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Relire ou découvrir Raphaël Tardon

Relire ou découvrir Raphaël Tardon

   Comme nombre d'auteurs martiniquais et antillais, Raphaël TARDON n'est malheureusement connu que pour un seul livre, "LA CALDEIRA", publié aux éditions Fasquelle, à Paris, en 1948. Et quel livre ! Quelle fresque extraordinaire du Saint-Pierre d'avant et pendant l'éruption de la montagne Pelée un certain 8 mai 1902. TARDON, au travers de personnages hauts en couleur et à la psychologie finement ciselée, recrée la vie de notre "Venise tropicale", celle où Blancs créoles, Mulâtres et Nègres s'affrontaient dans des joutes politiques mémorables sur fond de volcan crachant des fumerolles. Joutes ponctuées de "cartels", ces petits cartons sur lesquels celui qui s'estimait diffamé vous adressait pour vous convoquer en duel (à l'épée !), cela au non moins magnifique Jardin des Plantes, à l'ombre de fromagers tutélaires. Miracle de la littérature que ce CALDEIRA qu'à l'instar du RUE CASES-NEGRES de Joseph ZOBEL, on devrait faire tous les élèves martiniquais étudier.

   R. TARDON appartenait à un groupe social aujourd'hui disparu, appelé "les Grands Mulâtres", personnes au phénotype quasiment blanc quoique rejeté quand même par le groupe béké, qui a, un temps, joué un rôle important dans l'histoire de la Martinique. Les Grands Mulâtres ont fini par s'estomper par fusion avec les Mulâtres ordinaires ou, plus rarement, par union avec les "Békés-goyave" (Blancs créoles désargentés). Il est important de rappeler cela pour comprendre l'omniprésence de la question raciale ou "de couleur" non seulement au sein de la CALDEIRA, mais aussi de toute l'oeuvre de TARDON. Aujourd'hui, cela peut nous paraître exagéré, mais il ne faut pas tomber dans l'anachronisme : jusqu'aux années 60 du siècle passé__et certaines œuvres majeures de Frantz FANON en témoignent__, ces questions taraudaient notre société martiniquaise.
   Né en 1911 et donc de la même génération qu'Aimé CESAIRE (né en 1913), R. TARDON était un schoelchériste et il a d'ailleurs publié un ouvrage intitulé "LE COMBAT DE SCHOELCHER". Il n'était pas un adepte de la Négritude ni de l'autonomie, mais curieusement, il a fait toute une partie de sa carrière dans la fonction publique d'Outremer dans ce qui était, dans les années 50-60, l'Afrique occidentale française. Il y a même porté la valise diplomatique du général DE GAULLE à une époque ! Il est, d'ailleurs, le frère de la résistante Manon TARDON, décorée par le général DE GAULLE en personne, qui longtemps habita la demeure familiale, construite en 1651 (oui, 1651 !) à l'Anse Couleuvre, dans la commune du Prêcheur. Son dernier poste, qu'il n'a pu occuper en 1967, tombant malade et décédant cette année-là, n'était autre que celui de conseiller technique auprès du premier président de la République du Gabon, Léon M'BA.
   Outre le fait qu'il fut un romancier talentueux ("STARKENFIRST", publie en 1947 et CHRIST AU POING EN 1961 en sont d'autres preuves), Raphaël TARDON fut aussi un grand auteur de nouvelles : lisez son "BLEUS DES ILES" et vous ne manquerez pas d'être conquis par la finesse de ses notations, l'humour sous-jacent de chacune de ses phrases et la tendresse qu'il a éprouvé pour son pays, la MARTINIQUE, où, pourtant, il ne vécut que la moitié de son existence...

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