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Sur L’Audace de Changer, de Louis Boutrin

Par Gerry L’Etang
Sur L’Audace de Changer, de Louis Boutrin

Dans L’Audace de changer, Louis Boutrin propose un ouvrage analytique et prospectif sur la Martinique, ses problèmes politiques, économiques, écologiques, et des solutions à y apporter.

Dans ce livre, le constat que fait l’auteur des drames écologiques qui traversent la Martinique est sans concession. Dans un contexte de sujétion politique et de crise économique, le pays est affronté à un empoisonnement au chlordécone, une invasion de sargasses, des brumes de sables sahariens, une pollution aux particules fines, un réchauffement climatique, une disparition du littoral, une bétonisation des terres, une déperdition démographique, une épidémie.

Face à ce désordre lourd de menaces pour le présent et davantage encore l’avenir, Boutrin propose une vision du développement soutenable.

Il s’agit d’abord, sur le plan politique, d’acquérir davantage de pouvoirs locaux en rompant d’avec la version jacobine du pouvoir héritée de la révolution de 1789. Car, nous dit Louis Boutrin, « Les républiques n’ont plus besoin d’être ‘unes et indivisibles’, elles peuvent être tout simplement unies au sein d’une même communauté ». Et ce faisant, laisser place aux autonomies locales, à l’instar de l’Allemagne, du Portugal, de l’Espagne. Ainsi, comme il n’y a pas mieux que soi pour gérer ses affaires, la Martinique pourra faire davantage face aux défis auxquels elle est confrontée. D’autant que, de nombreux cas en attestent, la gestion de l’île par sa métropole est insatisfaisante. L’un de ces exemples, et non le moindre, est l’affaire du chlordécone, l’Etat ayant ici « rusé avec ses propres principes ».

Sur le plan économique, l’auteur propose de repenser la chose à l’aune de l’écologie. Sa vision du développement soutenable présuppose une rupture d’avec l’ultralibéralisme « qui gangrène notre pays » et une adhésion à une « éthique de la responsabilité » associée à une « éthique de l’efficacité », le tout aux fins de parvenir à une transition écologique, laquelle peut se résumer en cinq points :

  • repenser l’aménagement du territoire
  • relever le défi énergétique
  • réussir la transition des transports publics
  • assurer une gestion publique de l’eau
  • revitaliser la démocratie participative.

La moitié du livre de Boutrin est consacrée au traitement exemplifié de ces nécessités (quelques premières mesures ayant déjà été initiées en ce sens). Il propose, par exemple, de penser le territoire martiniquais comme un tout cohérent, utile. La déshérence du nord témoigne, à travers notamment sa déliquescence économique et populationnelle, que ce n’est point le cas à ce jour.

Faire face au défi énergétique suppose pour sa part la réduction du coût de la facture énergétique, à travers le développement de la géothermie, des énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, hydroélectricité), cela compris de manière systémique, c’est-à-dire intégrant donnée agricole, gestion des déchets, pratiques circulaires, éducatives, etc.

Les projections au niveau des transports sont tout autant pensées via le prisme écologique, favorisant les transports publics plutôt qu’individuels, sous réserve qu’ils soient plus propres, donc moins émetteurs de particules fines.

Le développement soutenable implique également pour l’auteur la garantie pour tous d’un accès à une eau de qualité (« ce droit de l’homme à l’eau »), lequel passe à son avis par une gestion publique et unique de cette dernière.

Enfin, une autre proposition de Louis Boutrin consiste en une démocratie participative à la Martinique. Dans la même logique qui refuse de déléguer à la France la gestion principale du pays, il convient également que le citoyen exerce un contrôle sur ses représentants élus, voire qu’il invente un système entre démocratie élective, démocratie participative et démocratie directe.

Ce livre est rafraîchissant. Dans un contexte délétère où la pente la plus aisée serait de se laisser aller à la désespérance, il donne quelques motifs d’espoir et nous dit, avec volontarisme, que le pire n’est pas le plus sûr.

 

  • L’Audace de Changer, de Louis Boutrin, SCITEP Editions, 190 p., Paris, 2021, 22.

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