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Anthropologie

STANDING ROCK : ESCALADE DE LA VIOLENCE ENTRE L'ETAT ET LES AMERINDIENS

Par Dominique Godrèche http://www.sciencesetavenir.fr/
STANDING ROCK : ESCALADE DE LA VIOLENCE ENTRE L'ETAT ET LES AMERINDIENS

Le combat mené par les Amérindiens dans la réserve de Standing Rock pour empêcher la construction de l'oléoduc DAPL, a pris une telle ampleur que des milliers de vétérans viendront assumer la sécurité des manifestants le 4 décembre 2016. Entretien avec Tom Goldtooth, directeur de l’Indigenous Environmental Network et lauréat 2015 du prestigieux Prix Gandhi pour la Paix.

Gaz lacrymogènes, jets d’eau glacée, lâcher de chiens sauvages sur les manifestants, arrestations et humiliations… L’escalade de la violence à Standing Rock a pris une telle ampleur, que des milliers de vétérans, à l’initiative de deux ex vétérans, Michael Wood et Wesley Clark, arriveront de tout le pays le 4 décembre 2016 à Standing Rock: « Veterans for Standing Rock »,mouvement exceptionnel de soutien et solidarité incluant les différents corps de l’armée Américaine, assurera la protection des manifestants, avant la décision de fermeture de deux campements par l’état du Dakota, le 5 décembre. Dans le conflit historique qui oppose les Amérindiens au instances de l’oléoduc Dakota Access Pipeline (DAPL), deux visions de la terre s’affrontent : les Amérindiens ne tolèrent aucun compromis à l’égard de l’exploitation de la "Terre Mère" à des fins industrielles, mettant en péril leur survie physique par la pollution de l’eau, mais aussi spirituelle, par la destruction de leurs sites funéraires et rituels. L’oléoduc, prévu sur une longueur de 1886 kilomètres, traverse les états du Dakota du Nord et du Sud, de l’Illinois, et de l’Iowa, la compagnie Energy Transfer poursuivant sa construction sous haute protection des forces de l’ordre, malgré la pétition envoyée au président Obama. Tom Goldtooth, Navajo et Dakota, directeur de l’organisation IEN (Indigenous Environmental Network), et lauréat 2015 du prestigieux Prix Gandhi pour la Paix, confie son inquiétude sur les conséquences de sa finition, sa toxicité pour le fleuve Missouri et l’avenir des communautés Amérindiennes, comme pour les habitants des états concernés, et au delà, Standing Rock ralliant aujourd’hui une mobilisation nationale, et internationale.

Quelle est la situation à Standing Rock ?

Les campements continuent de grandir: on compte cinq mille personnes à ce jour. Nos guerriers sont partis récupérer pacifiquement Turtle Hill hier, réaffirmant leur position sur la protection des sites sacrés. Mais les forces de l’ordre de l’état du Nord Dakota mènent des stratégies d’intimidation, et bloquent l’autoroute avec des véhicules militaires, empêchant l’accès au casino de la tribu, et portant préjudice à leur économie. Alors que par ailleurs l’état bénéficie des cautions délivrées par nos avocats pour nos arrestations.

Comment expliquez-vous la participation massive de personnes extérieures aux communautés Amérindiennes ?

La prophétie annonçait que les enfants des colons nous rejoindraient pour défendre la Terre Mère: des gens des quatre coins de la planète prennent conscience de l’aberration de politiques capitalistes aveugles, sans limites ni respect pour les cycles de vie de la Terre Mère, à l’origine du changement climatique. Nous invitons tous les peuples à réévaluer leur relation à la Terre Mère, car c’est ensemble que nous devons élever nos voix pour la protéger.

N’assiste-t-on pas à une escalade de la violence: une jeune Américaine, Sophia Wilansky, risque de perdre son bras après un affrontement ?

Ils  ont envoyé une grenade sur le bras de Sophia, alors qu’elle était présente de façon pacifique: la violence est extrême. Et l’état continue d’envoyer sa police militarisée: grenades, gaz lacrymogène, balles de caoutchouc, véhicules militaires… Trois cent personnes ont été blessées à Backwater Bridge dernièrement.

S’agit-il d’un génocide environnemental ?

La compagnie a déjà commis un génocide culturel, en rasant au bulldozer nos sites sacrés: quand l’oléoduc se brisera, il s’agira d’un génocide environnemental. Les gens dépendent de l’eau pour leur survie: ce sera un écocide!

A propos de la construction de l’oléoduc, qu’en est-il de la requête envoyée au Président Obama ?

La compagnie n’a pas encore reçu le permis du Corps des Ingénieurs de l’Armée pour forer sous le Missouri, et ne peut le faire sans leur approbation. Mais nous n’avons pas de réponse de Barak Obama, et craignons qu’il ne délègue l’affaire à Donald Trump, qui, ayant investi dans la compagnie de l’oléoduc, soutient sa construction. Nous demandons à Barak Obama de réaliser sa promesse à l’égard des Amérindiens, en exerçant son autorité pendant les semaines à venir afin de mettre un terme au forage. Nous sommes inquiets pour l’avenir de nos enfants: cet oléoduc se brisera. Il n’y a aucune garantie de la part des ingénieurs prouvant le contraire : la question n’est pas de savoir "si", mais "quand". Et les risques sont trop importants pour le laisser passer sous le  Missouri.

Que présage la présidence de Donald Trump ?

Il ne comprend ni les droits des Amérindiens, ni leurs droits aux territoires, il soutient le développement des énergies fossiles, et le pouvoir nucléaire : nous devons tout faire pour que nos droits soient reconnus en mandatant nos leaders tribaux. 

Les déclarations de Bernie Sanders vous aident-elles ?

Sa campagne contre la fracturation hydraulique, et l’oléoduc a toujours été en faveur de nos droits. Le pétrole de l’oléoduc est sale, il a déjà contaminé l’eau de nos communautés: ses déclarations ont donc aidé notre résistance, ainsi que la présence de Jane Fonda, qui était déjà à nos cotés dans les années soixante dix.

Quelle est la date butoir de votre action ?

Le nouveau président approuvera l’oléoduc: le temps n’est dont pas de notre coté. Son achèvement est prévu pour le 1er janvier, mais nous ferons tout pour retarder sa construction, en poursuivant l’arrêt de la construction par nos actions non violentes.

Cet oléoduc a-t-il un caractère nouveau ?

Non: la nouveauté est la convergence d’Amérindiens et de personnes du monde entier. Je n’ai jamais vu autant de gens nous soutenir : le monde commence à voir les contradictions du gouvernement face aux grandes entreprises. Car il ne s’agit pas seulement de nous, dix huit millions de personnes résidant le long du fleuve Missouri pâtiront de cet oléoduc. Nous avons toujours su que la protection de la Terre Mère était plus importante que l’économie, qui mène la danse : mais l’argent ne se boit pas.

Par Dominique Godrèche

 

Post-scriptum: 
Le directeur exécutif de l'Indigenous Environmental Network, Tom Goldtooth, lors de son discours à la COP 21 le 2 décembre 2015.

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