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TENTATIVE DE RECUPÉRATION DE LA CRÉOLITÉ

Par Raphaël Confiant
TENTATIVE DE RECUPÉRATION DE LA CRÉOLITÉ


Tout mouvement d'idées, toute idéologie, toute discours culturel ou religieux est voué, à un moment ou un autre de son histoire à être l'objet de tentatives de détournement, de distorsion ou d'accaparement. Le message du christianisme a été perverti par les conquistadors espagnols, celui de la Révolution française et des Lumières par le colonialisme français en Indochine, en Algérie et en Afrique noire, celui du marxisme par Staline et Pol Pot, celui de George Washington par Reagan et Bush, celui de Gandhi par les suprématistes hindous etc…On pourrait multiplier les exemples à l'envi. Que le discours de la Créolité en vienne à subir le même traitement aujourd'hui, n'est en rien étonnant. Rien de nouveau sous le soleil, pourrait-on dire ! L'important, dans ces cas-là, est de démonter les tentatives de détournement et de mettre à jour leur duplicité, ce qui est loin d'être facile. Il y a, en effet, une sorte de deuxième loi historique qui fait qu'il est plus facile de s'opposer à un adversaire franc et direct qu'à un adversaire qui feint d'être d'accord avec vous tout en vous minant de l'intérieur. Ainsi, le marxisme peut plus aisément dire en quoi il s'oppose au capitalisme étasunien, par exemple, qu'au discours d'un Pol Pot qui se drape (et se masque) derrière le matérialisme historique et l'appareillage conceptuel communiste. Il sera donc toujours plus simple pour la Créolité de dire en quoi elle s'oppose à la Négritude ou à l'Afro-centrisme qu'à une idéologie comme celle développée dernièrement par une association comme « Tous Créoles »

Mais commençons par le commencement…La Créolité apparaît au début des années 80 du XXe siècle et est théorisée à la fin de cette décennie dans un manifeste intitulé « Eloge de la Créolité » (1989) rédigé par P. Chamoiseau, J. Bernabé et R. Confiant. Pour la petite histoire, il convient de révéler qu'au départ, ce texte n'avait absolument pas été conçu comme un manifeste. En effet, les trois auteurs cités avaient été invités au Festival Antillais de la Seine-Saint-Denis en 1988 et au lieu de faire une communication individuelle, comme les organisateurs le leur avaient demandé, ils avaient choisi de rédiger un texte en commun. C'est le retentissement de leur texte au cours de cette manifestation qui les a poussés à le faire éditer ! Cela veut dire qu'ils pratiquaient déjà la Créolité une bonne décennie avant de la théoriser . Et d'ailleurs, ce qu'on pourrait appeler « la Créolité créolophone » a précédé d'au moins dix ans « la Créolité francophone », celle que les médias et l'intelligentsia française ont consacrée. Le grand public ne le sait pas assez, mais bien avant l' « Eloge de la Créolité », P. Chamoiseau écrivit des bandes dessinées en créole, J. Bernabé publia une grammaire du créole et inventa un système graphique tandis que R. Confiant rédigeait des romans dans cette langue. Ces trois auteurs n'étaient pas seuls : ils faisaient partie de ce qu'après coup, on peut qualifier de « révolution créolisante », celle qui à compter de la fin des années 70, vit apparaître et s'imposer des auteurs talentueux comme G. Mauvois, Monchoachi, Joby Bernabé, Térez Léotin, Georges-Henri Léotin, Jala etc. pour la Martinique ou Hector Poullet, Sony Rupaire, Sylviane Telchid Roger Valy Max Rippon pour la Guadeloupe. Toute une génération se mit donc à écrire en créole et c'était la première fois que l'on assistait à un tel phénomène dans nos pays. On peut alors se demander pourquoi la « Créolité créolophone » fut suivie, une décennie plus tard, par la « Créolité francophone » et pourquoi cette dernière semble l'avoir marginalisée, sinon effacée. Les raisons en sont, on s'en doute, diverses, mais l'une des plus importantes, à mon avis, est que trop préoccupée par la défense et illustration de la langue créole, ce qu'elle fit avec brio, la « Créolité créolophone » ne fut pas en mesure de comprendre que le monde avait changé, que les notions de « nation », de « langue nationale » et d' « identité » étaient en train d'être radicalement bousculés par la mondialisation. Autant dans les années 50, un Algérien pouvait proclamer « L'Algérie est ma patrie, l'arabe est ma langue, l'islam est ma religion », autant dans les années 80-90, un Antillais pouvait difficilement dire « La Martinique ou la Guadeloupe ou Haïti est ma patrie, le créole est ma langue, le vaudou ou le rastafarisme est ma religion ». Jusqu'aux années 50-60, le monde vivait, en effet, sous le règne de l' identité unique . On savait qui était qui. Chacun pouvait se retirer dans sa chacunière comme on dit au Québec. On ne pouvait pas être à la fois chrétien, musulman et bouddhiste. On ne pouvait pas se réclamer à la fois de l'arabe et du français, ce qui poussa, fort logiquement, les différents gouvernements algériens à mettre en œuvre la politique dite d' « arabisation » visant à éliminer le français de leur pays. Or, la mondialisation a fait voler en éclats l'identité unique. En instaurant une interface généralisée des cultures, des langues et des religions, en rapetissant la planète grâce à la télévision et surtout l'Internet, en accélérant les mouvements migratoires etc., elle a créé l' identité multiple . Ou plus exactement la conscience de l'identité multiple. Car, et c'est là qu'interviennent les auteurs de la Créolité, en fait, l'actuelle mondialisation n'est que la deuxième du nom. La toute première mondialisation s'est déroulée d'abord dans l'archipel des Antilles, puis sur le continent américain, cela aux XVIe et XVIIe et XVIIIe siècles . Jusque là, en effet, seuls des peuples géographiquement proches entraient en contact prolongé et en métissage : Chinois et Mongols, Arabes et Européens du Sud, Arabes et Africains du Sahel, Slaves et Turcs etc. Or, dans le Nouveau Monde, aux Amériques donc, pour la toute première fois dans l'histoire de l'humanité la quasi-totalité des peuples de la planète se trouvaient réunis sur le même sol et contraints de vivre ensemble : Amérindiens, Européens, Africains, Indiens, Chinois, Syro-libanais etc. Il n'y a guère que les peuples polynésiens à n'y avoir pas participé. Ce phénomène a donc été appelé par les Hispanophones mestizaje (métissage) ou criollizacion (créolisation). Suivant en cela Edouard Glissant, les auteurs de la Créolité ont préféré le deuxième terme pour une raison majeure, c'est que « créolisation » fait référence à un phénomène culturel tandis que le premier, « métissage » fait référence à un phénomène biologique . Le terme « créole » vient en effet du latin « creare » qui signifie « créer/se créer » et n'a aucune connotation biologique ou raciale : il désigne simplement le processus multiséculaire par lequel des populations très différentes et pour la plupart venues d'ailleurs (puisque seuls les Amérindiens sont autochtones) ont été obligées d'inventer une nouvelle culture, une nouvelle vision du monde et parfois de nouvelles langues (créoles, papiamento, sranan-tongo etc.). Une vision du monde marquée dès le départ par l'identité multiple . Le problème est que pendant que se déroulait ce phénomène absolument nouveau, le reste du monde, en fait les trois-quarts de la planète, continuaient à vivre et cela jusqu'au milieu du XXe siècle sous le règne de l'identité unique. L'Europe, l'Afrique, l'Asie et l'Océanie, bref l'Ancien Monde, persévéraient dans l'Un comme disent les philosophes, alors que l'Amérique était en route vers le Multiple.

Et il est par conséquent normal que l'Ancien Monde découvre seulement aujourd'hui cette dernière et parle de « mondialisation » ou de « globalisation » comme s'il s'agissait d'un phénomène absolument nouveau. De part ses attaches particulières avec l'Ancien Monde, les Etats-Unis font figure de cas à part avec un pied dans l'identité multiple et l'autre dans l'identité unique, cette dernière prédominant toutefois chez eux. D'où l'étonnement ou l'émoi que peut susciter l'éventuelle élection d'un noir comme Barack Obama à la présidence des Etats-Unis alors que personne ne s'étonne en Argentine que l'ex-président Carlos Menem fut d'origine syrienne ou au Pérou que l'ex-président Alberto Fujimori fut d'origine japonaise ou encore qu'à Trinidad l'ex-premier ministre Basdeo Panday fut d'origine indienne (de l'Inde). Pour les auteurs de la Créolité, l'archipel des Antilles et l'Amérique du Sud furent donc les inventeurs de l'identité multiple, celle justement qui est en train de s'imposer aujourd'hui à travers la deuxième mondialisation , celle que l'Ancien Monde croit, à tort, être la première.

Qu'est-ce que l'identité multiple ? C'est le fait de vivre plusieurs identités à la fois et d'en avoir pleinement conscience. Mieux de le revendiquer. C'est le « partage des ancêtres » comme le dit joliment Jean Bernabé. Lequel Bernabé, au sortir d'un débat télévisé sur RFO, il y a quelques années, provoqua la colère d'un Béké qui participait à l'émission, lorsqu'il lui lança : « Je reconnais que moi, d'origine africaine, je suis porteur aussi d'éléments culturels français et européens. Reconnaissez, vous, Békés, que quoique d'origine européenne, vous êtes aussi porteurs d'éléments culturels africains ! ». Le Béké en question réfuta virulemment cette idée alors que Bernabé n'insinuait pas du tout qu'il eut pu avoir quelques gouttes de « sang noir » dans les veines, mais que vu qu'il était né et avait été élevé aux Antilles, qu'il avait probablement été chéri au cours de ses vertes années par un « da » forcément « de couleur, qu'il parlait normalement créole etc.., que tout cela faisait qu'il ne pouvait être indemne de toute trace d'éléments culturels « nègres ». C'est dire que la Créolité s'est toujours défié du biologique et a toujours fondé ses analyses sur l'historique, l'anthropologique, le culturel et l'économique.

La Créolité fut la première tentative de réconciliation sérieuse entre anciens maîtres et anciens esclaves. Avant elle, il n'y avait eu que des compromissions, notamment le fameux « bout de chemin avec l'Usine » des socialistes martiniquais, menés par Joseph Lagrosillière au début du XXe siècle. La Créolité est dans le compromis , pas dans la compromission. Surtout pas dans la compromission ! Pourquoi ? Parce que la langue et la culture créoles qui unissent, qu'ils le veuillent ou non, anciens maîtres et anciens esclaves est une culture née d'un compromis historique. En termes encore plus triviaux, la Créolité dit : « Nous vivons depuis des siècles dans le même pays, nous avons été séparés par la violence esclavagiste et le racisme, puis par l'exploitation capitaliste, essayons de voir s'il n'est pas possible, dans l'intérêt supérieur de notre pays, de trouver un chemin, une voie, qui nous permettent d'aplanir nos différents et de faire peuple ! ». Pour prendre un exemple encore plus concret, la Créolité ne demande pas aux Békés de rembourser les millions de journées de travail non-payées aux esclaves pendant trois siècles, elle n'exige pas, comme le font certains nationalistes fanoniens, que les Békés rendent les terres aux Noirs, elle ne s'intéresse même pas à ce que la communauté béké demande pardon, ce que la Créolité veut c'est qu' enfin, les Békés mettent leurs richesses et leur savoir-faire au service de notre patrie commune, la Martinique. Et non au seul service de leur poche ou du pouvoir français ou encore de quelque grosse compagnie multinationale. La Créolité demandait donc aux Békés de se montrer désormais les patriotes d'une Martinique nouvelle.

Il n'y a là rien de risible ou d'utopique comme le pensent certains fanonistes ou afro-centristes. La quasi-totalité des pays d'Amérique ont été conduits à l'indépendance par des Blancs créoles : Simon Bolivar était un Béké, José Marti était un Béké, Georges Washington était un Béké, Pedro II du Brésil était un Béké, Fidel Castro est un Béké (et même un Béké tout récent puisque son père était Espagnol). 99% des indépendances américaines ont été dirigées par des Blancs créoles, le 1% restant étant…Haïti. Cela signifie très clairement que les Blancs créoles hispanophones, les Blancs créoles lusophones et les Blancs créoles anglophones ont mené des guerres d'indépendance contre leurs métropoles respectives et on chassé les colons européens. Il n'y a que les Blancs créoles francophones à n'avoir jamais eu assez de couilles pour franchir ce pas alors qu'à Saint-Domingue, par exemple, ils auraient très bien pu le faire. Ce que la Créolité demandait aux Békés, ce n'était même pas d'imiter leurs cousins hispanophones, anglophones et lusophones, ce n'était pas de conduire un mouvement d'indépendance martiniquaise, mais tout simplement, et pour une fois dans leur histoire, de cesser de ne penser qu'à leurs seuls intérêts et se préoccuper de l'intérêt général, l'intérêt global, de leur pays, la Martinique.

Cet appel lancé, il y a…16 ans (en 1989 donc) aux Békés ne relevait absolument pas d'une quelconque compromission, mais d'une réalisme historique , le même qui a poussé un Nelson Mandela à ne pas exiger l'expulsion des Afrikaners et des Blancs Anglophones, jugeant qu'ils étaient désormais des Sud-Africains. Cela signifie-t-il, dans l'esprit de Mandela et des auteurs de la Créolité qui s'inspirent de sa pensée, que la lutte des classes est finie ? Que tout le monde il est beau, il est gentil ? Que tout le monde, Békés et Nègres, riches et pauvres, devrait vivre dans une sorte d'œcuménisme social bêtifiant ? Absolument pas ! La Créolité ne signifie pas la fin de la lutte des classes comme veulent nous le faire croire les gens de l'association « Tous Créoles ». Ce n'est pas parce qu'un ouvrier de la banane reconnaît qu'un Béké est un Martiniquais comme lui-même qu'il en oublie qu'il est un travailleur, un exploité, et que le Béké est un patron. Le milliardaire Dassault est aussi français que n'importe quel ouvrier français, aucun ouvrier français ne dirait que Dassault n'est pas français, mais ce n'est pas parce qu'on partage la même identité culturelle que les conflits de classe disparaissent comme par enchantement !

En fait ce que certains fanonistes ; négristes et afro-centristes refusent de comprendre, c'est que ce qui nous oppose aux Békés est une simple lutte de classe alors que ce qui nous oppose aux Français relève de la lutte de libération nationale. Ce n'est pas du tout le même combat ! Je n'ai ni la même histoire ni la même culture que le Français et son pays se situe sur un autre continent situé à 7.000kms du mien. Le Blanc-France est un étranger alors que le Blanc créole est un Martiniquais. Si on accepte cela, il faut, dès lors, hiérarchiser les luttes, prioriser les combats. Aujourd'hui, la priorité c'est quoi ? C'est le combat contre ce qu'Aimé Césaire a appelé le « génocide par substitution ». Le fait que des centaines, des milliers de Français (et autres) s'installent dans notre pays, nous imposent leur mode de vie et diluent notre identité culturelle. C'est notre existence en tant que peuple qui est en jeu. Et désolé, ce n'est pas le Blanc créole, même s'il est, hélas, souvent complice du Blanc-France, qui en est le principal responsable. Prenons un exemple concret : à Jossaud, au fin fond de la campagne de Rivière-Pilote, sur 7 classes d'école maternelle, 5 sont faites par des enseignants français. Oui, en plein fief indépendantiste ! Et à travers la Martinique, il n'y a pas moins de 9 écoles maternelles, dans lesquels les enseignants non-Martiniquais sont majoritaires. Il s'agit là d'une arme de destruction massive. On prend nos enfants à 3 ans, quasiment au biberon, et on les place entre les mains de gens qui ne connaissent même pas un « matotou-falez » ou un « sirik », un four à charbon ou un jardin créole, et encore moins la langue créole ! C'est une entreprise de génocide culturel car dans 10 ou 15 ans, ces petits « nègres-la-campagne », comme on dit en créole, auront été formatés par des gens venus de Bourgogne, du Poitou ou du Cantal. Donc c'est bien joli de s'écrier comme tel leader indépendantiste « Je ne suis pas créole, je suis Martiniquais ! », refusant en cela de reconnaître une quelconque proximité culturelle avec les Békés, mais dans peu de temps, il n'y aura plus de Martiniquais ! Oui, il faut continuer donc à mener la lutte de classes contre les Békés, mais la priorité de l'heure, c'est la lutte de libération nationale contre les Français. Sinon, nous disparaîtrons, à terme comme, peuple.

On aura donc compris que nous vivons en plein confusionnisme et ce dernier prend deux formes :

. celle que nous venons d'évoquer et qui confond lutte de classes et lutte de libération nationale.

. celle des gens du « Tous Créoles » qui nient tout à la fois et la lutte de classes et la lutte de libération nationale et tentent de rassembler tout le monde dans le même sac, comme si le milliardaire Dassault pouvait se retrouver dans la même association ou le même club que l'ouvrier, la secrétaire, l'infirmière ou le chauffeur de taxi français !

D'une certaines manière, indépendantistes anti-Créole et démagogues « Tous Créoles » marchent la main dans la main, sans le savoir. Les premiers sont enfermés dans une vision nationaliste étroite qui n'a plus cours depuis les années 60 et qui n'a, jusqu'à aujourd'hui, pas réussi à faire avancer notre pays d'un pas (sauf à croire qu'être maire indépendantiste, conseiller général ou régional indépendantiste ou député indépendantiste constituent des pas !). Les seconds, profitant de l'incurie des premiers et, il faut bien l'avouer, du manque de clarté de certains acteurs ou partisans de la Créolité, tentent de nous faire prendre « dlo mouchach pou let » en diffusant une idéologie œcuménique hypocrite qui rassembleraient tous les Martiniquais quelle que soit leur appartenance de classe.

Les choses sont claires, tout à fait claires, en tout cas à mon niveau : pour la Créolité la lutte de classes continue même si nous reconnaissons que les Békés sont des Martiniquais et la lutte de libération nationale contre le pouvoir français est une priorité absolue. Le seul combat qui vaille aujourd'hui est le combat contre le génocide par substitution.





    RAPHAEL CONFIANT


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