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SI LE PREFET, LE DIRECTEUR DE L'ARS, LE PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE, LE RECTEUR ETC...ETAIENT MARTINIQUAIS, CELA CHANGERAIT QUOI ?

SI LE PREFET, LE DIRECTEUR DE L'ARS, LE PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE, LE RECTEUR ETC...ETAIENT MARTINIQUAIS, CELA CHANGERAIT QUOI ?

   Sur les réseaux sociaux, notamment Whatsap et Facebook, est apparu ces jours derniers une campagne nauséabonde dénonçant les hauts fonctionnaires en poste en Martinique.

   Motif : ils sont tous...Blancs. De brillants cerveaux (qui se croient plus savants que des Prix Nobel pour reprendre l'expression acerbe d'Umberto Eco) ont pris plaisir à mettre les photos, les noms et les fonctions de ces hauts fonctionnaires sur lesdits réseaux en dénonçant le fait qu'aucun d'eux ne soit Martiniquais ou Noir. Le nationalisme de pacotille de bon nombre de Martiniquais (dont le meilleur exemple est la fameuse sentence selon laquelle "Les meilleurs spécialistes de la Martinique sont les Martiniquais") s'en est alors donné à coeur joie. 

   Grands surfeurs sur la vague de l'opinion publique devant l'Eternel, nos politiques et surtout parlementaires, ont repris la balle au bond, la sénatrice C. Conconne écrivant même un courrier (alambiqué et cauteleux) à ce sujet au Premier ministre en personne. C'est à croire que nos chers (ères) autonomistes ne connaissent pas les règles de fonctionnement de la République Une et Indivisible à savoir qu'un fonctionnaire normand ne peut exiger d'être affecté en Normandie ni un Bourguignon en Bourgogne. Tout ce qu'ils peuvent faire c'est demander une mutation dans leur région d'origine à mi-carrière, cela sans avoir la certitude de l'obtenir. La France n'est pas un état fédéral comme l'Allemagne où les "lander" disposent d'une assez large autonomie et gèrent eux-mêmes leurs fonctionnaires. Aimé CESAIRE aimait d'ailleurs, dans ses discours citer l'exemple teuton, oubliant au passage que le pays des Germains n'est pas celui des Gaulois. 

    Mais, supposons un instant que, pour une raison ou une autre, le Premier ministre accède à la demande d'antillanisation de la haute fonction en Martinique. En clair, que le Procureur de la République, le directeur de l'ARS, le Recteur et autres soient désormais des autochtones, des "natif-natal", cela changerait QUOI à la situation de la Martinique ? Du reste, par le passé, il nous est déjà arrivé d'avoir des préfets (Raphaël Elisée), sous-préfets ou recteurs (Bertène Juminer) antillais/guyanais. Nos Facebookiens et Whatsapeurs mais aussi nos politiciens (ce qui est beaucoup plus grave) oublient qu'un haut fonctionnaire a pour mission d'appliquer ou en tout cas de veiller à l'application des directives de l'Etat. Et seulement de l'Etat ! 

   Un préfet martiniquais ne pourrait pas, par exemple, contraindre GBH ou Parfait à baisser les prix dans leurs supermarchés ni ne pourrait exiger des planteurs la mise en culture des innombrables terres en jachères qui parsèment notre île. Un recteur martiniquais ne pourrait décider de rendre l'enseignement du créole obligatoire dès l'école primaire. Un directeur de MARTINIQUE 1è ne pourrait imposer que la majorité des films diffusés sur son antenne soient dorénavant caribéens, noirs américains ou africains. Etc...etc...  

   Mais le plus affligeant dans cette campagne nauséabonde, ce n'est pas qu'elle soit appuyée par nos autonomistes dont on connait l'inconséquence et l'art du welto, mais le fait qu'elle ait émanée de cette nouvelle mouvance que l'on qualifie d'"activiste". En fait, cela permet de comprendre quelque chose que les analystes n'ont pas encore perçu : beaucoup de ces personnes agissent comme si nous, Martiniquais, étions une minorité nationale de la France, des sortes de "Noirs américains des Français". Or, autant les Noirs américains ont parfaitement le droit d'exiger des postes dans le pays qu'ils partagent avec leurs compatriotes blancs d'autant qu'ils ont très largement contribué à le construire, autant nous, Martiniquais, nous trouvons à 7.000kms de la France. Nous ne sommes pas une minorité nationale. Nous sommes un peuple une nation avec sa langue, sa musique, sa cuisine, sa pharmacopée etc., bref avec sa propre identité culturelle et par conséquent une Nation qui a vocation, un jour où l'autre, à disposer d'un Etat. 

   On comprend alors mieux pourquoi les mots d'ordre ou les revendications d'"indépendance" ou de "souveraineté nationale" ont complètement disparu ou plus exactement ne figurent jamais dans le discours de cette nouvelle mouvance. "Noir" y a remplacé "indépendantiste" ! Comme si, répétons-le, avoir un préfet et des sous-préfets noirs, un procureur de la République noir, un recteur noir ou un directeur de l'ARS noir changerait QUOI QUE CE SOIT à la situation catastrophique dans laquelle se trouve la Martinique...

   (Nous sommes trop petits pour devenir indépendants, pensent de bonne foi nombre de Martiniquais. La carte qui illustre cet article démontre que ce n'est pas si vrai que cela.)

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