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de Térèz Léotin

UNE HISTOIRE SANS FREIN/AN LISTWÈ SAN KORAJ

par Jean-Laurent Alcide
UNE HISTOIRE SANS FREIN/AN LISTWÈ SAN KORAJ

L’auteure avait déjà adapté un conte populaire allemand (Les musiciens de Brême) avec son ouvrage Yo, paru chez Exbrayat en août 2015. Son dernier ouvrage, Une histoire sans frein/An listwè san koraj, part lui aussi d’un conte allemand. Un conte du XIII ème siècle : Le joueur de flute de la ville de Hamelin. Cette fois nous n’avons pas ici affaire à une traduction-adaptation. Partant du conte allemand, Térèz Léotin nous offre à méditer un conte écologique, avec pour cadre la Martinique du début des années 60, quand la télévision n’avait pas encore remplacé le cinéma, que la canne couvrait la majorité des terres agricoles, et que les femmes à « tête marrée » ainsi que les hommes en bakwa ornaient les billets de banque de l’I.E.D.O.M. (Institut d’émission des départements d’Outre-Mer).

 

Une histoire sans frein, une affaire qui n’en finit pas, an bagay ki pa ka bout. C’est l’éternel retour du désastre, pour la nature et pour le bien-être des hommes, parce que règnent en maître les impératifs de la productivité, du profit. L’auteure invite an finaldikont à mettre un frein, un koraj à ce cycle infernal, où la science des grangrek, fait passer la performance économique, l’efficacité technique, avant la santé des hommes. Mais Une histoire sans frein n’est pas qu’un simple manifeste écologique : c’est avec plaisir que les aînés retrouveront et que les plus jeunes découvriront le temps où il y avait des salles de cinéma, toujou foulbak, en communes et dans les quartiers de Fort-de-France (Bataclan, Parnasse, Olympia, Eden, El Paraiso, Star…). Une histoire sans frein/An listwè san koraj, c’est aussi le face à face, le duo, que constitue le français et le créole soutenus. Avec, pour la partie créole, le plaisir des archaïsmes (lòloy, bastet, kalibandjo, wach, toutoun banbou, lévé gawoulé, bat sonn tjes, pa ka tann  krenm…) ou des créations (anbiskadé, chen film…) Nous avons dit : duo de langues, on pourrait aussi parler de trio, puisqu’on rencontre, en une occasion, du français créolisé (qui, dans le langage courant, amuse, et souvent gène, à l’inverse du créole francisé) : « Rôle tu fais rôle pas entendre, obien c’est comprends tu comprends pas ? C’est pas couillon on t’appelle, quand même ! ».

 

Il faut souligner aussi le travail du dessinateur Pancho, qui ne se contente pas d’illustrer, mais joue parfois sa propre partition, comme lorsqu’il fait dire à Jean Valjean, parlant du bateau « Cosette » immergé au large du Prêcheur : « Ah, les misérables ! ».

 

Cette fable écologique, est un petit voyage dans un temps pas si lointain. Sans être passéiste, c’est ce que nous propose Térèz Léotin, dans nos deux langues. Et dans cet ouvrage de belle facture, la langue créole bénéficie du savoir-faire des Editions Exbrayat, qui lui donnent l’écrin et la reconnaissance qu’elle mérite.

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