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Toute ressemblance avec une affaire de filouterie à grande échelle serait fortuite

Térèz Léotin
Toute ressemblance avec une affaire de filouterie à grande échelle serait fortuite

Julien Valmont, alias Gros Dégueulasse, alias DSKahnard, alias Ti-Coca, accessoirement docteur en économétrie de l’université de Paname, homme sans limite « n’est le fils de personne ». Il s’est fait tout seul en pays de Nadiland, où les chiens aboient par la queue,  où les chevaux ont trois pattes, où les coqs ont des dents, où les serpents rampent sur le dos, où l’homme est sans tête, où la réalité dépasse la fiction.

Il fait partie d’une secte avec des frères à trois poings qui se tiennent la queue de devant, dans une danse qui possède le pouvoir de les maintenir au sommet du monde. L’homme n’est rien d’autre que le vénérable directeur de l’Institut Économique Régional (l’ISER) qu’il a su très adroitement transformer « en machine à cash ». Cette sommité, en effet, maçon sans réelle truelle, que celle qui lui permet de transbahuter les subsides européens, vers ses différents comptes « sait comment faire les poches habilement à la communauté européenne ». Il dirige aussi au sein de son institut un laboratoire dénommé le Filmaneg. On y trouve nous dit l’auteur Confiant «  des chercheurs qui cherchaient à savoir ce qu’ils cherchaient pour ne pas avoir à chercher ». Il a, en outre, les mêmes antennes à Varuland et Galibia, deux autres confettis de la grande mégapole, qu’est « l’Amère patrie hexagonale, Paname ».

Tout cela se passe à l’Alma Mater franco-caribéenne dirigé par madame, la Résidente, comme aiment à la nommer Valmont et ses comparses qui refusent de dire Présidente puisque rentrée en résistance, et croient l’annihiler à travers ce déni. Elle a, aux yeux de Valmont, le défaut d’être femme, ce qui en langage Valmontien signifie incapable. Cette dame hispanisante est disciple de Cervantes, mais mieux que son « ancêtre don Quijote », elle sait se battre farouchement contre les moulins, et tout ce qu’elle entreprend, elle a l’art de le mener à bon port, au grand dam de Valmont, habitué à l’opacité de ses laboratoires d’économétrie, à la gestion très douteuse pour un économiste renommé, et qui sait, paroles de Valmont lui-même, « comment faire pour que ses adversaires finissent en mauvais état ». Ses comptes sont dans le rouge, alors l’homme voit rouge.

Le rouge est une couleur paradoxale et pleine de passion. Dans nos croyances judéo-chrétiennes il est lié à la passion, il est aussi associé au sang, à la colère, au diable, à l’enfer, à la luxure, et depuis un certain mois de février 2009 de grève journalière, il symbolise la victoire. L’individu croit dur comme fer, qu’il tient enfin sa victoire sur cette empêcheuse de détourner les fonds européens et il décide de son affaire.

À Nadiland, Varuland et Galibia, le Carnaval est omniprésent, ses bals sont perpétuels, pas étonnant d’apprendre, que le jour où le rouge fête l’expression libre des rues, surtout celle des carnavaliers, sur tous les tabous, l’homme  manigance L’enlèvement du mardi gras, « sur l’île aux fleurs fanées ». Avec le kidnappage de la Résidente, « On est pas sorti de la berge ».

Ce dernier ouvrage L’enlèvement du mardi gras, de Confiant nous parle d’un Crétin Sonore d’écrivassier, d’une Résidente, Reine d’Abyssinie sans royaume, d’un P’tit Mégalo frétillant, d’une Féministe de seconde zone, d’une Blondasse gymnique etc… etc…  faisant face à un Julien Valmont et ses sbires qui doivent rembourser, à la société, pas moins de 12 millions de détournement de fonds publics.

On a envie de penser ou de croire qu’il s’agirait d’une certaine affaire de filouterie à grande échelle qui avait défrayé la chronique, en son temps, que nenni, Confiant s’empresse de contredire notre pensée indisciplinée, car dit-il en épilogue : «  Toute ressemblance avec des personnes existantes ou des faits s’étant réellement déroulés dépend entièrement de l’imagination du lecteur ».

Il nous faut reconnaître qu’en dépit de toute apparence qui n’est donc que fortuite, cet ouvrage a le grand mérite de nous donner aussi à nous interroger. Tout en étant bien entendu un polar, on ne peut en effet, s’empêcher de se passionner pour l’enquête que l’on croit réelle.    

  L’enlèvement du mardi gras, Raphaël Confiant, polar, Éditions Écriture, janvier 2019. Térèz Léotin

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