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SANTE - CARAIBES : CANCER DE LA PROSTATE ET CHLORDECONE : LE LIEN EST ETABLI

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 SANTE - CARAIBES : CANCER DE LA PROSTATE ET CHLORDECONE : LE LIEN EST ETABLI

Une  étape cruciale a été franchie dans le scandale sanitaire et écologique qui frappe les Caraïbes. Jusqu’en 1993, le Chlordécone, pesticide pourtant interdit aux Etats-Unis dès 1976 a été déversé par tonne aux Antilles Françaises.  Mais il était difficile d’établir un lien entre ce pesticide et le taux anormalement élevé de cancer de la prostate aux Antilles. L’Etude » Karuprostate » a confirmé ce lien scientifiquement.

La responsabilité de l’Etat et des agriculteurs de la banane

Le constat est édifiant. Le chlordécone interdit aux Etats- Unis dès 1976 a été autorisé en France en… 1981 !  « […] sous la pression des entreprises liées au secteur de la banane alors même que l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) en montrait déjà la toxicité.[ …] L’insecticide a contaminé les sols et les eaux. Si la culture de la banane et de la canne reste possible sur des sols pollués, celle des légumes et tubercules présente des risques pour la santé262. Le ruissellement des eaux contamine rivières et plans d’eau, si bien que la moitié des exploitations aquacoles des Antilles ont dû être fermées et que la pêche est interdite près des embouchures. » !

 

Le taux très élevé de cancer de la prostate dans les Antilles Françaises avait orienté les soupçons vers les pesticides et en particulier le Chlordécone, un insecticide qui empoisonne désormais et pour des siècles la terre caribéenne. L’Etude « Karuprostate » menée depuis 2004 par l’unité 625 de l’Inserm, le CHU de Pointe-à-Pitre et de l’université de Liège (Belgique) a apporté ses conclusions : « L’analyse des résultats par les chercheurs montre que l’exposition au Chlordécone est associée à un risque augmenté de développer la maladie (cancer de la prostate – ndlr). Cette augmentation de risque est statistiquement significative lorsque les concentrations sanguines en Chlordécone sont supérieures à 1 μg/L. Ces résultats sont confortés par le fait que les hommes présentant des variations génétiques qui diminuent leur capacité d’élimination de la molécule, ont un risque accru de développer la maladie ».

 

Des travaux publiés dans le célèbre « Journal of Clinical Oncology » (juin 2010).

Petit rappel : le Chlordécone ou Képone ou Curlone est un insecticide organochloré développé par la société Dupont de Nemours et fabriqué aux Etats- Unis (état de Virginie) et utilisé dans les plantations de bananes pour lutter contre le charançon. C’est un polluant persistant qui peut se concentrer dans les organismes vivants. D’après l’Inserm : « Sa présence persistante dans les sols, les eaux de rivières et les sédiments est à l’origine de la contamination de certaines denrées alimentaires. La contamination des populations antillaises par ce pesticide a été montrée par des travaux antérieurs.

 

Le Chlordécone est considéré comme perturbateur endocrinien (PE) et classé cancérogène possible pour l’homme par l’OMS » c’est cette « possibilité » qui a été démontrée avec l’étude Karuprostate.

 

Le Pr Belpomme, cancérologue de renom international et Président de l’ARTAC, suite à un de ses déplacements aux Antilles en 2007 avait rédigé un rapport alarmiste sur la situation sanitaire des Antilles Françaises. Il fut à l’époque très critiqué notamment par des scientifiques de l’institut de veille sanitaire, l’Afssa ou l’Inserm pour avoir souligné l’impact de cette pollution sur la santé des populations, en particulier pour avoir  soupçonné le Chlordécone d’être lié au cancer de la prostate, cancer fortement développé aux Antilles. Mais il n’en apportait pas la preuve. Or ce sont les mêmes qui aujourd’hui reconnaissent et lui rendent hommage en faisant la démonstration de ce qu’il avait pressenti et que la population soupçonnait aussi.

 

Quelle réponse des autorités?

Elles semblent conscientes du problème mais bien embarrassées et peine à apporter des réponses concrètes. Face à ce désastre sanitaire et écologique, le gouvernement a mis en place un premier plan « Chlordécone 1» (2008 à 2010) doté de 33 millions d’euros dont la coordination a été déléguée au directeur général de la santé. Ce plan visait principalement à l’amélioration de la connaissance, à la diminution de l’exposition de la population (on se demande bien comment ? ndlr) et à l’accompagnement des agriculteurs impactés ! (en fait une aide aux responsables de cette pollution – chacun appréciera le bien fondé de cette disposition – ndlr). Comme si ce plan ne suffisait pas, un second a été mis en place : « Chlordécone 2 » (2011-2013) piloté par un comité interministériel et coordonné par le directeur général de la santé. Devant cet étalement de « plans » et d’argent les populations exposées seront certainement rassurées !

 

Si l’on commence à percevoir l’étendue de ce scandale sanitaire il n’est pas encore tout à fait mesurable. Là encore, comme dans l’affaire du Médiator, il serait juste de trouver les coupables et d’appliquer des sanctions. Car les populations qui devront vivre avec ce poison pendant des générations ne pourront éternellement se contenter de chiffres où d’excuses.

 

Source : CS.com – Ph TRUCA

 

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