Alors... où en sommes nous ?
Le temps des vacances, pour ceux qui y sont, prend déjà le chemin de la sortie. Avant lui, une période sociale et politique avait été difficile pour le plus grand nombre. Il faut le dire, le niveau était au ras des pâquerettes.
La situation chaotique de la Martinique s'était illustré avec le coup de grisou de mon ami et camarade « metteur en scène martiniquais » qui s'était heurté à une porte !!!! d’État, l'Atrium et ses petits arrangements improductifs pour la création artistique.
Sur la même vague, le grand cri des cinq cent frères, s'était fait entendre d'une Guyane en déséquilibre, dans le pays des droits de l'homme. Un mouvement nécessaire crée « Pou Laguyann dékolé ».
Qui peut concevoir en effet que, non loin du Centre Spatial, orgueil de la France, qui peut concevoir que, certaines communes voisines de Kourou, ne disposent ni eau, ni électricité ? Les hommes politiques de l'Outremer, en représentation sur les bancs de l'hémicycle à Paris, n'ont jamais eu le courage de dénoncer ce manque de droits fondamentaux et cette absence de prospective pour cette France de l'Amazonie. Pour laisser place aux élections présidentielles, les médias ont eu vite fait de balayer une batterie de solutions en l'air pour les préoccupations guyanaises
Se sont alors installées les maîtres de la politique politicienne où les hommes et les partis, de gauche, comme de droite, du mitan, d'ici aussi, nous ont donné une leçon de, « tous pourris »!
Il s'en est suivi une épuration naturelle et nos voix plutôt à gauche ont comme toujours compté pour des mangots. A peine étions-nous à regarder la mise en place de ce qu'il est convenu d'appeler la monarchie de la France, les élections législatives, se sont invitées. Et là les amis, à la Martinique on a touché le fond, dans une campagne électorale difficile avec une politique de pleutres, de compères lapins, d'inconséquents, de sans conscience, les résultats ont été à la même hauteur, en un mot : la mort du petit cheval dans les bras de sa mère.
Au sortir d'une telle débandade, il fallait reprendre son souffle après ce fol intermède que je viens de vous esquisser, des vacances étaient nécessaires. Chacun de nous avait besoin de respirer un air nouveau pour ne pas dire différent. Différent de celui des peurs, comme celui des pleurs, celui des renoncements, différent de celui des victoires mal papa'y et des désillusions.
Pour ma part, le refuge des rêves ne m'avait jamais paru plus séduisant et pour couronner le tout, j'ai perdu un frère et un ami : Abel Odry. Docteur en mathématique, d'une intelligence sans faille dans tous les actes de la vie. C'était une personnalité hors du commun que nous n'aurons cesse de pleurer. Dans les années soixante, Abel était de cette jeunesse qui voulait autre chose pour la Martinique que la colonisation. Ardent défenseur de l’OJAM, c'était un homme discret et d'un humour à tout craindre. Nous le gardions jalousement dans notre fratrie. Adieu Abel, je t'aimais bien tu le sais !
Persuadée qu'il n'existe pas sur cette terre de lieux plus reposants que ceux de mon nord caraïbe, loin de la fureur et du bruit, pour ce temps de repos, je suis demeurée sur notre île pour déguster notre Martinique et ses aubes brumeuses du nord littoral
En juillet, j'ai pris un peu du festival de Fort de France. Ce n'était pas la grande parade des années-lumière du Sermac, mais tout de même, j'ai vu de belles rencontres artistiques , j'ai entendu de la bonne musique, les expositions d'art étaient de bonne facture, la Culture était bien présente
Après quoi, j'ai observé mon île et sa nature incroyable.
Mon premier choc fut pour les flamboyants, de cette année, ils ont orné tous les grands bois, toutes les routes, tous les grands chemins, ils avaient en eux cette vigueur quelque peu intimidante que je n'avais pas remarqué depuis longtemps, un véritable plaisir des yeux ! J'avais aussi oublié la beauté des couchers de soleil, où le ciel rosit puis rougeoit. En les redécouvrant, je me suis souviens de la lecture d'une prose d'un certain qui disait : Qui n'a pas habité la Martinique ignore la douceur de vivre.
En flânant sur la grève en plein midi, j'ai encore vu la mer de Zobel, celle qu'il décrit dans son roman « Diab'la ». Une nouvelle écrite en 1942, à l'attention des martiniquais vivant dans les ténèbres de la Révolution Nationale et que la censure de l'Amiral Robert avait interdit pendant la grande guerre entre l'Allemagne et la France.
Zobel, est un de ces écrivains régionaux, qui nous invite à une certaine fierté de ce que nous sommes. Il faut le relire sans cesse, particulièrement pendant le temps des vacances.
J'ai bu Neisson, la seule eau de vie qui ait droit de citer chez nous. Je vois encore Hubert me considérer sourcils froncés, seule femme parmi la fratrie à prendre un punch. J'ai même entendu dire par des grands blancs, en vacances dans nos eaux, « Neisson, c'est le meilleur rhum du monde ! Je me suis gavée de fruits (mangots bassignacs et mangots coco-boeuf, prunes mouben et autres trésors pour le goût, savoureux, plus que jamais !
A tâtons, dans la rivière, l'eau est si fraîche que le bain. qui paraissait insurmontable, se transforme en une jouvence tandis que l'onde claire scintille sous le ciel bleu. Les promenades sur la route des rhums et les ruines de ses habitations aujourd'hui silencieuses, sont toujours des émotions enfouies Elles demeurent des antres d'imaginaires où le passé n'est pas si loin, les reliques de notre Histoire, sont encore visibles et abolissent l'oubli. Je ne vous parle même pas de nos ballades en canot pour découvrir et redécouvrir du Prêcheur à Grand-Rivières, des anses merveilleuses aux pointes rocheuses et où l'on peut « pic niquer »
Et les plages du Sud, c'est pas rien ! Elles demeurent plus belles que sur les cartes postales ! De Sainte-Luce, à Sainte Anne, de Cap Macré aux Salines, en passant par le Diamant, sous les cocotiers, la jeunesse, se laisse griller par le soleil, elle fait des concours de beaux châssis, boit et danse jusqu'à plus soif. Belle, rieuse, insouciante, tou-tou-ni comme dirait ma grand-mère, enfin la vie leur appartient et quoi de plus beau ?
Mais comme aiment à dire nos vieux :
Alé pa ayen, sé viré ki tout !
Nous sommes partis en vacances, sauve qui peut et, dans l'espoir pourquoi pas, qu'une baguette magique aura remis quelques une de nos pendules à l'heure.
Que par exemple, la Guyane et ses cinq cent frères, face à l’État et les acteurs locaux, ont pu trouver des solutions et des mesures en faveur de la sécurité, de l’éducation, de la santé et de l'aide aux entreprises.
Chez nous, aurons nous la force de reprendre les choses en main ?
A défaut de toute autre richesse, le pouvoir du mental doit dominer cette obstination que nous ont transmis les ancêtres.
A présent que le TCSP est désormais sur ses rails, force est de reconnaître que l'ensemble du réseau a fière allure, Fort de France prend un peu plus des airs de capitale et peut-être est-ce une raison pour que l'activité démarre. Car bien sûr, l'emploi ne peut avoir complètement disparu à la Martinique. Il existe c'est certain dans une relation contractuelle innovante, des niches, une direction. Il y a forcément des nouvelles formes d’emploi. Nous devons les étudier, nous devons chercher, trouver, créer un moyen de sortir de cette nasse du désespoir.
Notre jeunesse, compte désormais parmi elle, bien des talents, plusieurs diplômés sont en train de créer de nouveaux jobs Et c'est elle cette jeunesse qui trouvera des solutions pour le pays, à condition bien sur qu'on lui laisse la place... qu'on la laisse s’exprimer.
En matière d'activité touristique, dans mes sorties sur l'île, j'ai remarqué un plus pour les vacanciers et les visiteurs, à commencer par l'offre de transports aériens, dans la réception aussi. Avec l'installation de vrais chefs en matière culinaire, désormais le professionnalisme a droit de citer. Des idées innovantes et des sites exploités pour la découverte sont mis à jour. Comme si la population avait fini par prendre en compte l'atout du tourisme et son économie. Des start-up, ce nouveau mode de commercer, fleurissent ici et là car il n'y a pas que le Service, il y a l'environnement et la protection de la biodiversité qui représente une richesse pour chaque être humain. Quantités de création d'emplois à développer. Ce n'est pas la bonne volonté qui fait défaut, ce qui manque, c'est peut-être cette propension à oser « faire » face, aux exigences de la mondialisation et ce sens commun qui est l'élément vital de toute émancipation dans un monde colonial.