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SENAT FRANÇAIS : 4 MINISTRES AUDITIONNÉS SUR LE CHLORDÉCONE

Par Raphaël Confiant
SENAT FRANÇAIS : 4 MINISTRES AUDITIONNÉS SUR LE CHLORDÉCONE

30 ans d’omertà (silence complice) ont donc été brisés mardi 09 octobre dernier au Sénat lorsque quatre ministres français ont été auditionnés par la commission des affaires économiques ainsi que par trois sénateurs antillais. Ces ministres sont Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, Nathalie Kosciuzko-Morizet, ministre de la pêche et Christian Estrosi, ministre des DOM-TOM. Du côté des sénateurs antillais, on trouvait : Claude Lise (Martinique), Claude Larcher (Martinique) et Daniel Marsin (Guadeloupe), tous de Gauche, on y reviendra.

Ce qu’il faut retenir des déclarations des ministres peut être résumé de la sorte :

- R. Bachelot : elle demande {{ l’abaissement des seuils de tolérance}} quant à la présence du chlordécone dans les productions antillaises.

{Commentaire : alors même que la ministre reconnaît le côté nocif du pesticide, côté nocif mis en exergue par des études scientifiques étasuniennes depuis…1979, loin de demander l’interdiction de tout produit contenant ce poison, elle et ses services nous proposent en fait de continuer à consommer ceux qui sont les moins pollués. Et même de ne pas manger « de légumes-racines » plus de deux fois par semaine !!!}

- M. Barnier : il reconnaît qu’il y a {{12.000 hectares pollués en Martinique et 6.500 en Guadeloupe}}, qu’il faut établir une {{cartographie}} de ces terres et envisager une {{reconversion}} pour les exploitants agricoles touchés.

{Commentaire : il contredit les Békés et les groupements de gros planteurs qui, depuis des mois, battent la grosse caisse pour dire à la population que l’empoisonnement de nos terres au chlordécone est une exagération d’écologistes fous, de fossoyeurs de l’économie antillaise et de cancérologues en mal de notoriété. Mais il minimise aussi les évaluations effectuées par les services déconcentrés de l’Etat en Martinique qui ont toujours évalué la quantité de terres polluées à…22.500 hectares. En clair, quel que soit le chiffre retenu, entre 40 et 60% des terres martiniquaises seraient contaminées ! Quant à la nécessité d’une cartographie des terres et de la reconversion des agriculteurs concernés, cela fait près de 30 ans que Pierre Davidas, l’ASSAUPAMAR, et plus récemment, Ecologie Urbaine, PUMA et l’ANC (Association Non au Chlordécone), le réclament à cors et à cris. Pendant tout ce temps, ils furent traités de farceurs et par les services déconcentrés de l’Etat et par une majorité de politiciens antillais…}

- N. Kosciuzko-Morizet : elle déclare que {{63% des eaux de surface contiennent du chlordécone}} tout en assurant que les eaux souterraines n’en contenaient pas. Elle ajoute qu’excaver les terres polluées reviendrait à ôter {{100 millions de tonnes de terre}}, ce qui, conclut-elle, est impossible.

{ Commentaire : si le premier chiffre est un aveu terrifiant, la seconde information nous paraît pour le moins sujette à caution car la Martinique et la Guadeloupe seraient-ils les seuls et unique pays au monde où il existerait un paroi étanche entre eaux de surface et eaux souterraines ? Tout le monde sait que les eaux de surface ou plus exactement de ruissellement finissent toujours par descendre dans le sol jusqu’à atteindre la nappe phréatique. Bien sûr, cela ne se fait pas du jour au lendemain, mais dans notre cas précis, l’usage du chlordécone dure depuis 30 ans. A qui fera-t-on croire qu’en 30 ans, les eaux de surface n’ont pas eu le temps de rejoindre les eaux souterraines ?}

- C. Estrosi : il demande à la DCCRF de {{quadrupler le nombre de contrôles des terres et des eaux}} et sur le volant pénal, il affirme avoir contacté le ministre de la justice, Rachida Dati.

{ Commentaire : si personne ne contestera le fait qu’il faille multiplier les contrôles, on voit bien qui va en tout premier lieu en subir les conséquences à savoir les petits et moyens agriculteurs, les marchandes de légumes et les aquaculteurs. Le gros Béké qui, à côté de sa plantation, possède un magasin de bricolage, un supermarché ou une concession automobile, ne sera pas touché. De toutes façons, il ne produit pas de légumes, mais de la banane pour l’exportation et l’on sait que la peau épaisse qui entoure ce fruit le protège de toute contamination. Donc c’est le Béké qui a massivement pollué, mais c’est le petit et moyen agriculteur de couleur qui va payer les pots cassés ! Et le ministre des DOM-TOM n’évoque à aucun moment l’indemnisation de ces agriculteurs. Quant au volant judiciaire, il semble se faire des plus discrets. Nous sommes prêts à parier que d’ici un an, plus pedrsonne n’en parlera.}

{{Le spectacle donné par nos trois sénateurs était quelque peu surréaliste. Ils interrogeaient, en effet, en position quasiment de procureurs alors même qu’en tant que maires ou conseiller généraux, ils ont eu pendant des décennies la responsabilité d’assurer la protection sanitaire de leurs administrés. Ce sont, par exemple, les maires qui sont responsables de la potabilité de l’eau qui arrive dans notre robinet. Qu’ont-ils fait pendant 30 ans pour vérifier que cette eau était vierge de pesticides ? Rien ! Donc, c’est bien beau aujourd’hui de venir jouer le jeu de l’indignation et d’exiger des réponses des ministres, mais nos élus devraient aussi se regarder en face et prendre la mesure de leur incurie quant au drame écologique et sanitaire qui affecte nos deux îles. Sans compter que Tonton Mitterand fut au pouvoir pendant 14 ans et que ces trois sénateurs, tous de Gauche, avaient tout à fait la possibilité d’alerter le gouvernement socialiste sur la question. Or, pendant 14 ans, ils se sont tus…}}

{{ Le peuple jugera, comme on dit…}}

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