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RÉALISER L'INTÉGRATION DU KRÉOL MORISIEN DANS L'ÉCOLE (I)

Par Jimmy Harmon
RÉALISER L'INTÉGRATION DU KRÉOL MORISIEN DANS L'ÉCOLE (I)

En 2004, le Bureau de l'éducation catholique introduit le kreol morisien dans la filière préprofessionnelle. Cette initiative répondait à des impératifs pédagogiques : l'utilisation du kreol morisien pour l'acquisition de la littéracie de base ; un transfert des compétences cognitives ; la mise en place des conditions propices à l'apprentissage de l'anglais et du français.

Depuis, une intégration du kreol morisien dans notre système éducatif relève du domaine du possible. Une fois le processus enclenché, nous pourrions aller vers une école mauricienne inclusive, plus juste et équitable.

L'initiative de 2004 visait principalement à développer la littéracie auprès des jeunes en situation d'échec scolaire et qui ont de grandes difficultés en lecture, écriture et calcul.

Au-delà de 'ce projet éducatif-samu', le choix du kreol morisien a définitivement entraîné un changement de paradigme.
D'abord, il permet de se prémunir contre tout projet qui ambitionnerait le rattrapage ou la remédiation scolaire sans tenir compte de l'environnement linguistique et culturel de l'apprenant.

Et, en amont, cela nous amène à réfléchir sur l'apprentissage au primaire - c-à-d la nécessité de la valorisation du capital linguistique, social et culturel de l'enfant qui découvre le monde scolaire. C'est cette dimension écologique qui permet d'établir le lien entre l'école et l'enfant. Ce n'est qu'ainsi qu'on peut réellement combler le fossé entre l'école et la maison. Fort de ce lien, l'enfant peut prendre goût à l'acquisition de nouvelles connaissances pour aller plus loin dans son parcours.

Débuter avec le kreol morisien pour ces jeunes en situation d'échec scolaire dans la filière prevoc avait l'air tout à fait insensé. Mais cela a permis aux plus sceptiques de faire leur chemin… Voilà que le kreol morisien - qui est censé avoir toutes sortes de déficits linguistiques (absence de règles grammaticales !), qui est considéré comme abâtardi (patois, dialecte), de bas étage (trop vulgaire), culturellement avilissant (attention d'enfermer l'enfant dans un ghetto) - est enseigné dans le secteur éducatif formel comme toute autre matière. Tout y est pour un enseignement des plus classiques : Lecture-Compréhension, Ecriture, Grammaire, Traduction et contrôle en fin de parcours. Mieux, cet enseignement donne de nettes indications du fait que le kreol morisien peut servir de langue d'appui pour le Grammar-Translation dans l'apprentissage élémentaire de l'anglais.

Par ailleurs, la proximité du français et du kreol au niveau lexical est loin d'être un apport négligeable. Cette proximité peut poser problème, mais elle se prête à une riche exploitation des deux langues en situation de classe.

{{Intelligibilité}}

Cette année dans le cadre la célébration de la Journée de la Francophonie (20 mars), les établissements qui ont participé aux activités autour des 'Mots Migrateurs' - thème de la francophonie 2007 - ont eu l'occasion d'apprécier la richesse des emprunts linguistiques dans l'appropriation du français. Les profs les plus hardis et mieux équipés ont pu faire une étude comparative du français et du kreol morisien rendant la classe de français beaucoup plus intéressante et intelligible.

Aujourd'hui et pour demain, l'enjeu est immense. Introduire le kreol morisien dans l'éducation est une intuition nationale. Ni l'indifférence, ni le cynisme et encore moins la déclaration laconique à l'effet que English is the official medium, et autres faux-fuyants ne pourront, à la longue, faire obstacle au kreol morisien.

Partant d'une démarche nationale, il serait plus judicieux pour l'Etat mauricien de se pencher sur les modalités de son intégration dans l'école tout en restant respectueux de l'existence des autres langues dans le milieu éducatif mauricien.

Dans une publication scientifique qui porte sur les travaux de recherche d'une vingtaine de chercheurs des îles de l'océan Indien, des Antilles et de la Guyane, mais aussi d'Europe et d'Amérique (Du pluriliguisme à l'école, Lambert-Félix Prudent, F. Tupin & S. Wharton, 2005) dont le sous-titre est Vers une gestion coordonnée des langues en contextes éducatifs sensibles, on peut lire ceci :

{' Instaurée par une conception homogène de la nation, l'école est trop souvent adepte de la langue unique et magistrale et le plurilinguisme y trouve rarement une place légitime […] plusieurs langues se côtoient et s'entrechoquent, jusque dans la salle de classe. […]

Poser que la diversité linguistique dans la salle de classe ne doit plus être un facteur d'échec est urgent. Enseigner en admettant la grammaire et les mots de l'autre est une nécessité. '}

{{Jimmy Harmon}}
_ (à suivre)

de Lamare

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