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Journal Rot-Kozé n° 91 mai/juin 1998 (version augmentée)

"ROCHAMBEAU, TES JOURS SONT COMPTES !"

Pièr Karpantyé
"ROCHAMBEAU, TES JOURS SONT COMPTES !"

Ami lecteur, le nouvel aéroport international dans sa phase d'achèvement occasionne une opportunité de réparation de notre conscience historique que nous devons saisir et qui nous commande de faire le point sans délais sur le nom qu'il porte encore aujourd'hui.

"ROCHAMBEAU, TES JOURS SONT COMPTES !" Journal Rot-Kozé n° 91 mai/juin 1998 version Augmentée d'Edouard Gissant

30 septembre 2012 | Par Pierre Carpentier - Mediapart.fr

Ami lecteur, le nouvel aéroport international dans sa phase d'achèvement occasionne une opportunité de réparation de notre conscience historique que nous devons saisir et qui nous commande de faire le point sans délais sur le nom qu'il porte encore aujourd'hui.

À l'origine, les aérodromes de Matoury et du Gallion furent construits par les Américains au cours de la deuxième guerre mondiale par gratitude envers la France alliée à la guerre d'indépendance des États-Unis (1).

En effet, dépêché par Louis XVI, le corps expéditionnaire français sous le commandement de Rochambeau (Jean-Baptiste Vimeur, Comte de...) et les troupes de volontaires du Marquis de Lafayette, permirent aux colons d'Amérique du nord de se défaire à tout jamais de la tutelle de leur ancienne Métropole européenne.

Rochambeau, tout auréolé de ses hauts faits d'armes, incarne aujourd'hui encore pour les Américains et les Français, une certaine idée du courage et de la solidarité avec l'action légitime que fût la lutte de ses "cousins" Nord-américains pour leur émancipation politique.

En somme un beau tableau d'honneur décerné, de la part d'une jeune puissance coloniale en pleine expansion mondiale, à son aînée la France ; puissance tout-aussi mondiale héritée de l'empire esclavagiste et colonial.

Cette congratulation reconnaissante entre États oppresseurs ne concerne en rien le passé historique de l'actuelle société guyanaise non encore décolonisée. (A yé pa yé wè !)

Il en est autrement du Rochambeau (Donatien marie-Joseph) très probablement le fils de leur "héros", qui a laissé dans la mémoire de l'histoire des peules coloniaux Noirs d'Amérique, une somme d'abominations dont la cruauté n'a d'égal que sa barbarie raciste (2).

En effet, il est avéré et établi qu'en 1802, un an avant la capitulation du corps expéditionnaire français pour le rétablissement de l'esclavage à St Domingue (Haïti), Rochambeau, voyant se préciser la défaite à mesure que les jours défilaient, se livra a une à une guerre d'extermination des esclaves révoltés. Les Nègres faits prisonniers étaient systématiquement fusillés, pendus, torturés ; Rochambeau se distingua encore en important "des chiens de Cuba pour donner la chasse aux insurgés" (3) ; dans le vain but de rétablir l'ordre de la société esclavago-raciste, mais rien n'y fît ; les 43.000 hommes dépêchés successivement par Bonaparte pour mater la Révolution Nègre contrôlée par Toussaint Louverture, furent décimés et les rescapés gagnaient le large sans demander leur reste, fin novembre 1804. Rochambeau : "Fusillez, noyez. La terreur les tiendra tranquilles". Dessalines : "Rochambeau est fatigué de tuer. Il mange les cheveaux de ses dragons. Il mange les chiens qui nous dévoraient. Il mange les rats qui se nourrissent de cadavres sur le sable"(4).

Au vu des atrocités perpétrées par ce forcené à l'encontre des esclaves insoumis, nous ne pouvons plus tolérer, à l'heure de la commémoration de la Révolution anti-esclavagiste, que ce nom, évoquant par trop la sanguinaire répression coloniale , puisse encore symboliser le point d’accueil des voyageurs dans notre pays.

Il n'y pas d'ambigüité pour nous ; l'appellation originelle de Rochambeau est affaire de puissances coloniales. Nous, peuple conscient de la condition qui nous est faite par le système contre lequel nous résistons,

Nous, peule décidé à reprendre en main la gestion de notre mémoire collective, sommes désormais tenus, par le devoir impératif de rebaptiser l'aéroport international dont l'appellation actuelle figure pour chacun comme une tâche de sang impur sur la carte de la Guyane.

Il est encore temps de redresser le tort qui n'a que trop duré, de Réparer l'outrage à la mémoire de notre Histoire faite de lutte de libération toujours en cours.

I grantan pou nou dégaré sa vagabon-a tandé !

Melko mai 98.

(1) - cf : (p45) ; "Histoire de la Guyane contemporaine 1940-1982, Les mutations économiques, sociales et politiques". Serge Mam-Lam Fouck, Éditions Caraïbéennes.

(2) - cf : (p337) ; "Toussaint-Louverture, La révolution française et le problème colonial". Aimé Césaire. Éditions Présence Africaine 1981.

(3) - cf : (p181) ; "La Caraïbe et la Guyane au temps de la Révolution et de l'Empire". Jacques-Adéla¨de Merlande. Éditions Karthala 1992.

(4) - cf : (p 140 et 142) ; "Monsieur Toussaint" version scénique. Édouard Glissant. Éditions Gallimard 1998.

Post-scriptum: 
Voici remastérisé 13 ans plus tard cet article que j'avais écris sous pseudonyme. Le voici augmenté d'un petit paragraphe qui nous vient d'Édouard Glissant in "Monsieur Toussaint". Il ne manquait plus que lui pour que le sujet soit réellement achevé (Pièr Karpantyé).

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