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SOLILOQUE DE CONFINE (3)

Raphaël CONSTANT
SOLILOQUE DE CONFINE (3)

La longue intervention présidentielle du lundi de Pâques a été considérée comme une tentative de Macron de retrouver une certaine crédibilité près de son opinion publique. En soi, ce n’est pas une réussite car si sa côte de confiance gagne 4%, il reste plafonné à 39%.

Cela peut s’expliquer par le caractère surréaliste de certaines de ses décisions.  Ainsi, il annonce un déconfinement au 11 mai sans que l’on sache où en sera l’épidémie à cette période, comme si cela n’était pas l’essentiel. Pire, alors que le 12 mars, il annonçait qu’il fallait fermer les écoles car les enfants étaient des vecteurs importants du virus, et ceci avant même l’annonce le 14 de la fermeture des cafés puis le 16 du confinement, voici qu’il veut les ouvrir en priorité. Ceci est totalement illogique et constitue même une mise en danger du monde scolaire. On comprend que le ministre Blanquer ou, chez nous, le recteur Jan, font depuis lundi dernier du rétropédalage pour expliquer que cela ne se fera pas en un jour. Le SNES Martinique a fait part dans un communiqué des conditions minimales pour une réouverture des écoles, collèges et lycées. C’est la moindre des choses.

Cela démontre l’apparent « à côté de la plaque » du président français.

Mais, à y regarder de près, l’obsession présidentielle ou gouvernementale reste de refaire avant tout (re)partir l’économie.

Ainsi pour le confinement, les travailleurs y sont tenus que si leur patron a décidé de fermer boutique. Il suffit en effet que le patron décide de continuer son activité pour que le travailleur soit obligé d’y aller. C’est donc un confinement conditionné. D’ailleurs, il y a eu en France une polémique où la ministre du travail a traité de « défaitistes » les patrons de BTP qui avaient fermé leur chantier.

En voulant ouvrir les écoles, Macron fait d’une pierre deux coups. D’une part, il libère les parents pour qu’ils aillent au travail et d’autre part, il limite le paiement des indemnités journalières pour rester garder son ou ses enfants.

Nous sommes en présence d’un président à sang froid qui garde sa ligne de mire d’une économie libérale et privée florissante.

 

La question de l’aide aux plus démunis en est une autre illustration. Il a été décidé une aide de 100 à 150 euros aux personnes percevant ou les minimas sociaux (RSI) ou l’aide au logement. Fièrement, le gouvernement a dit que cela concerne 4 millions de personnes. On ignore le chiffre de déclinaison ici mais on rappelle que selon les normes de l’OCDE, 32% de la population est au-dessous du seuil de pauvreté.

Si la somme de 100 ou 150 euros n’est pas négligeable, ce n’est pas avec cela que ces personnes vont tenir deux mois.

La question se pose d’autant plus pour la Martinique où la part de l’économie informelle est plus importante qu’en France et concerne, selon l’INSEE, 8 à 12000 personnes (sans compter leurs familles).

Ce qu’il faut comprendre, c’est que mis à part les fonctionnaires et les salariés, les artisans, les petits commerçants, beaucoup de professions libérales, les « autoentrepreneurs », les « jobeurs » ne vivent que de ce qu’ils gagnent au jour le jour et ont rarement une trésorerie à plus d’un mois. Autrement dit, si en mars, elles ont pu faire face pour leur famille, en avril, elles seront au bout du rouleau.

Or les aides n’en tiennent pas compte de cette réalité.

Et le pire est que pendant cette période de confinement, l’entraide et la solidarité familiale est difficile.

Résultat des courses : toutes les associations caritatives annoncent avoir multiplié par 3 ou 4 les plateaux repas distribués.

Il est clair que l’état protège peu les plus démunis et que c’est l’aide privée qui tente de boucher quelques trous.

 

Et les lendemains ne vont pas chanter.

La question du chômage partiel présentée comme une solution va aussi induire quelques difficultés en défaveur des salariés.

D’une part, il s’agit de savoir si le patron va avancer le salaire (là encore, cela dépendra de la capacité de l’entreprise) ou que le travailleur attende d’être payé par Pôle Emploi. D’autre part, l’indemnité du chômage ne vaut pas le salaire et il s’agit de savoir, là encore, si le patron va payer la différence.

 

Je salue ici les médecins, scientifiques et syndicats de la santé d’avoir créé un collectif Covid 19 pour la mise en place de « stratégies martiniquaises » afin de lutter contre l’épidémie. Cela tient de l’évidence scientifique. Prenez les chiffres en Martinique du nombre d’infectés et des décès. Même avec un coefficient multiplicateur de 200 (60 millions/300.000), en Martinique, nous sommes à des chiffres inférieurs de moitié à deux tiers. Dans de telles conditions, un traitement différencié être différent est une question qui mérite d’être posée. Mais nous avons face à nous des personnalités ou sourdes ou qui se contrefichent d’une éventuelle spécificité martiniquaise. Interrogée par Cécile Marre sur cette évidence, le préfet Cazelles a considéré que rien ne permettait de ne pas suivre ce qui se passait à 7000 km. Même le rapport scientifique sur l’« Outre-Mer » n’est pas aussi fermé. D’ailleurs en Kanaky, le Haut-Commissaire, ancien préfet en Martinique, a bien dû déconfiner plus vite. Il est vrai que le rapport de force n’est pas le même.

Nous nageons en plein mépris d’une administration exogène qui en tout état de cause n’a pas les moyens d’un combat efficace contre la pandémie.

 

La question de la distribution de l’eau est scandaleuse pour au moins trois raisons. C’est un domaine où les « élus dits locaux » ont une compétence complète. Il est incompréhensible qu’une des causes du problème date de 2009 et qu’en dix ans elle n’ait pas trouvé de solution ! Enfin, il faut que le préfet convoque tout le monde le 16 février pour que soit mis au point un calendrier de travaux. Désolant !

 

Pour terminer, il faudra bien s’interroger sur certains chiffres. La pandémie est mondiale mais bien mal partagée. Curieusement (mais tant mieux !) les pays pauvres semblent moins touchés. Au 18 avril, pour près de 155000 décès, la répartition était la suivante : Afrique : 1016 (0,6%). Amérique et Caraïbe : 4767 (3,1%). Asie : 6837 (4,14%). Europe : 97985 (63%). Moyen-Orient : 5452 (3,53%). Océanie : 86 (0,05%). USA et Canada : 38127 (24,72%).

Si on écarte la main de Dieu ou l’hypothèse d’un coronavirus chinois anti-impérialiste, il reste à comprendre pourquoi l’Occident concentre 80% des personnes infectées et décédées !

 

 

Raphaël CONSTANT

Toujours confiné et bientôt confit !

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