actuelle gouvernance n'est pas le fait du seul Pôle Martinique. Sur le Pôle Guadeloupe également, mais pour d'autres raisons, cette gouvernance est tout autant chahutée. Chacun a pu voir cette vidéo hallucinante dans laquelle le vice-président du Pôle Guadeloupe tente d'empêcher par la force l'accès à un amphithéâtre du campus de Fouillole où des opposants à la gouvernance voulaient organiser une réunion. Chacun a pu lire les déclarations, communiqués et autre mémorandum dans lesquels ces opposants exposent leurs divergences avec la gouvernance. La contestation de cette dernière n'est donc pas uniquement martiniquaise mais tout autant guadeloupéenne.
  Conclusion : ce n'est pas l'institution en elle-même qui est en cause mais celles et ceux qui la dirigent.
  Il convient donc que gouvernance et opposants fassent preuve de lucidité. Qu'ils comprennent que deux universités ayant chacune moins de 10.000 étudiants, ce qui sera le cas tant de l'Université de la Martinique que de la Guadeloupe, n'auront aucune attractivité déjà que plus de la moitié des bacheliers martiniquais et guadeloupéens partent étudier dans l'Hexagone, au Québec ou ailleurs. Déjà aussi que le taux de natalité est sérieusement déclinant dans nos deux pays ! Ils convient aussi que nos politiciens des deux îles cessent d'interférer dans les affaires de l'université et n'en fassent pas un fromage politique comme l'ont surtout fait pendant quatre décennies les politiques guadeloupéens de tous bords. Nous sommes pour l'heure dans le système français et dans ce système, les universités sont autonomes. Certes, les politiques ont un droit de regard sur ces dernières mais celles-ci s'administrent librement. 
 Et s'agissant de nos deux îles, ce n'est pas parce que nos collectivités votent chaque année une modeste aide d'1 ou 2 millions d'euros à notre université (sur un budget de plus de 90 millions d'euros !) qu'elles peuvent s'imaginer pouvoir imposer leurs vues aux universitaires. C'est à ces derniers et à eux seuls qu'il revient le droit de décider d'une partition de l'établissement ou pas. Or, nos universitaires sauront-ils, pendant qu'il est encore temps, gouvernance comme opposants, trouver les voies et moyens d'une sortie de crise afin de préserver cet outil précieux qu'ils ont entre les mains et qui se trouve être l'une des dernières institutions interrégionales ? Sont-ils prêts à foncer tête baissée vers la création de banals collèges universitaires ? Sauront-ils faire honneur à ce qui les désignent à savoir "Enseignement Supérieur" et ne pas sombrer dans le nombrilisme bête et méchant dont la jeunesse de nos deux îles sera la première victime ? 
  Tel est l'enjeu actuel de la crise qui secoue l'Université des Antilles...

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